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Droits de l'Homme

Hausse du nombre de projets terroristes iraniens contre des dissidents vivant à l’étranger

Behrouz Laregani

L’ancien commandant de la Force al-Qods du CGRI Qassem Soleimani montre le logo du CGRI. [Photo via Qudsonline.ir]

L’ancien commandant de la Force al-Qods du CGRI Qassem Soleimani montre le logo du CGRI. [Photo via Qudsonline.ir]

Les agissements de la République islamiste visant des dissidents iraniens et des membres de l’opposition vivant à l’étranger sont troublants, expliquent les observateurs.

Le 22 mai, le département d’État américain a annoncé que le régime iranien avait assassiné quelques 360 personnes en-dehors d’Iran depuis la révolution islamique de 1979.

Selon lui, ces attentats terroristes ont été menés dans quarante pays, « principalement par le biais du bras du CGRI à l’étranger (la Force al-Qods), le ministère des Renseignements de la République islamique ou des groupes intermédiaires comme le Hezbollah libanais ».

Presque toutes les victimes du régime iranien étaient des dissidents ou des membres de l’opposition à la République islamique.

Esmail Qaani, l’actuel commandant de la Force al-Qods du CGRI. Le CGRI a organisé son activité terroriste en-dehors d’Iran contre des cibles occidentales et l’opposition iranienne. [Photo via Tasnim News]

Esmail Qaani, l’actuel commandant de la Force al-Qods du CGRI. Le CGRI a organisé son activité terroriste en-dehors d’Iran contre des cibles occidentales et l’opposition iranienne. [Photo via Tasnim News]

En 1992, trois leaders de l’opposition kurde iranienne et leur interprète avaient été tués au restaurant Mykonos à Berlin, en Allemagne. Cet attentat terroriste est considéré comme un tournant dans les assassinats à l’étranger de la République islamique.

Cinq ans plus tard, un tribunal de Berlin avait conclu que les plus hautes sphères de la « direction politique » de l’Iran avaient commandité ces assassinats de septembre 1992.

Trois ressortissants libanais et un Iranien avaient été reconnus coupables.

Au lendemain du verdict, plusieurs pays européens avaient rappelé leurs ambassadeurs et coupé leurs relations politiques avec l’Iran.

La Nouvelle-Zélande, l’Australie et le Canada avaient également rappelé leurs ambassadeurs à Téhéran.

Reprise des complots terroristes

Après que les pays européens eurent coupé leurs relations avec l’Iran, le régime iranien mit un terme aux assassinats en-dehors d’Iran pendant près de vingt ans. Mais ces opérations ont repris ces dernières années, et avec eux les tentatives pour arrêter les auteurs des crimes parrainés par l’Iran à l’étranger, ou ceux agissant comme des espions ou des agents de ce régime.

Selon des rapports non confirmés, le bras à l’étranger du Corps des Gardiens de la révolution islamique d’Iran, la Force al-Qods, a ces dernières années lancé une unité opérationnelle secrète connue sous le nom « d’Unité 840 ».

Cette unité est chargée, entre autres choses, de planifier et de monter des activités terroristes hors d’Iran contre des cibles occidentales et l’opposition iranienne.

Dans l’un de ces incidents, Mohammad-Reza Kolahi, un membre de l’organisation Mojahedin-e Khalq (MEK), a été abattu en 2015 par deux hommes armés à Almere, aux Pays-Bas.

En 2012, un Irano-Américain du nom de Mansour Arbabsiar avait reconnu devant un tribunal de New York avoir projeté d’assassiner l’ambassadeur d’Arabie saoudite aux États-Unis à l’époque, Adel al-Jubeir, avec l’accord des autorités iraniennes.

Le même tribunal avait présenté des preuves concernant une série d’attentats à la bombe sur le territoire saoudien.

Les conclusions du tribunal révélèrent qu’Arbabsiar avait prévu de payer 1,5 million de dollars à des hommes de paille pour exécuter ces plans. Arbabsiar avait par la suite été condamné à 25 ans de prison pour ses liens avec le CGRI et les narcotrafiquants mexicains ainsi que pour son rôle dans plusieurs attentats à la bombe et assassinats.

Répression contre les espions et les financiers de l’Iran

Début 2018, les autorités allemandes avaient lancé des recherches dans des maisons et des entreprises appartenant à dix espions iraniens suspectés, qu’elles pensaient avoir espionné des personnes et des institutions « pour le compte d’une entité des renseignements liée à l’Iran », avait indiqué le bureau du procureur fédéral.

Le 18 octobre 2019, Ahmad-Reza Mohammadi-Doostdar et Majid Ghorbani, deux Irano-Américains, reconnurent que l’Iran avait mené des opérations de collecte de renseignements contre des citoyens ayant la double nationalité irano-américaine qui étaient membres du MEK.

Et plus récemment, le 9 août, une enquête du FBI a conduit à accuser deux ressortissants américains et un Pakistanais, dont deux vivent à Qom, en Iran, d’avoir prétendument transporté des devises américaines des États-Unis en Iran pour le compte du Guide suprême iranien en 2018 et 2019.

« Cette affaire est significative à plusieurs niveaux », a expliqué Michael R. Sherwin, ministre de la Justice par intérim pour le District of Columbia.

« Les accusés ont d’innombrables liens opérationnels avec le CGRI, qui a mené ces dernières années de multiples opérations terroristes dans le monde entier. L’élément vital de ces opérations terroristes est l’argent liquide, et les accusés avaient joué un rôle clef pour faciliter cet élément essentiel », a-t-il ajouté.

« Les politiques européennes doivent être plus dures »

Certains observateurs estiment que le régime iranien répond à la critique occidentale sur les atteintes aux droits de l’homme par encore plus de menaces et de projets d’assassinats contre ses propres ressortissants vivant à l’étranger.

Faramarz Irani, un politologue de Kerman, en Iran, a expliqué à Al-Mashareq que les Européens ne sont « pas assez déterminés, pas autant qu’ils devraient l’être pour contrer ces menaces ».

« Regardez à quoi ressemblent les relations des Européens avec nous; ces relations sont très toxiques », a-t-il déclaré.

« En coulisse, les Européens sont préoccupés par l’implication directe de l’Iran dans les projets d’assassinat organisés par le régime iranien et les possibles transferts de drogues en Europe », mais ils n’agissent pas vraiment comme tel, a-t-il poursuivi.

Manouchehr Sanati, un activiste iranien vivant en Europe, a fait part de son inquiétude de voir une escalade des activités terroristes de l’Iran en Europe.

« Une partie des politiques sans cohérence que les gouvernements européens ont mis en œuvre à l’égard de l’Iran est liée à leur inquiétude que les assassinats de la République islamique n’escaladent dans leurs propres pays », a-t-il conclu pour Al-Mashareq.

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