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Les Iraniens paient pour les coûteuses guerres par procuration du régime

Behrouz Laregani

Les dépenses de l'Iran en Syrie pour soutenir le régime de Bachar el-Assad dépassent sa propre monnaie en circulation, indiquent des experts. [Photo via Tejarat News]

Les dépenses de l'Iran en Syrie pour soutenir le régime de Bachar el-Assad dépassent sa propre monnaie en circulation, indiquent des experts. [Photo via Tejarat News]

La force financière du gouvernement iranien dépend des impôts et des revenus du pétrole. Malgré son importance, l'argent du pétrole est principalement dépensé de deux manières : l'expansion des institutions religieuses par les responsables religieux, et la création de groupes activistes à l'étranger par le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI).

Les activités du CGRI visent à s'ingérer dans les affaires de pays comme l'Irak, le Liban, le Yémen et la Syrie. De grandes quantités de l'argent iranien sont consacrées à ces activités, qui n'ont pas profité au peuple iranien.

De plus, ces activités et les dépenses liées n'ont jamais fait l'objet de contrôles.

Prêt à tout et confronté à une grave pénurie de ressources financières, le gouvernement iranien a compensé les déficits budgétaires en imprimant des billets de banque, ouvrant ainsi la voie à une inflation croissante.

La plupart des membres de la Brigade Fatemiyoun sont des Afghans chiites vivant en Iran. Le CGRI dépense l'argent du peuple iranien pour recruter davantage de personnes pour renforcer ses milices étrangères. [Photo de Quds Online]

La plupart des membres de la Brigade Fatemiyoun sont des Afghans chiites vivant en Iran. Le CGRI dépense l'argent du peuple iranien pour recruter davantage de personnes pour renforcer ses milices étrangères. [Photo de Quds Online]

Afflux de billets depuis 2007

En juillet, Tahmasb Mazaheri, gouverneur de la Banque centrale d'Iran (BCI) pendant la présidence de Mahmoud Ahmadinejad, a déclaré que l'ancien président lui avait ordonné d'émettre des billets, au mépris de la réglementation, mais qu'il avait refusé de le faire.

Cependant, des preuves concrètes (le nombre de billets en circulation) indique clairement le contraire. Elles montrent que des billets ont été imprimés à de multiples reprises au cours des dernières années, malgré le démenti du gouvernement.

Ahmad Tavakolabadi, spécialiste de l'économie iranienne, a même déclaré à Al-Mashareq que le volume des billets en circulation avait augmenté en moyenne de 35 % par an depuis 2007.

En 2012, le quotidien économique iranien Donya-ye Eghtesad avait rapporté que le volume de billets et de pièces en circulation était équivalent à 22,1 billions de tomans en 2010.

Selon cette même source, ce chiffre est passé à 27 billions de tomans en 2012 et à 41 billions en 2018.

Entre 2019 et 2020, les données officielles sur les billets ont disparu. Bien qu'il n'existe actuellement aucun décompte précis des billets en circulation dans le pays, le volume est estimé à 75 000 milliards de tomans.

L'ancien directeur de la Melli Bank, Mahmoud-Reza Khavari, qui a pris la direction de la banque en 2009, avant de fuir l'Iran en 2011, a été accusé par des responsables gouvernementaux d'activités financières illégales et de détournement de fonds, en plus d'avoir emporté avec lui une importante somme d'argent au Canada, où il vit depuis.

À la demande de l'Iran, le nom de Khavari a figuré sur la liste des personnes recherchées par Interpol pendant plusieurs années, avant d'être retiré. Selon de nombreux observateurs, ce retrait et l'échec des autorités iraniennes à poursuivre Khavari sont probablement dus aux informations secrètes qu'il possède.

Ces informations porteraient sur le non-respect par le gouvernement des réglementations économiques, notamment peut-être le processus d'émission des billets de banque.

L'ingérence du CGRI dans les affaires économiques

Alors que les liquidités augmentent chez le public, le volume des dépôts bancaires a diminué. Les principales raisons sont le manque de confiance des gens dans les banques et leur préférence pour la conversion de l'argent en pièces, en or et en investissements similaires pour résister à l'inflation croissante.

La plupart des économistes iraniens crédibles, quelle que soit leur affiliation politique, disent que l'une des principales difficultés économiques de l'Iran tient aux « facteurs externes », mais il n'existe pas de consensus entre eux pour définir ces facteurs externes.

Certains pensent que l'Iran ne devrait pas utiliser le dollar et plutôt utiliser d'autres devises, comme l'euro ou le yuan pour son commerce extérieur.

Mais d'autres, comme Mohammad Khoshchehreh, important économiste de la ligne dure, ont déclaré que l'ingérence du CGRI dans les affaires économiques est l'un des principaux problèmes de l'économie iranienne.

En juillet 2011, Ahmadinejad a déclaré que le personnel du CGRI qui importe en contrebande par les quais appartenant au CGRI étaient « nos propres frères contrebandiers ». Le lendemain, le commandant du CGRI de l'époque, Mohammad-Ali Jafari, a confirmé l'existence des ports appartenant au CGRI dans une interview.

Depuis la fin de la guerre entre l'Iran et l'Irak, le CGRI a progressivement pris le contrôle des ressources économiques et commerciales de l'Iran. Il domine les ports iraniens et a remporté certains des contrats gouvernementaux les plus rentables à l'intérieur et à l'extérieur du pays.

L'influence du CGRI sur l'économie du pays s'est étendue des installations pétrolières et gazières dans le champ de South Pars à l'établissement de ports francs dans les îles du golfe Persique, en passant par les télécommunications, avec la création du grand fournisseur Irancell.

Les dépenses iraniennes en Syrie dépassent sa propre monnaie en circulation

Les revenus du CGRI provenant de ces activités économiques, au lieu d'être utilisés pour sortir le pays de ses difficultés financières, ont contribué aux entreprises étrangères du groupe, ont déclaré des experts.

Le CGRI utilise ces fonds pour recruter de nouveaux membres dans ses milices, comme la Brigade Fatemiyoun, qui opère en Syrie. Cette division est principalement composée d'Afghans chiites qui vivent en Iran, et ses dirigeants sont membres de la Force al-Qods du CGRI.

Les membres de Fatemiyoun sont attirés et recrutés grâce à des avantages financiers et sociaux. Le CGRI offrirait également la nationalité iranienne à des Afghans sans papiers pour les recruter. La citoyenneté serait donnée à leurs familles s'ils étaient tués en Syrie, car ils seraient classés dans la catégorie des « martyrs ».

Jessie Shahin, attaché de presse du bureau du représentant spécial des Nations unies pour la Syrie, avait révélé en 2015 que l'Iran dépensait 6 milliards de dollars en Syrie chaque année. Cela représente 90 000 milliards de tomans, soit plus que le volume total de billets et de pièces estimé en circulation en Iran.

Ce montant est distinct des paiements de la Force al-Qods au Hezbollah libanais et au Hamas palestinien, qui sont estimés à deux milliards de dollars par an.

Ces dépenses n'ont absolument pas bénéficié à l'Iran, ont indiqué des experts. L'évaluation réaliste est que l'Iran a été vaincu dans ses guerres par procuration et qu'aucun de ses objectifs n'a été atteint.

L'économiste Moloud Zahedi a déclaré à Al-Mashareq : « Si les 60 milliards de dollars que l'Iran a jetés en Syrie au cours des dix dernières années étaient investis dans le pays, cela aurait pu permettre de créer au moins plusieurs dizaines de milliers d'emplois ».

« Même avec la grave corruption qui a paralysé l'économie iranienne, cela aurait amélioré la production nationale et la prospérité économique », a-t-elle expliqué.

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