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Les policiers à l’origine du meurtre de manifestants irakiens ont été suspendus

Khalid al-Taie

Les armes et les balles utilisées pour attaquer des manifestants près de la Place Tahrir de Bagdad le 26 juillet vues sur cette photo. [Photo fournie par le ministère irakien de l’Intérieur]

Les armes et les balles utilisées pour attaquer des manifestants près de la Place Tahrir de Bagdad le 26 juillet vues sur cette photo. [Photo fournie par le ministère irakien de l’Intérieur]

Les trois policiers impliqués dans la mort de manifestants sur la Place Tahrir de Bagdad en début de semaine ont été suspendus, a annoncé le ministère irakien de l’Intérieur, jeudi 30 juillet.

Des heurts avaient éclaté dimanche soir près de la Place Tayaran entre les forces de sécurité et les manifestants protestant contre les coupures de courant alors que sévit une vague de chaleur, pour la première fois depuis l’entrée en fonction de Moustafa Kadhemi au poste de Premier ministre en mai.

Après la mort de deux manifestants lors de ces violences, Kadhemi avait donné aux services de sécurité 72 heures pour lui communiquer les résultats d’une enquête sur cet incident.

« Selon des témoins oculaires et des données scientifiques, des fusils de chasse ont tué » deux manifestants, a expliqué le ministre de l’Intérieur Othman al-Ghanemi à des journalistes jeudi.

Le Premier ministre irakien Moustafa Kadhemi effectue une visite surprise le 29 juillet à la prison de l’Aéroport al-Mouthanna de Bagdad pour s’assurer qu’aucun manifestant n’y a été détenu. [Photo fournie par les services de presse de la Primature]

Le Premier ministre irakien Moustafa Kadhemi effectue une visite surprise le 29 juillet à la prison de l’Aéroport al-Mouthanna de Bagdad pour s’assurer qu’aucun manifestant n’y a été détenu. [Photo fournie par les services de presse de la Primature]

Il a désigné nommément les trois policiers et présenté les armes et les munitions qu’ils auraient utilisées, a rapporté l’AFP.

Ces fusils de chasse étaient en la possession de ces trois hommes, « qui auraient décidé de leur propre chef d’en faire usage », a-t-il déclaré aux journalistes.

Ils ont reconnu avoir fait usage de ces armes et ont été suspendus, a ajouté al-Ghanemi précisant que des poursuites judiciaires étaient en cours.

Cette enquête avait été ouverte parce que la police fédérale avait « tiré à balle réelle en l’air », a-t-il ajouté, contrevenant aux ordres du Premier ministre, qui dirige les forces armées, de ne pas faire usage de balles réelles.

Al-Ghanemi a exhorté les manifestants à s’assurer que les manifestations restent pacifiques.

Pour sa part, Kadhemi a effectué une visite surprise à la prison centrale de l’aéroport d’al-Mouthanna de Bagdad, mercredi dans la soirée.

Cette visite avait pour but « de s’assurer de l’état des prisonniers et de veiller à ce qu’aucun manifestant ni aucun prisonnier de conscience n’y soit détenu », a expliqué un communiqué du gouvernement.

« Initiative positive »

L’enquête sur la mort de ces manifestants est « le premier cas dont les réponses sont annoncées au public de manière transparente et rapidement », a expliqué à Diyaruna un militant des droits de l’homme qui a demandé à rester anonyme.

Le nouveau gouvernement s’est engagé à n’autoriser aucune violence contre des manifestants et à garantir la liberté d’expression et le droit à manifester pacifiquement, a-t-il ajouté, « ce que garantit la constitution comme un droit fondamental ».

Lorsque les violences ont éclaté en début de semaine, le gouvernement a rapidement pris des mesures contre leurs auteurs, un geste « que l’on n’avait pas vu avec les précédents gouvernements depuis que les manifestations populaires avaient éclaté en octobre dernier », a-t-il poursuivi.

Jeudi, le gouvernement a annoncé que 560 personnes avaient été tuées lors des manifestations depuis octobre, un bilan qui inclut, a-t-il précisé, les morts de ce début de semaine.

« J’espère que les actions du gouvernement ne s’arrêteront pas là », a déclaré ce militant, appelant à enquêter sur toutes les atteintes passées contre des manifestants, que l’on impute aux factions armées qui opèrent en dehors de tout contrôle de l‘État et sont appuyées par l’Iran.

Les militants qui sont à l’origine de la mort de ces manifestants « doivent faire l’objet d’une enquête et chacun d’eux doit être désigné le plus tôt possible », a-t-il ajouté.

Le gouvernement doit également garantir la sûreté et la sécurité des manifestants, car ils représentent une force puissante qui aide les agences du gouvernement qui cherchent à éradiquer la corruption et à faire respecter l’État de droit, a-t-il continué.

Jeudi, le gouvernement irakien a annoncé qu'il allait traiter les cas des 560 personnes tuées lors des manifestations comme des martyrs et indemniser leurs familles en leur versant 10 millions de dinars irakiens (près de 8 400 USD).

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