Les Peshmergas kurdes et les forces de sécurité irakiennes (FSI) ont collaboré lors de la dernière phase de l’opération militaire « Heroes of Iraq » pour éradiquer « l’État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) des provinces de Suleimaniyah et de Diyala.
La quatrième phase de cette opération avait débuté le 11 juillet et a été le résultat d’une série de rencontres bilatérales de sécurité qui avaient débuté en 2019.
Depuis que l’EIIS s’était emparé de vastes territoires en Irak durant l’été 2014, ces forces ont combattu côte à côte dans les combats pour reprendre ces territoires au groupe.
Mais cette collaboration avait connu un déclin dans un contexte de tensions politiques entre le gouvernement fédéral et les autorités régionales kurdes à la suite d’un referendum organisé en septembre 2017 qui vit les Kurdes irakiens se prononcer en faveur de l’indépendance de leur région septentrionale.
Sécuriser le territoire
L’EIIS avait profité de ces tensions et réussi à implanter des cellules d’incubation en l’absence d’un appareil de sécurité fort, expliquent les responsables, ajoutant que le succès de la récente opération conjointe augure bien d'une future collaboration dans la lutte contre le groupe terroriste.
« Après le referendum de 2017, les terroristes trouvèrent une occasion en or de se cacher et de manœuvrer dans la région séparant les forces irakiennes de celles des Peshmergas », a expliqué à Diyaruna Ghalib Mohammed Ali, membre kurde du parlement représentant la province de Suleimaniyah.
La zone est vaste et s’étend sur six provinces, et peut parfois atteindre 15 kilomètres de large ou de profond.
La récente opération militaire conjointe a couvert plusieurs régions entre les provinces de Suleimaniyah et de Diyala considérées comme des refuges pour l’EIIS, a poursuivi Ali.
Ces régions comprennent Alyawah, Naft Khanah et Qura Taba, ainsi que des villages situés aux confins de Khanaqin, Kifri, Bouhaira et les monts Hamrin.
Ces zones reculées ont été sécurisées et « des dizaines de caches et de bastions terroristes détruits lors de cette opération », a ajouté Ali.
Il a souligné l’importance qu’il y a à poursuivre de telles opérations conjointes et à créer des postes de contrôle communs pour contrôler et sécuriser le territoire.
La région attire les éléments terroristes en raison de sa topographie difficile, de la présence de terres agricoles et de la proximité des champs et des puits de pétrole, qui pourraient constituer des sources de revenus pour les activités terroristes, a continué Ali.
« Les FSI continuent de démontrer leurs capacités de force cohérente, y compris lors d’opérations complexes », a déclaré le major général de l’US Air Force Kenneth P. Ekman le 23 juillet, après la quatrième phase de l’opération « Heroes of Iraq ».
« Quel que soit l’endroit où [l’EIIS] cherchera à se cacher, les FSI les trouveront », a-t-il ajouté.
« La menace de l’EIIS diminue »
Depuis le lancement de sa première phase en juin, l’opération « Heroes of Iraq » a couvert près de 18 000 kilomètres carrés, de la bande frontalière avec l’Iran dans le nord-est de Diyala à la frontière administrative avec la région kurde.
Cette quatrième phase marque le lancement de la coopération avec les forces kurdes, qui font partie du système de défense de l’Irak et dont la participation a été déterminante pour vaincre l’EIIS, a expliqué le spécialiste de la sécurité Safa al-Assam.
« Cette collaboration bilatérale est une étape bienvenue qui facilite la résolution des conflits politiques qui ont négativement impacté la situation sécuritaire dans les zones de contact, que les terroristes ont utilisées comme des plateformes de lancement de leurs attaques », a-t-il expliqué à Diyaruna.
Une partie de cet effort conjoint a consisté en opérations aéroportées et de ratissage par les services du contre-terrorisme irakien et de leurs homologues kurdes dans des zones que les forces irakiennes n’avaient pas atteintes depuis 2003.
Les autorités locales se sont également félicitées de la reprise des efforts coordonnés entre les FSI et les Peshmergas.
« C'est un grand pas dans la bonne voie », a déclaré Nizar al-Lahibi, directeur administratif de Bahraz, dans la province de Diyala.
« Il était nécessaire de reprendre la collaboration [avec les forces des Peshmergas kurdes] parce que l’EIIS s’était regroupé et représentait une menace croissante pour plusieurs villes du nord d’al-Muqdadiyah, de Jalawla et de Khanaqin », a-t-il précisé à Diyaruna.
Les fréquentes attaques terroristes faisaient toujours des pertes civiles et miliaires, mais depuis cette campagne militaire, a-t-il conclu, « la situation est stable et la menace recule ».