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Les élections en Syrie, une mascarade pour la majorité

Waleed Abou al-Khair au Caire et AFP

Des affiches de campagne de candidats aux élections législatives en Syrie dans la ville d’Alep, dans le nord du pays, le 15 juillet. [AFP]

Des affiches de campagne de candidats aux élections législatives en Syrie dans la ville d’Alep, dans le nord du pays, le 15 juillet. [AFP]

L’opposition syrienne en exil a qualifié le scrutin parlementaire organisé dimanche 19 juillet dans les régions du pays tenues par le régime de « mascarade », alors que des millions de personnes à l’étranger et dans les territoires tenus par l’opposition n’y participent pas

Ce scrutin a été organisé alors même que le régime syrien fait face à des sanctions internationales et à l’effondrement de l’économie, après avoir repris près de 70 % du pays avec le soutien de son allié russe.

Plus de 7000 bureaux de vote avaient ouvert dans les zones contrôlées par le régime, notamment pour la première fois dans d’anciens bastions de l’opposition comme la Ghouta orientale, dans les faubourgs de Damas, et dans le sud de la province d’Idlib.

Plusieurs listes avaient certes été autorisées à se présenter, mais sans réelle opposition, le parti Baath du président Bashar el-Assad et ses alliés devraient remporter la majorité des 250 sièges au parlement.

Un employé du gouvernement dépose son bulletin dans un bureau de vote d’une région contrôlée par le régime. [Photo fournie par Sada al-Sharqieh]

Un employé du gouvernement dépose son bulletin dans un bureau de vote d’une région contrôlée par le régime. [Photo fournie par Sada al-Sharqieh]

« Le régime n’a pas connu de (véritables) élections depuis sa prise de pouvoir il y a 50 ans », a expliqué Nasr al-Hariri, une personnalité de l’opposition, faisant référence à la date à laquelle le père d’el-Assad, Hafez al-Assad, était devenu président.

« Tout ce qui a été qualifié d’élection n’a été qu’une mascarade sous une poigne sécuritaire et militaire ... pour former un faux parlement que le régime peut utiliser pour faire passer des lois qui servent la clique au pouvoir », a-t-il ajouté.

« Tout ce qui a changé aujourd’hui, c’est que la moitié du peuple syrien a été contraint de fuir », a-t-il poursuivi, dans une guerre qui a tué plus de 380 000 personnes et en a déplacé des millions.

La plupart des membres de l’opposition politique syrienne sont en exil, et les millions de Syriens vivant à l’étranger après avoir fui les violences sont désormais inéligibles pour voter.

La personnalité de l’opposition Obeida Nahhas a qualifié ces élections de « mascarade flagrante » et affirmé qu’elles ne reflètent pas l’opinion de la majorité populaire ni « le véritable sens démocratique ».

Le scrutin manque de légitimité

L’avocat syrien Bashir al-Bassam a expliqué à Diyaruna que ces élections manquent d’une légitimité populaire et légale.

Le taux de participation a été très faible, a-t-il poursuivi, car de nombreux Syriens ont été déplacés en interne par le conflit ou ont fui le pays.

La décision d’organiser des élections législatives à ce stade est fortement remise en question, a-t-il déclaré, soulignant le fait que très peu de Syriens ont participé au processus électoral, et que la plupart de ceux qui l’ont fait appartiennent à des groupes politiques proches du régime.

Le scrutin ne reflète donc pas la véritable volonté du peuple, a-t-il ajouté.

Al-Bassam a indiqué que 1 656 candidats s’étaient présentés, contre 11 341 lors des élections précédentes, ce qui reflète selon lui la non-participation non seulement de la part des électeurs, mais aussi de la part des candidats.

L’insistance du régime à organiser ces élections est une tentative de se donner une légitimité, qu’il a perdue du fait de son implication directe dans le meurtre, les blessures et les déplacements de millions de Syriens, a-t-il déclaré.

Même dans les régions contrôlées par le régime, la participation a été très faible, a-t-il ajouté, alors que le pays est rongé par le chômage, la cherté record des prix, la perte de pouvoir d’achat, le manque de sécurité et les règlements de compte permanents entre les groupes dominants.

El-Assad a célébré ce mois-ci 20 ans de présidence, quelques semaines après que les États-Unis ont imposé de nouvelles sanctions économiques, y compris contre son épouse.

Le mois dernier, le ministre des Affaires étrangères Walid al-Mouallem a déclaré qu’el-Assad resterait au pouvoir « tant que les Syriens voudront qu’il reste ».

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