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Terrorisme

Une vidéo de propagande de l’EIIS témoigne de la vulnérabilité des cellules terroristes, selon des analystes

Waleed Abou al-Khair au Caire

Un élément de l’EIIS équipe un fusil d’un silencieux en préparation de projets d’assassinat contre des civils. [Capture d’écran d’une vidéo postée sur l’application Telegram]

Un élément de l’EIIS équipe un fusil d’un silencieux en préparation de projets d’assassinat contre des civils. [Capture d’écran d’une vidéo postée sur l’application Telegram]

Dans une vidéo postée en ligne le 24 juin, « l’État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) cherche à menacer les éventuels collaborateurs en Syrie, où il se trouve sous la pression des Forces démocratiques syriennes (FDS) et de la coalition internationale.

Selon certains spécialistes et analystes du groupe terroriste, cette vidéo est une réponse aux tentatives menées par les FDS et la coalition de traquer et d’éliminer les cellules dormantes de l’EIIS, que ces forces harcèlent depuis la défaite militaire du groupe.

Cette vidéo est remarquable en ce qu’elle menace directement les civils et les collaborateurs, ont-ils expliqué à Diyaruna, et révèle ce faisant le rejet en masse de l’EIIS et de sa présence parmi les communautés civiles en Syrie.

Cette vidéo, postée par la soi-disant « Wilayat al-Sham/al-Baraka » (Province du Levant/al-Hasakeh) de l’EIIS, fait à peine plus de 12 minutes et a été postée sur plusieurs plateformes de médias sociaux, a expliqué le journaliste syrien Mohammed al-Abdoullah.

Son message est largement consacré à menacer les civils et à les mettre en garde contre les conséquences d’une collaboration avec les FDS et la coalition internationale, a-t-il précisé à Diyaruna.

Pour cela, elle utilise un montage de vidéos montrant des attaques de l’EIIS contre ces forces, ainsi que des exécutions par des éléments de l’EIIS de civils et de membres des FDS dans les régions d’al-Hasakeh, de Ras al-Aïn, d’al-Shaddadi et de Deir Ezzor, a-t-il ajouté.

L’EIIS est rejeté

« Si cela témoigne d’une chose, c’est du rejet de l’EIIS par la société, après qu’il a dirigé ces régions par le fer et le feu et a tué nombre de leurs habitants », a poursuivi al-Abdoullah.

Il a pointé le fait que l’accent mis par cette vidéo sur l’exécution de combattants des FDS appartenant aux tribus locales vient du fait que les combattants de ces tribus rejoignent en masse les rangs des FDS et des forces qui leur sont affiliées.

Cette vidéo est conçue comme une menace adressée à ces jeunes, pour les empêcher de rejoindre les forces hostiles à l’EIIS, a-t-il indiqué.

Cette tentative sera futile, a-t-il continué, car l’EIIS est généralement rejeté par les habitants de ces régions, où les leaders tribaux exercent une énorme influence sur les processus de décision.

« Les leaders tribaux ont rejeté le groupe en plus d’une occasion », a-t-il souligné, « et ont à la place renforcé leurs relations avec les FDS et leurs alliés. »

Commentant cette vidéo pour Diyaruna, l’expert militaire et spécialiste des groupes terroristes Yahya Mohammad Ali a noté que les armes et l’équipement que portent et utilisent les éléments de l’EIIS sont différents de ceux qu’ils affichaient auparavant.

Il a expliqué avoir remarqué qu’à plusieurs reprises, les extrémistes portent ou équipent des fusils munis de silencieux, ce qui indique que le groupe est sous étroite surveillance dans ces zones, et que l’étau se resserre sur lui.

« Les résidus et les cellules dormantes de l’EIIS sont pilonnés par des raids, des opérations de sécurité et des arrestations », a-t-il expliqué, « raison pour laquelle le groupe a recours, dans cette nouvelle vidéo, à des tactiques de menaces et d’intimidations. »

Ces menaces sont destinées à empêcher les civils d’apporter volontairement des informations sur le groupe et de signaler des activités suspectes, a-t-il expliqué.

À l’encontre des principes de la charia

Dans cette vidéo, l’EIIS qualifie de kouffars (infidèles) tous ceux qui s’opposent à sa présence, a expliqué Rajeh Sabri, de la Direction de l’orientation religieuse du ministère égyptien des Dotations.

Le groupe s’attache à employer sa terminologie du takfir pour justifier les assassinats haineux qu’il mène, a-t-il indiqué à Diyaruna.

« Mais cela va à l’encontre des principes de la charia, car ni les éléments du groupe ni leurs soi-disant émirs ne sont autorisés à lancer des fatwas de takfir. »

En fait, selon les plus hautes autorités religieuses islamiques, le takfir exige « une grande attention, une étude et un examen, et ces jugements ne sont pas prononcés à la légère », a-t-il ajouté, soulignant qu’aucune fatwa de takfir n’a été lancée depuis longtemps.

Sabri a indiqué que le groupe tentait de rassembler ses combattants et de ramener ceux qui avaient fui ou déserté au lendemain des coups durs assénés en Syrie et en Irak.

« Il tente également de rameuter quelques âmes faibles qui pourraient être trompées par ses vidéos de propagande et sa déformation intentionnelle des préceptes religieux », a-t-il poursuivi.

Mais cela sera une bataille difficile pour le groupe, a-t-il conclu, en raison des campagnes de sensibilisation de grande ampleur conduites dans la région, qui ont fait apparaître au grand jour la véritable nature du groupe.

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