La société de radiodiffusion de la République islamique d’Iran (Islamic Republic of Iran Broadcasting - IRIB) a annoncé qu’elle pourrait être contrainte de fermer ses chaînes de télévision satellitaires en langue arabe en raison de difficultés financières.
Peyman Jebeli, vice-président d’IRIB chargé des opérations à l’étranger, a déclaré qu’al-Kawthar, la chaîne de télévision en langue arabe d’Iran, avait été abandonnée par Eutelsat après cinq ans d’opérations « stratégiques » parce qu’elle ne pouvait plus faire face aux frais engendrés par l’exploitation satellitaire.
Press TV et al-Alam sont d’autres chaînes de télévision menacées de fermeture.
Lors d’un entretien avec l’agence de presse semi-officielle iranienne Fars, d’orientation conservatrice, le 10 juin, Jebeli a sévèrement critiqué le gouvernement iranien et déclaré que les opérations extérieures d’IRIB « n’avaient pas reçu un seul dollar depuis cinq mois ».
Il a mis en garde contre le spectre de toute une série de fermetures au vu des difficultés financières.
En réponse aux critiques d’IRIB, l'Organisme iranien du Plan et du Budget s’est dit en mesure de fournir à l’IRIB des devises étrangères en yens, en yuans ou en roupies, mais l’IRIB demande de l’argent en dollars ou en euros seulement, et face aux sanctions actuelles, il revient à la Banque centrale iranienne et négocier le taux de change.
Ali al-Ghazi, membre du Syndicat des journalistes irakiens, a expliqué à Diyaruna qu’au moins cinq chaînes de télévision par satellite financées par l’Iran avaient dernièrement informé leurs personnels qu’elles réduisaient leurs heures de diffusion.
Al-Ghazi a précisé que les principales chaînes satellitaires menacées de fermeture sont al-Nujaba (porte-parole de la milice irakienne Harakat al-Nujaba) et al-Ahd (affiliée à la milice Asaib Ahl al-Haq).
Les autres chaînes sont Ibaa et Afaq, toutes deux membres de l’Union radio-TV islamique.
La campagne américaine de pression maximale est « un succès »
Le 4 juin, Fars News a qualifié ces fermetures prochaines de malheureuses pour la République islamique dans un contexte de « guerre médiatique [contre l’Iran] », et a décrit la réduction des diffusions mondiales de l’IRIB comme la mort des voix de la revendication.
De l’avis de certains observateurs des médias, cette fermeture pour l’instant partielle mais très bientôt totale des chaînes iraniennes en langue arabe est le résultat de la campagne de « pression maximale » exercée par les États-Unis.
Selon eux, les récentes initiatives américaines visant à contraindre l’Iran à abandonner ses activités belliqueuses et ses ingérences dans la région ont démontré leur succès.
Ces arrêts sont « une indication importante de la situation difficile dans laquelle l’Iran s’est placé tout seul » dans le seul but de promouvoir ses visées expansionnistes, a expliqué Mohammed al-Tamimi, spécialiste irakien des affaires sécuritaires et politiques.
La décision de l’IRIB de fermer un certain nombre de ses médias ne se limite pas aux seules chaînes en langue arabe. Fin mai, le réseau Sahar Urdu, autre chaîne satellitaire iranienne, a été supprimé du satellite pour ne pas s’être acquitté de sa dette.
Début juin, Jebeli a indiqué que la station de radio iranienne qui émettait depuis Kaboul depuis 40 ans en langue dari avait également été contrainte de cesser ses opérations.
Il a cité l’accumulation de la dette comme la raison de cette fermeture, qu’il a qualifiée de « coup sérieux porté aux opérations de promotion de l’Iran à l’étranger ».
Dans sa critique des coupes dans le budget, Jebeli a déclaré : « En dépit de mes mises en garde, les responsables n’ont pas compris les conséquences catastrophiques de ces fermetures, ou ne s’en sont pas souciés. Quoi qu’il en soit, nous devenons toujours un peu plus sans défense chaque jour qui passe. »
« Les Iraniens ont un droit sur l’argent qui est dépensé en dehors d’Iran »
Le 23 juin, près de 200 membres du Majles (le parlement iranien) ont critiqué l’Organisme du Plan et du Budget pour son « manquement » à fournir le budget nécessaire aux chaînes satellitaires pour leur permettre de poursuivre leurs opérations.
« L’Iran dépense près de 200 millions de dollars par an dans plus de 40 chaînes et canaux médiatiques de propagande [à l’étranger], notamment des sites internet, des journaux et des stations de radio, pour l’essentiel en arabe et en ourdou », a expliqué al-Tamimi à Diyaruna.
« Les Iraniens ont droit à cet argent, qui pourrait servir à financer la construction d’écoles et de dispensaires, ou à l’achat de médicaments », a-t-il conclu. « Au lieu de cela, le peuple iranien souffre chaque jour par suite des actions de son gouvernement. »