Les forces irakiennes de sécurité ont interrogé des combattants pro-iraniens vendredi 26 juin arrêtés pour avoir planifié une attaque à la roquette, première opération de ce genre dans le pays.
Depuis le mois d’octobre, plus d’une trentaine d’attaques meurtrières à la roquette ont frappé des installations militaires et diplomatiques américaines en Irak, des attaques que les États-Unis ont imputées à la Kataib Hezbollah, une faction pro-iranienne.
La dernière de ces attaques est survenue lundi, lorsqu’une roquette Katiousha est tombée sur l’aéroport de Bagdad, s’écrasant près d’un groupe de bâtiments où sont logés des soldats et des diplomates américains.
Peu avant minuit, dans la nuit de jeudi, les services d’élite du contre-terrorisme (CTS) ont lancé un assaut contre une base dans le sud de Bagdad utilisée par la Kataib Hezbollah, également appelé Brigade 45 des forces de la mobilisation populaire (FMP), ont expliqué des responsables irakiens et des sources proches de la sécurité.
Ils ont expliqué à l’AFP que plus d’une dizaine de combattants des Kataib avaient été arrêtés, mais une déclaration officielle du commandement des opérations conjointes en Irak (JOC) publié vendredi n’a pas précisé quel groupe avait été visé.
Selon lui, cette opération était basée sur des renseignements concernant un projet d’attaque dans la Zone verte, où se trouvent l’ambassade des États-Unis et d’autres missions étrangères, des bâtiments officiels et les bureaux des Nations unies.
« Quatorze personnes ont été arrêtées et des preuves ont été saisies, notamment deux lanceurs de roquettes », a poursuivi ce communiqué du JOC.
Cette opération constitue l’acte le plus osé contre des groupes appuyés par l’Iran basés an Irak.
Washington exerce une campagne « de pression maximale » contre Téhéran et considère des groupes comme la Kataib Hezbollah comme une émanation dangereuse de l’influence iranienne.
Les États-Unis ont imputé aux milices les roquettes qui ont tué plusieurs soldats américains, britanniques et irakiens depuis octobre.
Mais la Kataib Hezbollah est en principe intégrée dans l’État irakien, et l’ancien Premier ministre Adel Abdoul Mahdi avait hésité à adopter une attitude ferme contre le groupe.
Les choses paraissent avoir changé avec l’arrivée du nouveau Premier ministre Moustafa Kadhemi, que Washington considère comme un responsable allié peu aimé de la Kataib.
Le groupe accuse Kadhemi de complicité dans la mort par les États-Unis du général iranien Qassem Soleimani et du commandant en second des FMP Abou Mahdi al-Muhandis en janvier.
À la suite de cette opération, des « véhicules du gouvernement » avaient tenté d’encercler le quartier général des CTS, selon un communiqué du JOC.
Début des interrogatoires
Le communiqué du JOC indique également que la justice irakienne a lancé des mandats d’arrêt après l’opération de jeudi en vertu de la législation antiterroriste, qui prévoit la peine de mort.
Mais il reste encore à voir quelle autorité sera chargée de porter en justice ou de condamner les suspects.
« Ils sont actuellement interrogés par l’appareil de sécurité des FMP et seront présentés à un juge des FMP », a expliqué à l’AFP une source proche des forces de sécurité des FMP.
« Ils font pression sur nous pour que nous les relâchions », a indiqué cette source.
Parmi ces miliciens arrêtés se trouvent « trois hauts dirigeants de la Kataib Hezbollah spécialistes du tir de roquettes, et un officier du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) », a précisé Thaer al-Bayati, secrétaire général du Conseil des tribus arabes de Salaheddine.
Ce sont les forces irakiennes qui ont mené cette opération après avoir reçu des renseignements selon lesquels la milice se préparait à lancer une attaque d’envergure à la roquette contre des bâtiments gouvernementaux et l’ambassade des États-Unis dans la Zone verte et contre le quartier général des renseignements militaires à al-Khadhimiya, dans le nord de Bagdad, a-t-il indiqué.
Vendredi matin, la tension prévalait à Bagdad et une vidéo publiée en ligne montrait un déploiement de véhicules de la milice près de la Zone verte.
Selon des articles parus dans les médias, les leaders de la milice, notamment Abdoul Aziz al-Mohammedawi (Abou Fadak), Abou Zeinab al-Lami, qui dirige l’appareil sécuritaire des Forces de la mobilisation populaire, et Qais al-Khazali, qui dirige Ahl al-Haq, sont à la tête de ce mouvement qui vise à faire pression sur le gouvernement pour qu'il relâche les détenus.
Depuis cette opération, les leaders des milices ont paru quelque peu confus et ont demandé à leurs partisans de relever le niveau d’alerte, a poursuivi al-Bayati.
« Ils envisagent de tenir une réunion vendredi à proximité de la Rue de la Palestine dans l’est de Bagdad pour parler de ces évolutions », a-t-il indiqué.
« Acte d’héroïsme »
Les Irakiens ont salué cette opération, exprimant leur soutien aux forces de sécurité.
« Je soutiens le [CTS] et toutes nos forces de sécurité dans leurs efforts visant à arrêter les miliciens et mettre un terme à leurs activités qui menacent la sécurité de notre pays », a déclaré un habitant du quartier d’al-Shaab de Bagdad à Diyaruna.
Cette opération est « un acte d’héroïsme et d’audace » et « un message fort adressé à l’Iran et à ses partisans que l’Irak ne sera désormais plus la scène de leurs opérations terroristes », a-t-il ajouté.
« C’est la première confrontation directe avec les groupes armés fidèles à l’Iran », a indiqué un autre habitant de Bagdad à Diyaruna.
« Il semble que le gouvernement soit sérieux dans ses efforts pour restreindre leurs activités et éradiquer la menace qu’ils font planer. »
Je soutiens l'Agence antiterroriste et les forces de sécurité nationales.
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