NOUVELLES D’IRAK
Société

Les Irakiens harcelés sur les médias sociaux par des trolls pro-iraniens

Hassan al-Obeidi à Bagdad

Ce diaporama créé le 22 août 2018 montre une photo prise le 23 mars 2018 de logos Twitter sur un écran d’ordinateur à Beijing et une photo d’archive prise le 28 avril 2018 du logo du réseau social Facebook affichée sur un écran et reprise sur une tablette à Paris. [Nicholas Asfouri/Lionel Bonaventure/AFP]

Ce diaporama créé le 22 août 2018 montre une photo prise le 23 mars 2018 de logos Twitter sur un écran d’ordinateur à Beijing et une photo d’archive prise le 28 avril 2018 du logo du réseau social Facebook affichée sur un écran et reprise sur une tablette à Paris. [Nicholas Asfouri/Lionel Bonaventure/AFP]

Les utilisateurs irakiens des médias sociaux se plaignent d’être bombardés de messages faisant une promotion agressive des visées de l’Iran et réfutant toutes les critiques contre le régime en place à Téhéran, ont indiqué des militants à Diyaruna.

Des centaines d’utilisateurs de Twitter et de Facebook ont fait savoir qu’ils avaient été visés par des comptes utilisant des photos de l’ancien commandant de la Force al-Qods du Corps des Gardiens de la révolution islamique (FQ-CGRI) Qassem Soleimani ou du Guide suprême Ali Khamenei.

Les messages postés par ces comptes et d’autres comptes frauduleux qui s’approprient les photos de figures religieuses alignées sur l’Iran, menacent les internautes et les blogueurs irakiens, en particulier ceux qui participent aux manifestations populaires.

Alors que les milices pro-iraniennes opérant en Irak ont renforcé leurs actions de harcèlement des manifestants sur le terrain, une campagne parallèle est apparue en ligne pour porter préjudice aux militants et les inonder de commentaires menaçants.

Contrôle des commentaires en ligne

Ces « armées électroniques » tentent de discréditer les manifestants et présentent une version dénaturée des attaques en utilisant des articles et des photos dénaturés, ont indiqué les militants.

Ils visent également les blogueurs et cherchent à influencer négativement les campagnes de hashtags en vogue, en particulier celles qui concernent la situation sécuritaire et politique, afin d’influencer l’opinion publique, a expliqué à Diyaruna l’ingénieur en informatique Ahmed al-Obeidi.

Exemple de l’une de ces campagnes de hashtags ciblées par les attaques de ces trolls en ligne, la campagne intitulée « Où sont-ils ? », a-t-il précisé, qui cherche à sensibiliser au sort des habitants de l’Anbar enlevés par les milices de la Kataib Hezbollah et de Harakat al-Nujaba.

Les demandes en faveur d’une législation contre les violences domestiques qui accorde aux femmes la liberté de déposer plainte et de demander une protection ont également été visées, a ajouté al-Obeidi.

Certains internautes irakiens ont vu leur compte piraté ou ont reçu des menaces parce qu’ils ont critiqué l’Iran et son rôle négatif en Irak, ou les atteintes aux droits de l’homme commises par les milices pro-iraniennes, a-t-il poursuivi.

Au travers de ces actions, les milices cherchent à « prendre le contrôle des contenus sur les médias sociaux et à rendre ces plateformes moins efficaces dans le tableau qu’elles présentent du rôle de l’Iran en Irak et de celui des milices », a-t-il continué.

Selon Ahmed Haqi, militant de Dhi Qar qui coordonne les manifestations sur la Place al-Habboubi à al-Nasiriyah, ces comptes dans les médias sociaux sont ouverts par des miliciens qui opèrent sur le terrain.

Il a fait part de son espoir de voir ces comptes être fermés, « car ils empêchent les Irakiens de suivre les informations et d’obtenir des informations factuelles », précisant que certains Irakiens ont également peur d’exprimer leurs opinions.

Signaler les comptes frauduleux

Ghaith Ahmed, membre d’un groupe de volontaires luttant contre ces « armées électroniques », a expliqué que les internautes alignés sur ces milices sont « armés d’accusations fabriquées à l’avance et prêts à attaquer et à déformer la vérité ».

Ils s’en prennent aux influenceurs sociaux en utilisant des images fabriquées de toutes pièces qui peuvent facilement être discréditées, a-t-il poursuivi pour Diyaruna.

Ahmed, qui a demandé à utiliser un pseudonyme par crainte pour sa sécurité, a expliqué que ces utilisateurs s’entendent sur des lignes d’attaque à utiliser via Telegram et WhatsApp.

Ils propagent des messages à la gloire de l’Iran et affirment que le peuple irakien se tient aux côtés de l’Iran ou favorisent des positions pro-iraniennes, a-t-il continué.

Ahmed et ses amis volontaires recommandent que les utilisateurs des médias sociaux en Irak signalent à Twitter ou à Facebook tous les comptes qui affichent une photo de profil de Qassem Soleimani ou d’un quelconque leader de milice pro-iranienne.

Il a exprimé son espoir que grâce à ces efforts, ces comptes pourront être fermés, afin que les médias sociaux puissent rester « un espace où les gens peuvent parler librement et exprimer leurs opinions, sans être attaqués verbalement ni craindre des représailles ».

Aimez-vous cet article?

0 COMMENTAIRE (S)
Politique Commentaire * INDIQUE CHAMP NÉCESSAIRE 1500 / 1500