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La ville syrienne d'Idlib adopte la lire turque au lieu de la livre syrienne en chute

AFP

Le 15 juin, un Syrien paie en livres turques dans une station-service de la ville de Sarmada, dans la province d'Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie. [Aaref Watad / AFP]

Le 15 juin, un Syrien paie en livres turques dans une station-service de la ville de Sarmada, dans la province d'Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie. [Aaref Watad / AFP]

Les autorités locales du nord-ouest de la Syrie remplacent la livre syrienne en chute libre par la lire turque pour protéger leur région tenue par l'opposition de l'effondrement économique, a déclaré un responsable lundi 15 juin.

Le gouvernement du Salut - un organe administratif lié à l'alliance extrémiste Tahrir al-Sham, qui domine la région d'Idlib - a déjà commencé à verser des salaires et traitements en livres turques le mois dernier, a déclaré Bassel Abdoul Aziz, qui dirige son département économique.

Il a déclaré avoir "chargé les commerçants et les bureaux de change" de faire circuler des pièces et des billets turcs à faible valeur nominale à utiliser "pour les transactions quotidiennes dans les territoires libérés au lieu de la livre syrienne".

Dimanche, dans un bureau de transfert d'argent de la province, un correspondant de l'AFP a vu par terre des sacs de pièces de monnaie en livres turques à côté de boîtes remplies de billets de banque.

Vendredi, l'ONU a déclaré qu'une "grosse" cargaison de devises turques serait entrée à Idlib le 11 juin.

De nouvelles mesures

L'économie syrienne a été frappée par neuf années de guerre aggravées par une crise financière au Liban voisin, qui avait servi de conduit pour amener des dollars dans les zones contrôlées par le gouvernement.

La valeur de la livre syrienne a chuté ces derniers jours sur le marché informel, faisant monter les prix en flèche, fermant les magasins et déclenchant de rares protestations antigouvernementales dans le sud du pays contrôlé par le régime.

La semaine dernière, la livre a chuté à 3 000 pour un dollar, soit plus de quatre fois le taux officiel d'environ 700 et 60 fois son taux d'avant 2011.

Le pic survient avant l'introduction de nouvelles sanctions américaines à partir du 17 juin, et après la chute soudaine de la grâce du magnat et cousin du président, Rami Makhlouf, qui a mis les autres hommes d'affaires de haut niveau sur le qui-vive.

"La livre syrienne continuera de circuler dans les zones libérées mais son utilisation sera réduite au minimum", a déclaré un responsable local.

Dans le cadre de ces nouvelles mesures, le gouvernement du salut a fixé la semaine dernière le prix d'une miche de pain à deux livres turques (moins de 1 dollar).

Un correspondant de l'AFP a déclaré que les stations-service ont commencé dimanche à afficher leurs prix en livres turques.

Idlib est détenue par des groupes extrémistes et rebelles, dont beaucoup sont soutenus par la Turquie, l'un des principaux protagonistes étrangers dans la guerre en Syrie.

Ankara a déployé des forces dans plusieurs postes militaires qu'elle a créés à Idlib dans le cadre d'un accord de 2018 avec l'allié du régime Moscou.

La Turquie contrôle également une portion de territoire le long de sa frontière dans la province voisine d'Alep à la suite d'une série d'offensives militaires depuis 2016.

Dans ces régions, la lire est déjà utilisée comme monnaie principale au lieu de la livre syrienne, signe de l'influence croissante d'Ankara.

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