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Sécurité

Les États-Unis vont retirer des soldats d’Irak grâce à l’amélioration des liens bilatéraux

Faris al-Omran et AFP

Des responsables irakiens et américains ont eu des entretiens stratégiques le 11 juin par vidéoconférence pour discuter de la présence des forces américaines en Irak. [Photo fournie par le ministère irakien des Affaires étrangères]

Des responsables irakiens et américains ont eu des entretiens stratégiques le 11 juin par vidéoconférence pour discuter de la présence des forces américaines en Irak. [Photo fournie par le ministère irakien des Affaires étrangères]

Les États-Unis ont déclaré jeudi 11 juin qu’ils diminueraient le nombre de soldats présents en Irak dans les mois à venir, les frictions entre les deux pays s’étant atténuées sous l’impulsion du nouveau Premier ministre irakien favorable aux États-Unis.

Les États-Unis ont également promis de soutenir l’économie irakienne en difficulté, et les deux pays ont tenu leur premier dialogue stratégique depuis plus de dix ans.

Les tensions avaient fortement augmenté après une frappe américaine sur Bagdad en janvier lors de laquelle le général iranien Qassem Soleimani et le commandant irakien Abou Mahdi al-Muhandis avaient été tués ; les législateurs de Bagdad avaient exigé le départ des quelque 5200 soldats américains présents dans le pays.

Dans une déclaration commune, les États-Unis ont déclaré que la raison du retour de leurs militaires en Irak en 2014, était de vaincre « l’État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS), et que cette mission avait enregistré des progrès notables.

Le Premier ministre irakien Moustafa Kadhemi a organisé une conférence de presse le 11 juin dernier après la première session de dialogue stratégique entre les États-Unis et l’Irak, et il a souligné que la souveraineté irakienne est la base de tout dialogue avec les États-Unis. [Photo fournie par les service de presse de Kadhemi]

Le Premier ministre irakien Moustafa Kadhemi a organisé une conférence de presse le 11 juin dernier après la première session de dialogue stratégique entre les États-Unis et l’Irak, et il a souligné que la souveraineté irakienne est la base de tout dialogue avec les États-Unis. [Photo fournie par les service de presse de Kadhemi]

« Les deux pays ont reconnu qu’à la lumière des progrès significatifs réalisés en vue d’éliminer la menace de l‘EIIS, les États-Unis continueront au cours des prochains mois à réduire les forces présentes en Irak », a fait savoir la déclaration commune.

« Les États-Unis ont réitéré qu’ils ne souhaitent ni ne demandent des bases permanentes ou une présence militaire permanente en Irak. »

La coalition est déjà passée d’une douzaine de bases à seulement trois au cours des derniers mois.

En raison des restrictions de déplacement causées par le coronavirus, les discussions de haut niveau qui devaient avoir lieu à Bagdad ont été rétrogradées à une brève session de lancement en ligne.

Une atmosphère « très positive » a prévalu lors de la réunion, a rapporté à Diyaruna une source parlementaire qui a demandé à conserver l’anonymat.

Les deux délégations ont discuté de « l’établissement de relations à long terme qui seront dans l’intérêt des deux pays », a ajouté cette source.

Elles ont souligné que les principes contenus dans l’accord-cadre stratégique de 2008 entre Bagdad et Washington constituaient « la base du dialogue », a-t-elle précisé.

« D’autres sessions seront organisées afin de parvenir à une alliance stratégique forte », a-t-elle ajouté.

Une réunion de suivi par « un comité supérieur de coordination du dialogue stratégique » se tiendra à Washington, « probablement en juillet », a indiqué la déclaration commune.

Protection des bases américaines en Irak

Dans la déclaration commune, l’Irak a promis de protéger les bases américaines, qui ont subi des tirs de roquettes imputés à des groupes paramilitaires liés à l’Iran.

Tard dans la journée de mercredi, quelques heures avant le début des négociations, une autre roquette Katioucha a frappé la Zone verte sans faire de victimes.

« Il reste un problème important de groupes armés, de milices soutenues par l’Iran dans le pays, qui opèrent hors du contrôle du gouvernement », a déclaré David Schenker, le principal diplomate américain pour le Moyen-Orient.

« Nos premiers contacts avec le gouvernement de Moustafa Kadhemi laissent penser qu’ils sont déterminés à rétablir leur souveraineté, à exercer un contrôle sur ces milices rebelles et à disposer d’un service de sécurité unifié dans le pays », a-t-il rapporté.

Ces milices restent un danger « non seulement pour nous, mais aussi pour le gouvernement irakien et la stabilité du pays », a-t-il ajouté.

Les États-Unis ont également fait savoir qu’ils chercheront à encourager les investissements et à promouvoir la réforme économique en Irak, qui a été secoué l’année dernière par d’importantes manifestations contre le chômage et la corruption.

« Nous soutiendrons le nouveau gouvernement à travers les institutions financières internationales afin de l’aider à relever le défi du COVID-19 et de la baisse des revenus pétroliers », a affirmé Schenker.

Les tensions se sont considérablement apaisées depuis que Kadhemi, ancien chef des services de renseignement ayant des liens étroits avec les États-Unis et leurs alliés dans la région, a pris les rênes du pays en tant que Premier ministre en mai.

Lors d’une conférence de presse organisée jeudi, le Premier ministre a déclaré que tout dialogue avec les États-Unis « tiendra compte avant tout de la souveraineté et des intérêts de l’Irak, de l’avis de l’autorité [religieuse de Nadjaf] et de celui du parlement ».

« Nous ne braderons pas la souveraineté de l’Irak », a déclaré Kadhemi.

« Nous ne voulons pas que l’Irak devienne une arène de conflit ; nous voulons qu’il soit une région de paix ».

Soutien américain

Le dialogue facilitera « la coordination d’une manière qui préservera la sécurité et la souveraineté de l’Irak et son besoin d’un partenariat bilatéral qui soutienne ses exigences de sécurité », a déclaré le spécialiste militaire Jalil Khalaf à Diyaruna.

Les milices et les partis politiques irakiens fidèles à l’Iran « doivent abandonner leurs positions soutenant le programme iranien et rechercher les intérêts de l’Irak », a-t-il poursuivi.

Outre la sécurité et la lutte contre le terrorisme, les discussions de jeudi ont également porté sur des questions politiques, économiques et énergétiques, ainsi que sur des questions culturelles.

Les États-Unis se sont engagés à aider l’Irak à « organiser des élections libres, équitables et transparentes, à soutenir l’État de droit, les droits de l’homme et les droits des minorités, à assurer le retour des déplacés internes (DI) et à faciliter leur réintégration ».

Ils mettront également tout en œuvre pour développer les capacités des universités nationales et récupérer les antiquités irakiennes.

L’Irak « a besoin de l’expertise et de l’influence des États-Unis sur la scène internationale », a déclaré la source parlementaire.

« Il est essentiel que ces négociations nous permettent d’aboutir à un partenariat qui réponde à nos aspirations de stabilité et de prospérité, sans aucun effet néfaste sur notre sécurité et nos intérêts », a-t-il conclu.

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