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Droits de la Femme

L’Irak aide les femmes touchées par le terrorisme

Khalid al-Taie

Une Irakienne reçoit une aide alimentaire le 2 avril. [Photo fournie par le ministère irakien des Migrations et des Déplacements]

Une Irakienne reçoit une aide alimentaire le 2 avril. [Photo fournie par le ministère irakien des Migrations et des Déplacements]

Le gouvernement irakien a adopté diverses mesures pour venir en aide aux femmes qui ont été affectées par le terrorisme, par le biais de divers mécanismes, notamment le paiement des allocations, ainsi que l’accès à des prêts et aux services sociaux.

Bien que les programmes de soutien soient venus quelque peu soulager le fardeau pour des milliers de femmes déplacées, de veuves et de victimes des violences, leurs souffrances restent vives, ont expliqué à Diyaruna plusieurs militants et responsables irakiens.

Ruqaya Mahmoud (Um Alya), une veuve mère de trois filles, a passé près de deux ans dans le camp de déplacés d’al-Qayyarah après que son mari a été tué par des membres de « l’État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) lorsque le groupe avait pris Mossoul.

Elle et ses filles ont pu rentrer chez elles dans l’est de Mossoul il y a un an.

Des responsables irakiens et étrangers parlent des moyens de venir en aide aux femmes dans les régions du pays libérées de l’EIIS, le 25 mars 2019. [Photo via le site web du Secrétariat du cabinet irakien]

Des responsables irakiens et étrangers parlent des moyens de venir en aide aux femmes dans les régions du pays libérées de l’EIIS, le 25 mars 2019. [Photo via le site web du Secrétariat du cabinet irakien]

Bonne cuisinière, Um Alya prépare les repas dans la cuisine de sa petite maison et les vend à des clients de son quartier, et utilise cet argent pour s’occuper de ses filles.

Bien qu’elle gagne très peu, a-t-elle expliqué à Diyaruna, le revenu qu’elle tire de la vente de ces repas est « mieux que rien ».

« Je ne gagne aucun salaire, et mes proches ont aussi leurs problèmes », a-t-elle expliqué. « J’essaie donc de vivre sans demander d’aide et de subvenir aux besoins de mes filles. »

Besoin d’aide humanitaire

Les Nations unies estiment que l’année dernière, quelque 3,3 millions de femmes et de fillettes irakiennes ont nécessité une aide humanitaire, un chiffre qui montre la gravité des répercussions d'années de guerre et de terrorisme pour les femmes.

Ce sont elles qui ont porté la plus lourde part du fardeau, a expliqué Abeer al-Chalabi, directrice de l’Autorité pour les femmes et les enfants au ministère du Travail.

Après la guerre contre l’EIIS, a-t-elle indiqué à Diyaruna, la situation a empiré pour les femmes, dont beaucoup ont été déplacées ou sont devenues veuves, doivent désormais servir de soutien de famille ou ont d’une manière ou d’une autre souffert par suite du terrorisme.

Les femmes déplacées « connaissent les pires situations », a poursuivi al-Chalabi, car les conditions de vie à l’intérieur des camps de déplacés sont très mauvaises, et les femmes n’y sont pas protégées.

« Pour les femmes qui en sont sorties, les choses ne vont pas mieux non plus, et nombre d’entre elles rencontrent de nombreuses difficultés », a-t-il ajouté.

Le ministère « compte plusieurs programmes de soutien à ce segment très vulnérable de la population par le biais de versements mensuels de la sécurité sociale à des milliers de femmes, en particulier celles qui ont été affectées par le terrorisme et les plus démunies », a-t-elle continué.

Des subventions et des prêts à des taux préférentiels existent pour ces femmes, pour les aider à démarrer de petites activités, tout comme des cours de formation professionnelle, a expliqué al-Chalabi, même si à eux seuls, ces programmes ne suffisent pas à mettre un terme aux souffrances endurées par ces femmes.

« La responsabilité n’en incombe pas à un ministère ni à une agence gouvernementale en particulier, mais au parlement, par l’adoption de lois et la mise en œuvre d’une législation qui sécurise les droits des femmes », a-t-elle précisé.

Les organisations de la société civile et les partenariats avec le secteur privé ont aussi un rôle à jouer, a-t-elle ajouté, et « sont importants pour réaliser les progrès souhaités ».

Un problème difficile à résoudre

Pour l’ancienne députée irakienne Pascale Warda, militante pour les droits des femmes, le gouvernement prend des mesures sérieuses pour venir en aide aux femmes, « nous le voyons dans notre travail et lors de nos rencontres avec des responsables du gouvernement ».

Les difficultés créées par la violence et les actes de terrorisme sont difficiles à résoudre, a-t-elle expliqué à Diyaruna, « car des centaines de veuves et de femmes attendent une aide ».

« Quelle que soit l’importance de ces services, ils ne peuvent être disponibles pour toutes, et leur impact positif est difficile à quantifier », a ajouté Warda, qui dirige maintenant l’Organisation Hamourabi pour les droits de l’homme.

Les enfants ayant des besoins spéciaux et ceux vivant dans des environnements sans soutien de famille ont également besoin d’un soutien supplémentaire, a-t-elle indiqué.

Le ministère des Migrations et des Déplacements « ne ménage aucun effort pour aider toutes les femmes », a déclaré Azim Hazim, directeur adjoint de la branche de Ninive du ministère.

L’identification des femmes déplacées et des revenantes est au cœur du travail du ministère, a-t-il indiqué à Diyaruna.

Dons et services pour les femmes

Cette année, le ministère a accordé à près d’une centaine de revenantes à Mossoul des prêts bonifiés pour les aider à lancer des activités génératrices de revenus.

Ces prêts concernent tous les aspects, des ateliers de couture et des salons de coiffure à l’ouverture de petits magasins et à la fourniture de services de réadaptation pour les femmes qui cherchent à développer leurs propres capacités, a-t-il précisé.

Le ministère fournit des prêts pour apporter un soutien aux revenants, parmi lesquels de très nombreuses femmes qui ont besoin d’argent pour reconstruire leurs vies et se réimplanter dans leurs quartiers, a-t-il continué.

Il a souligné que pour ce qui concerne les femmes déplacées, le ministère et l’administration des camps assurent un suivi permanent de leur situation sociale, sanitaire et psychologique, en plus de la satisfaction de leurs besoins essentiels.

Ce suivi inclut la fourniture d'un soutien humanitaire et leur inscription à des programmes de soutien.

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