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Criminalité et Justice

Le gouvernement irakien va enquêter sur le sort des personnes enlevées

Faris al-Omran

Le Premier ministre irakien Moustafa Kadhemi a tenu le 7 mai une réunion avec plusieurs responsables du ministère de l’Intérieur au cours de laquelle il a demandé qu’une enquête rapide soit diligentée sur le sort des personnes portées disparues durant la guerre contre l’EIIS. [Photo fournie par les services de presse de la primature]

Le Premier ministre irakien Moustafa Kadhemi a tenu le 7 mai une réunion avec plusieurs responsables du ministère de l’Intérieur au cours de laquelle il a demandé qu’une enquête rapide soit diligentée sur le sort des personnes portées disparues durant la guerre contre l’EIIS. [Photo fournie par les services de presse de la primature]

Après des années d’inaction de la part du gouvernement irakien sur la question des « personnes enlevées de force », le nouveau gouvernement du Premier ministre Moustafa Kadhemi a annoncé qu’il allait enquêter sur le sort des milliers de personnes enlevées depuis 2015.

Le devenir des milliers d’Irakiens enlevés de force lors des batailles pour libérer le pays de « l’État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) reste inconnu et leurs familles attendent toujours des réponses.

Le 17 mai, Kadhemi a ordonné que soit accélérée l’enquête sur le sort de ces personnes lors d’une réunion organisée avec des responsables du ministère de l’Intérieur.

Les factions armées pro-iraniennes au sein des Forces de la mobilisation populaire (FMP) ont été accusées d’avoir enlevé des civils dans les provinces libérées et de les détenir dans des lieux secrets.

L’ancien député irakien Taha al-Lahibi a expliqué que « des milliers de civils avaient été enlevés par des milices iraniennes, notamment la Kataib Hezbollah, qui avait franchi le poste de contrôle [de sécurité] d’al-Razaza dans la province de l’Anbar et avait enlevé à elle seule près de 2000 civils et les avait emmenés vers des prisons et des centres de détention secrets dans la localité de Jourf al-Sakhr ».

« Ces personnes enlevées avaient fui l’EIIS lors des combats pour la libération en 2016 et 2017 pour tomber ensuite entre les griffes des milices pro-iraniennes », a-t-il expliqué à Diyaruna.

Nécessaires enquêtes

Des enquêtes complètes doivent être menées pour connaître le sort de ces personnes, a-t-il ajouté, soulignant la nécessité de mettre sur pied des commissions exploratoires indépendantes de toute influence des milices.

Selon le député irakien Karim Aftan al-Jumaili, l’appel aux enquêtes de Kadhemi est « une source d’espoir ».

« Pour la première fois en effet depuis la fin de la guerre contre l’EIIS, il a été clairement indiqué que cette question serait traitée », a-t-il déclaré à Diyaruna.

« Cela laisse entendre qu'il existe une volonté réelle de la part du nouveau gouvernement de retrouver ces [otages] et de mettre un terme à la souffrance de leurs familles », a-t-il poursuivi.

Le parlement avait déjà présenté une liste des noms de ces personnes et leur dernier emplacement connu au précédent gouvernement, a-t-il continué. « Nous avions attendu que débutent les enquêtes sur leur devenir; mais en vain. »

« Nous reprenons désormais espoir avec un actuel Premier ministre qui dirigeait auparavant les services de renseignement et est un homme de la sécurité, et espérons qu’il traitera cette question en priorité », a continué al-Jumaili.

« Nous apporterons notre soutien à toutes les enquêtes professionnelles qui conduiront à la vérité », a-t-il souligné.

Plus de 1200 personnes avaient été enlevées dans les localités d’al-Saqlawiyah et al-Sajar dans la province de l’Anbar, et un grand nombre à Bzeibiz, Jourf al-Sakhr, Yathrib et Mossoul.

La découverte de plusieurs charniers à la fin de l’année dernière avait fait craindre que nombre de ces personnes disparues aient déjà été tuées par des groupes armés hors-la-loi.

En décembre dernier, quatre charniers contenant les restes de dizaines de personnes portant des vêtements civils avaient été mis à jour dans l’est de Falloudjah, non loin de l’endroit où les personnes enlevées avaient été vues pour la dernière fois.

« À l’époque, nous avions demandé que des échantillons soient prélevés [pour procéder à des tests ADN] pour que les corps soient identifiés, mais nous attendons encore les résultats », a indiqué al-Jumaili.

Coopération internationale

Le sujet des « disparus de force » n’est qu’une pièce dans un vaste mystère entourant les personnes disparues, et la Haute Commission indépendante irakienne pour les droits de l’homme a accumulé à ce jour quelque « 8000 plaintes » de familles dont les proches ont disparu, a expliqué à Diyaruna le porte-parole de cette commission Ali al-Bayati.

Pour avancer sur cette question dans son ensemble, il convient de faire « un intense travail institutionnel » qui vise à « créer une base de données centrale complète de tous les prisonniers et détenus », a-t-il indiqué.

Il convient également de faire plus pour « résoudre le problème des charniers et savoir ce que sont devenus ceux qui sont portés disparus », a-t-il ajouté.

Il a appelé à « coordonner les efforts avec les agences internationales et Interpol pour connaître le sort de ceux qui sont portés disparus, qui ont été emmenés par l’EIIS et emmenés vers des destinations inconnues hors du pays ou qui ont rejoint l’EIIS et se sont enfuis vers un autre pays ».

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