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L’homme fort libyen perd du terrain et le fossé s’élargit avec les mercenaires soutenus par le Kremlin

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Un combattant fidèle au Gouvernement d’accord national libyen reconnu par les Nations unies se tient à côté d'une voiture détruite après un bombardement effectué plus tôt à Tripoli le 9 mai par les forces de l’homme fort Khalifa Haftar, qui est soutenu par le groupe Wagner russe. [Mahmoud Turkia/AFP]

Un combattant fidèle au Gouvernement d’accord national libyen reconnu par les Nations unies se tient à côté d'une voiture détruite après un bombardement effectué plus tôt à Tripoli le 9 mai par les forces de l’homme fort Khalifa Haftar, qui est soutenu par le groupe Wagner russe. [Mahmoud Turkia/AFP]

Alors que le gouvernement d’union de la Libye semble gagner du terrain, le fossé ne cesse de se creuser entre l’homme fort militaire libyen Khalifa Haftar et les mercenaires soutenus par le Kremlin envoyés pour aider à soutenir ses tentatives de prise de contrôle du pays, indiquent certaines sources.

Le différend porte sur la dette impayée d’Haftar envers le groupe Wagner, une organisation paramilitaire privée qui sert les objectifs du président russe Vladimir Poutine, a déclaré une source militaire proche d’Haftar sur le site de l’Arabic Post. Cette dette s’élève à quelque 150 millions de dollars.

Haftar a refusé de payer le contrat lorsqu'il a pris fin l’année dernière, non pas parce qu’il manque de fonds, mais parce que les Russes n’ont pas rempli leur part du marché, a précisé l’une de ces sources.

Le groupe Wagner a envoyé en Libye des « combattants débutants » inexpérimentés et inefficaces depuis la Syrie, la Biélorussie et la Serbie, a déclaré la source.

Le capitaine de groupe Mouhammad Qanunu, porte-parole militaire des forces du Gouvernement d’accord national (GAN) libyen, à côté d’un MiG-23 partiellement démonté, après avoir pris le 18 mai la base aérienne d’al-Watiya au sud-ouest de Tripoli aux forces loyales à l’homme fort soutenu par le Kremlin, Khalifa Haftar. [Mahmud Turkia/AFP]

Le capitaine de groupe Mouhammad Qanunu, porte-parole militaire des forces du Gouvernement d’accord national (GAN) libyen, à côté d’un MiG-23 partiellement démonté, après avoir pris le 18 mai la base aérienne d’al-Watiya au sud-ouest de Tripoli aux forces loyales à l’homme fort soutenu par le Kremlin, Khalifa Haftar. [Mahmud Turkia/AFP]

Plusieurs médias arabes ont fait état des efforts importants déployés par le groupe Wagner pour recruter de jeunes Syriens.

Les sbires d’Haftar sont en conflit constant avec les mercenaires de Wagner envoyés en Libye, a indiqué la source, citant leur inexpérience et leur inefficacité.

Les dirigeants militaires favorables à Haftar ont également exprimé leur insatisfaction face à l’incapacité du groupe Wagner à se défendre contre les drones du Gouvernement d’accord national (GAN), a rapporté l’Arabic Post.

Haftar perd du terrain

En deux jours en avril, le GAN a repris sept villes à l’Armée nationale libyenne (ANL), alliée à Haftar, a annoncé le GAN le 13 avril.

Le même jour, le colonel Mouhammad Qanunu a déclaré que les défenses aériennes du GAN avaient intercepté des avions appartenant à Haftar dans la région d’Abou Grain et abattu deux avions de fabrication chinoise et un hélicoptère russe Mi-35, a rapporté Al-Jazeera.

Ces succès opérationnels ont signalé un changement dans la stratégie du GAN, qui est passé d’une posture défensive à une attitude offensive, ont expliqué des analystes.

Lundi 18 mai, le GAN a annoncé de nouvelles victoires contre les forces fidèles à Haftar.

« Nous sommes fiers d’annoncer la libération de la base d’al-Watiya », à 140 kilomètres au sud-ouest de Tripoli, a déclaré Fayez al-Sarraj, Premier ministre du GAN.

« Le succès remporté aujourd’hui n’est pas la fin de la bataille, mais il nous rapproche plus que jamais de la victoire lorsque toutes les villes et les régions seront libérées et que la tentative tyrannique menaçant la démocratie sera écrasée », a-t-il indiqué dans un communiqué.

Ces dernières semaines, les forces pro-GAN ont intensifié les frappes aériennes contre les combattants d’Haftar, ciblant leurs lignes de ravitaillement autour d’al-Watiya.

Le porte-parole du GAN, Mohamad Gnounou, a déclaré que ses forces avaient détruit trois systèmes anti-aériens de fabrication russe de la base aérienne depuis le 17 mai.

La prise d’al-Watiya intervient après un siège de plusieurs semaines par les forces pro-GAN de la base utilisée par l’armée de l’air d’Haftar.

Les hommes d’Haftar imputent les pertes croissantes en partie à l’inefficacité des mercenaires du groupe Wagner, a rapporté l’Arabic Post.

Les snipers et les combattants du groupe Wagner sont à Tarhouna et à Qasir Benghashir dans le sud de Tripoli, selon le site internet, alors que les mercenaires du groupe basés dans les ports de Tobrouk et Derna apportent leur aide en matière de logistique, d’artillerie et de soutien par drones.

Moscou aggrave le conflit libyen

Des milliers d’entrepreneurs du groupe Wagner seraient aux ordres du Kremlin dans plusieurs conflits étrangers, comme en Syrie, en Ukraine, en République centrafricaine et en Libye.

Entre 800 et 1200 combattants du groupe Wagner soutiennent Haftar, qui mène depuis plus d’un an une offensive contre le GAN, a fait savoir le Conseil de sécurité des Nations unies le 6 mai.

Poutine a réfuté que des Russes soient sur le terrain en Libye.

Le soutien russe à Haftar « a mené à une escalade importante du conflit et à une aggravation de la situation humanitaire en Libye », a déclaré Chris Robinson, un responsable du Département d’État américain spécialiste de la Russie.

« Wagner est souvent appelé à tort une société de sécurité privée russe, mais c’est en fait un instrument du gouvernement russe que le Kremlin utilise comme un instrument peu coûteux et peu risqué pour faire avancer ses objectifs », a-t-il expliqué à des journalistes le 7 mai.

Les images « d’armes très lourdes et très perfectionnées » en Libye provenant du groupe Wagner indiquent qu’il ne s’agit pas d’une simple société privée, a-t-il déclaré.

Le soutien du groupe Wagner aux forces d’Haftar ne fait que peu de cas de la souveraineté et de la sécurité régionale libyennes, a affirmé le 16 mai l’ambassadeur des États-Unis en Libye Richard Norland au journal Al-Qods Al-Arabi basé à Londres.

Il est peu probable que le Kremlin fasse marche arrière sur la Libye, qui a rejoint la Syrie comme théâtre du renouveau de l’influence de Moscou dans la région, a déclaré Henry Wooster, sous-secrétaire d’État adjoint des États-Unis pour le Maghreb et l’Égypte.

« Personne ne doit penser que la Russie va plier bagage et partir maintenant qu’elle a investi dans le conflit libyen », a-t-il conclu.

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