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Droits de l'Homme

Absence de soins médicaux de base pour les habitants du camp d'al-Rukban

Waleed Abou al-Khair au Caire

Les habitants du camp d'al-Rukban sont confrontés à une grave pénurie de nourriture et de médicaments. [Photo fournie par l'administration civile du camp d'al-Rukban]

Les habitants du camp d'al-Rukban sont confrontés à une grave pénurie de nourriture et de médicaments. [Photo fournie par l'administration civile du camp d'al-Rukban]

Un risque plane sur la vie de milliers d'habitants du camp d'al-Rukban, situé à la frontière entre la Syrie et la Jordanie, en raison d'un manque de soins médicaux de base alors que la pandémie du nouveau coronavirus (COVID-19) se propage dans la région, a alerté Amnesty International.

L'un des principaux sujets d'inquiétude tient au manque de soins maternels, ce qui signifie que les femmes enceintes nécessitant une césarienne sont contraintes d'aller accoucher dans les zones contrôlées par le régime, a indiqué Amnesty dans une déclaration du 7 mai.

Les forces du régime syrien empêchent ensuite ces femmes de retourner dans le camp pour y retrouver leurs familles, a poursuivi cette organisation de défense des droits de l'homme.

Au moins 10 000 personnes habitent dans ce camp dans le désert, sans accès à l'assainissement ni à des matériels de protection contre la propagation du COVID-19, a-t-elle ajouté, soulignant que le seul et unique dispensaire médical du camp ne comptait aucun docteur, quelques infirmières seulement et une sage-femme.

Les rues du camp d'al-Rukban sont vides alors qu'une tempête de sable balaie le désert syrien. [Photo fournie par l'Euphrates Post]

Les rues du camp d'al-Rukban sont vides alors qu'une tempête de sable balaie le désert syrien. [Photo fournie par l'Euphrates Post]

Les Syriens déplacés venus chercher refuge dans le camp d'al-Rukban demandent une intervention internationale. [Photo fournie par l'Observatoire syrien des droits de l'homme à Deir Ezzor et al-Jazeera]

Les Syriens déplacés venus chercher refuge dans le camp d'al-Rukban demandent une intervention internationale. [Photo fournie par l'Observatoire syrien des droits de l'homme à Deir Ezzor et al-Jazeera]

Un centre géré par l'UNICEF dans le camp, où les habitants pouvaient recevoir des traitements de base, a été fermé mi-mars du fait de la pandémie de COVID-19. Et le dernier convoi humanitaire ayant pu atteindre ce camp était arrivé en septembre 2019.

« Situation catastrophique »

Déjà difficiles, la situation médicale et les conditions de vie que connaissent aujourd'hui les habitants du camp d'al-Rukban sont devenues catastrophiques, a expliqué à Diyaruna Tariq al-Nuaimi, un travailleur humanitaire d'al-Rukban.

Outre une pénurie de fournitures médicales et de médicaments, la nourriture et les formules pour bébés y sont désormais rares, a-t-il ajouté.

Aucune mesure n'est mise en œuvre pour lutter contre le coronavirus, a-t-il poursuivi, « et il n'y a bien entendu aucun test, respirateur ou équipement de protection personnelle (EPP) comme des masques ou des gants ».

Il n'est pas prévu non plus un espace de quarantaine pour isoler les personnes suspectées d'avoir été contaminées.

L'arrivée de l'aide alimentaire et médicale a été retardée à plusieurs reprises, a expliqué al-Nuaimi, soulignant qu'une mission d'évaluation et d'assistance sanitaire des Nations unies et du Croissant-Rouge arabe syrien qui était prévue pour fin avril n'a pu avoir lieu.

Cette fourniture d'aide bloquée comportait quelque 2 300 rations alimentaires qui auraient permis de fournir une aide temporaire à près des trois quarts des habitants du camp.

Même les contrebandiers qui font entrer des produits alimentaires pour les y vendre rencontrent des difficultés, a-t-il poursuivi, en raison des conditions de sécurité autour du camp et d'une récente tempête de sable qui ont rendu difficiles les entrées et les sorties du camp.

Les légumes, les fruits, le lait et la farine sont désormais des denrées rares, ce qui induit des effets néfastes sur la santé des habitants du camp, a-t-il précisé.

La sévère pénurie de fournitures médicales et de médicaments de base a également contribué à dégrader l'état sanitaire des habitants, a-t-il ajouté.

Mission humanitaire retardée

Dans son rapport du 29 avril présenté au Conseil de sécurité des Nations unies, le secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et coordinateur de l'aide d'urgence Mark Lowcock a présenté la situation dans le camp d'al-Rukban.

« Les routes d'approvisionnement informelles venant de Damas et de Dhumer ont été fermées en février, perturbant encore plus la fourniture de produits alimentaires, de carburant et de fournitures médicales dans le camp », a-t-il déclaré.

« Les restrictions à la frontière jordanienne depuis le 18 mars liées au COVID-19 restreignent les références médicales provenant d'al-Rukban, sans un examen préalable du COVID-19, impossible dans le camp », a-t-il ajouté.

La mission d'avril « a été suspendue en raison de l'absence d'un accord entre toutes les parties sur les modalités de l'assistance et de la fourniture », a-t-il poursuivi.

« L'accès est nécessaire de toute urgence pour fournir assistance à la population vulnérable du camp d'al-Rukban et permettre les départs volontaires. »

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