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Changements dans la structure de la FQ-CGRI après les éliminations en Syrie

Sina Farhadi

Asghar Pashapour était l'un des commandants proches de Qassem Soleimani, l'ancien commandant de la Force al-Qods du CGRI. Il a été tué en février. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Asghar Pashapour était l'un des commandants proches de Qassem Soleimani, l'ancien commandant de la Force al-Qods du CGRI. Il a été tué en février. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Les récentes éliminations visant plusieurs hauts commandants de la Force al-Qods du Corps des Gardiens de la révolution islamique (FQ-CGRI) en Syrie ont eu un effet dévastateur sur la structure et la capacité opérationnelle du groupe, ont expliqué des spécialistes.

La disparition de dirigeants proches de l'ancien commandant de la FQ-CGRI Qassem Soleimani, tué en janvier, va entraîner un nouvel affaiblissement du réseau de communications entre les groupes liés à l'Iran, ont-ils indiqué à Diyaruna.

Le lieutenant de Soleimani Asghar Pashapour, également tué en janvier, avait été selon des informations l'un des premiers à se rendre en Syrie avec lui après le déclenchement de la guerre.

Le général de brigade Farhad Dabirian, autre haut commandant de la FQ-CGRI en Syrie, a été abattu en mars non loin de la mosquée et du tombeau de Sayyida Zainab, dans le sud de Damas.

Farhad Dabirian était l'un des commandants proches de Qassem Soleimani, l'ancien commandant de la Force al-Qods du CGRI. Il a été tué en mars. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Farhad Dabirian était l'un des commandants proches de Qassem Soleimani, l'ancien commandant de la Force al-Qods du CGRI. Il a été tué en mars. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

L'avis de la mort de Hamid Reza Babolkhani affiché devant sa maison en Iran. [Photo fournie par l'université des arts d'Ispahan]

L'avis de la mort de Hamid Reza Babolkhani affiché devant sa maison en Iran. [Photo fournie par l'université des arts d'Ispahan]

Une agence de presse proche du CGRI a décrit Dabirian comme « le responsable de la municipalité de Zainabiya et ancien commandant à Palmyre ».

En avril, des informations commencèrent à circuler sur la mort du commandant du Hezbollah libanais Ali Mohammad Younis, qui avait également été un proche de Soleimani.

Changements au sein du commandement de la FQ-CGRI

Plusieurs spécialistes politiques rencontrés par Diyaruna ont fait remarquer que la disparition des commandants militaires proches de Soleimani induisait des changements dans la composition et la structure du commandement de la FQ-CGRI en Syrie.

L'augmentation du nombre d'éliminations de commandants de la FQ-CGRI en Syrie « montre la faiblesse des agences de sécurité et de renseignement de la Force al-Qods dans les régions sous son contrôle », a expliqué le politologue Karim Samadian.

Elle témoigne également d'une « réduction impressionnante de son influence dans ces régions », a-t-il ajouté pour Diyaruna.

Après la mort de Soleimani, lorsqu'apparut la faiblesse de l'appareil de sécurité de la Force al-Qods, plusieurs rumeurs commencèrent à circuler parmi les membres du CGRI et de la Force de résistance Basij, a souligné Samadian.

Ces rumeurs pointèrent la possible complicité de certaines agences de renseignement gouvernementales dans la région dans l'élimination des hauts commandants de la Force al-Qods, a-t-il poursuivi, et elles s'amplifièrent dans les rangs inférieurs du CGRI.

Ces rumeurs préoccupèrent naturellement le cœur même du CGRI, a continué Samadian.

« Faiblesse du renseignement iranien »

« Pour souligner la vulnérabilité des agences de sécurité de la Force al-Qods, il suffit de se rappeler que Farhad Dabirian, l'un de ses hauts commandants, a été abattu dans une région qui était pourtant entièrement contrôlée par le CGRI », a-t-il indiqué.

Avant même le début de la guerre en Syrie, les voyageurs iraniens étaient habituellement logés à Zainabiya, où la majorité des habitants de la région sont des chiites alaouites considérés comme des alliés naturels du régime syrien, a-t-il ajouté.

Les forces du CGRI se sentent tellement en sécurité dans cette région qu'elles y amènent leurs familles.

Après la mort du commandant militaire iranien Hamid Reza Babolkhani en Syrie en février, il a été montré qu'il y avait emmené sa femme enceinte. Sa mère et son père étaient également venus en Syrie pour leur rendre visite.

Le fait de vivre en Syrie et d'y amener les membres de sa famille pour s'installer autour de Damas montre la perception de cette guerre par la Force al-Qods, a-t-il indiqué, soulignant qu'un combattant se rendant dans une zone de guerre n'emmène en général pas sa femme enceinte avec lui.

Plusieurs membres des milices Fatemiyoun et Zainabiyoun alignées sur le CGRI, composées de combattants afghans et pakistanais, vivent également avec leurs familles dans cette région, a poursuivi Samadian.

« La mort de Dabirian dans cette région révèle l'immense faiblesse des renseignements [iraniens] et montre que leur influence s'est amoindrie », a-t-il ajouté.

Signes d'éliminations « systématiques »

« La mort de certains hauts commandants de la Force al-Qods en Syrie n'est pas sans rappeler des événements similaires en Irak et au Liban », a expliqué à Diyaruna l'activiste politique Ali Zanjani.

« Ces trente dernières années, notamment les plus récentes, le CGRI a tenté, en renforçant ses milices alliées dans ces trois pays, de renforcer son influence globale au Moyen-Orient », a-t-il précisé.

« Pendant des années, les rivaux de l'Iran dans cette partie du monde n'ont pas porté attention aux évolutions régionales », a-t-il ajouté, considérant chaque cas d'ingérence politique et militaire comme distinct des autres.

« Mais ils s'aperçurent au fil du temps que la situation était plus complexe, notamment après que cette continuité apparut durant la guerre civile en Syrie et par la suite au Yémen », a ajouté Zanjani.

« C'est après cela que les efforts des rivaux dans la région visant à affaiblir l'Iran se firent plus concertés », a-t-il expliqué.

L'élimination des commandants de la Force al-Qods « n'est pas sans lien » avec la mort de Younis, le commandant du Hezbollah libanais, que l'on pense avoir été présent pendant un temps en Syrie et qui était un proche de Soleimani, a-t-il indiqué.

Younis était l'un des personnages clés du Hezbollah en Syrie, où la milice combattait en soutien au régime syrien aux côtés de la FQ-CGRI, a-t-il précisé.

Dabirian et Pashapour avaient été les personnes les plus proches de Soleimani, a-t-il indiqué.

Leur double élimination en peu de temps donne le sentiment que certains groupes régionaux ou même trans-régionaux puissants procèdent à une élimination systématique du réseau de Soleimani.

Si tel est le cas, a-t-il poursuivi, cela augmentera vraisemblablement le nombre d'incidents de cette nature et entraînera des divisions au sein des forces alliées de l'Iran.

Effondrement des réseaux du CGRI

La mort de Soleimani et de certains de ses lieutenants, notamment Abou Mahdi al-Mouhandis, le commandant en second des Forces de mobilisation populaire, a porté un coup fatal à la structure de la FQ-CGRI, a poursuivi Zanjani.

L'élimination des commandants iraniens rajoute encore à ce coup fatal.

D'une façon générale, a-t-il continué, les groupes idéologiques présents dans la région dépendent fortement de leurs commandants, et la mort de l'un d'entre eux peut entraîner l'effondrement ou la fragmentation de tout le groupe.

De ce fait, la mort de Soleimani a eu un impact significatif, a-t-il ajouté, encore plus avec la mort de ses proches lieutenants et l'effondrement du réseau qu'il avait mis en place.

Soleimani a été en mesure de faire progresser ses vues par le biais de ces commandants, qui faisaient office de meneurs de son réseau de communication, a-t-il poursuivi, et leur élimination a naturellement affaibli son réseau.

« Je pense que l'histoire se poursuivra, et que l'élimination des commandants militaires de la Force al-Qods ne s'arrêtera pas là », a-t-il poursuivi. « L'élimination de ces commandants pourrait même être le prélude à des événements plus importants. »

Dans ce contexte, a-t-il conclu, il est probable que le général de brigade Esmail Qaani, le nouveau commandant de la Force al-Qods, « effectue moins de déplacements dans la région que Soleimani ».

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