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Réduction des tensions entre l'Iran et les États-Unis en Irak pour le moment

AFP

Des militaires américains, membres de la coalition internationale contre l'EIIS, montent la garde le 29 mars sur la base aérienne K1, au nord-ouest de Kirkouk, dans le nord de l'Irak, avant un retrait prévu des forces américaines. [Ahmad al-Rubaye/AFP]

Des militaires américains, membres de la coalition internationale contre l'EIIS, montent la garde le 29 mars sur la base aérienne K1, au nord-ouest de Kirkouk, dans le nord de l'Irak, avant un retrait prévu des forces américaines. [Ahmad al-Rubaye/AFP]

Cela fait des semaines que les factions épaulées par l'Iran en Irak n'ont pas échangé des coups de feu avec les forces américaines, mais les spécialistes mettent en garde que les belligérants pourraient mettre ce temps à profit pour préparer une escalade.

« Même si nous n'avons vu aucune attaque à la roquette, les Iraniens préparent quelque chose de nouveau », a déclaré Phillip Smyth, spécialiste des factions armées chiites au Washington Institute for Near East Policy.

« Pour leur part, les troupes américaines présentes en Irak sont sur la défensive et prennent la menace plus au sérieux », a ajouté Smyth.

Ces troupes, déployées dans le cadre de la coalition internationale qui lutte contre « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) ont été frappées par plusieurs dizaines d'attaques à la roquette de plus en plus meurtrières.

Le mois dernier, le Pentagone a commencé à élaborer des plans pour une escalade majeure contre les factions épaulées par l'Iran, notamment la Kataib Hezbollah, à qui il impute ces attaques.

« Washington nous a expliqué qu'ils frapperaient simultanément 122 cibles en Irak si d'autres Américains étaient tués », a déclaré un haut responsable irakien.

L'étendue de tels bombardements pourrait avoir des conséquences majeures, susceptibles d'entraîner des représailles des milices appuyées par l'Iran et qui pourraient inciter l'Irak à renvoyer de façon permanente les troupes étrangères présentes sur son sol, ont indiqué les diplomates des pays de la coalition.

Les États-Unis et l'Iran ont déjà été dangereusement proches d'un conflit direct.

En janvier, les États-Unis ont abattu le général iranien Qassem Soleimani à Bagdad, poussant l'Iran à tirer des missiles balistiques contre les troupes américaines dans l'ouest de l'Irak.

Washington a alors déployé des batteries de missiles Patriot et des systèmes de défense contre les roquettes C-RAM en Irak pour protéger ses forces.

Dans le même temps, les États-Unis ont réduit la présence de la coalition internationale, en se retirant de la moitié des bases qu'ils possédaient en Irak et en retirant des centaines de formateurs à titre de précaution contre le COVID-19.

La Kataib Hezbollah a insisté sur le fait que ces mouvements devaient déboucher sur un retrait total et permanent, laissant planer la perspective de nouvelles attaques à la roquette.

« Ces forces ne subiront aucune mort si elles continuent à se retirer dans le cadre d'un départ total de l'Irak », a déclaré cette milice pro-iranienne ce mois-ci.

Un calme précaire, pour le moment

Par ailleurs, trois groupes jusqu'alors inconnus ont appelé à des attaques, ont menacé les ambassadeurs des États-Unis et du Royaume-Uni, et ont publié des photos prises depuis des drones de l'ambassade américaine à Bagdad et de la base d'Aïn al-Asad, qui accueille des troupes de la coalition internationale.

Deux hauts responsables de la coalition internationale ont indiqué qu'ils suspectaient que ces groupes étaient « les mêmes vieux acteurs », la Kataib Hezbollah et ses alliés, qui ne faisaient que « s'organiser différemment ».

Pour Smyth, il semble que l'Iran restructure ses alliés irakiens et utilise des groupes écrans pour ne pas être directement accusé.

« Les choses se sont un peu calmées maintenant, mais elles ne feront que se raviver lorsque la situation s'améliorera pour eux », a ajouté Smyth.

Sur la scène politique, le bras de fer qui oppose l'Iran et les États-Unis est lui aussi à un point critique.

Le Premier ministre désigné Moustafa Kadhemi prépare son cabinet, et des responsables américains doivent se rendre à Bagdad en juin pour des entretiens cruciaux.

Si Kadhemi échoue, a indiqué un diplomate occidental, les États-Unis pourraient juger le gouvernement irakien de manière irrémédiablement « hostile et pro-iranien » et imposer de nouvelles sanctions.

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