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Les activistes et les journalistes irakiens restent des cibles

Faris al-Omran

L'activiste irakienne Anouar Jassim Mahwous a été assassinée le 5 avril par des hommes armés non identifiés. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

L'activiste irakienne Anouar Jassim Mahwous a été assassinée le 5 avril par des hommes armés non identifiés. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Les activistes et les journalistes participant ou couvrant les manifestations en Irak continuent d'être pris pour cible, dans ce qui semble être une campagne visant à museler toute critique vis-à-vis de l'ingérence iranienne en Irak, ont expliqué des spécialistes à Diyaruna.

Le 5 avril dans la province d'al-Nasiriya, des hommes armés ont attaqué la maison de l'activiste Anouar Jassim Mahwous, connue sous le pseudonyme d'Um Abbas, et ont ouvert le feu, tuant Mahwous et blessant ses deux fils.

Mahwous était une activiste bien connue pour sa participation active aux manifestations, où elle préparait à manger pour les manifestants.

Son assassinat est le dernier d'une série d'attaques du même type qui se sont produites depuis le début des manifestations en octobre.

Les manifestants réunis sur la Place al-Nisoor dans le centre de Bagdad exigent des réformes et rejettent l'influence iranienne. [Diyaruna]

Les manifestants réunis sur la Place al-Nisoor dans le centre de Bagdad exigent des réformes et rejettent l'influence iranienne. [Diyaruna]

Les observateurs accusent les milices pro-iraniennes d'être responsables de ces incidents.

« Les milices armées sont derrière ces assassinats ciblés », a déclaré à Diyaruna le spécialiste en relations internationales irakien Hilal al-Obaidi.

Elles considèrent ces activistes et ces journalistes favorables au rejet par l'opinion de l'Iran et de l'influence de ses agents en Irak « comme une menace contre laquelle il faut lutter avec violence », a-t-il expliqué.

Tuer les opposants et terroriser les gens « est l'unique mode opératoire que connaissent ces groupes armés », a ajouté al-Obaidi.

Peu leur importe la menace du nouveau coronavirus (COVID-19), a-t-il ajouté. « Au contraire, elles exploitent cette pandémie pour commettre des crimes encore plus barbares contre des innocents et continuer d'appliquer leur agenda terroriste. »

Moins d'un moins avant l'assassinat de Mahwous, l'artiste Abdoul Qaddous Qasim et l'avocat Karar Adil avaient eux aussi été assassinés dans la ville d'al-Amara, dans la province de Maysan.

Des centres de détention secrets

« Ces assassinats ont été exécutés par d'influentes milices irakiennes, dont les plus importantes sont la Kataib Hezbollah et Asaib Ahl al-Haq », a expliqué le politologue et spécialiste Abdoul Qader al-Nayel à Diyaruna.

Ces actes de violence ont été dirigés de manière disproportionnée contre des activistes dans les provinces du sud par suite de la dénonciation par l'opinion de l'ingérence iranienne et de la corruption des milices et des partis politiques liés à l'Iran, a-t-il ajouté.

L'objectif qui se cache derrière ces crimes est de « réduire au silence et de répandre la peur », a-t-il poursuivi.

« Ces milices ne veulent pas que les Irakiens fassent entendre leurs voix ni expriment leur colère face aux atteintes à leurs droits, au pillage de leur économie au bénéfice de l'Iran et aux atteintes à leur souveraineté », a précisé al-Nayel.

Les groupes alignés sur l'Iran administrent aujourd'hui des prisons secrètes et des centres de détention dans les quartiers de Sadr al-Qanat et al-Dora à Bagdad, en plus de Jarf al-Nasr, anciennement connu sous le nom de Jarf al-Sakhr, a-t-il précisé.

« Ces centres sont peuplés de civils qui sont persécutés et détenus sans mandat légal ni chef d'accusation », a-t-il expliqué, soulignant que certains étaient morts dans ces centres sous la torture et du fait des mauvaises conditions de détention.

Les journalistes pris pour cibles

En plus des 27 activistes assassinés, 42 autres ont été enlevés par des groupes non identifiés. Parmi eux, deux journalistes de renom, Tawfeeq al-Tamimi et Mazin Lateef.

Ces enlèvements s'inscrivent dans le contexte d'une campagne de répression que mènent les milices contre les leaders de la contestation et contre les journalistes qui ont critiqué la violence de la réaction, a expliqué à Diyaruna le politologue Alaa al-Nashou.

Ces milices ont facilement recours aux assassinats de journalistes, a-t-il précisé, citant l'assassinat d'Ahmed Abdoul Samad, correspondant de la chaîne satellitaire Tigris, et du photographe Safaa Ghali alors qu'ils couvraient les manifestations à Bassorah.

Les agents de l'Iran veulent à tout prix protéger leurs intérêts économiques et politiques contre toute sorte de mouvement exigeant les droits du peuple et souhaitant faire valoir le respect de la loi et limiter la détention d'armes entre les seules mains de l'État, a-t-il ajouté.

Elles encouragent le chaos, car il garantit leur survie et leur permet de poursuivre leurs activités illicites, a ajouté al-Nashou.

Ces gens ne devraient pas continuer à défier la loi en toute impunité, a-t-il conclu. « Les autorités compétentes devraient ouvrir des enquêtes transparentes et justes pour punir les auteurs responsables de ces assassinats et de ces enlèvements. »

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