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La crainte du coronavirus pousse des Syriens déplacés à revenir vers les foyers de tension

Waleed Abou al-Khair au Caire et AFP

Un DI syrien qui a décidé de rentrer dans son village natal dans la campagne du sud d'Idlib pour échapper à la surpopulation des camps de déplacés et au grave risque d'infection lié à la pandémie du coronavirus. [Photo fournie par Idlib Plus]

Un DI syrien qui a décidé de rentrer dans son village natal dans la campagne du sud d'Idlib pour échapper à la surpopulation des camps de déplacés et au grave risque d'infection lié à la pandémie du coronavirus. [Photo fournie par Idlib Plus]

Des centaines de Syriens déplacés entassés dans des camps proches de la frontière avec la Turquie rentrent dans leurs villages dans le sud d'Idlib et l'ouest d'Alep par crainte de contracter le nouveau coronavirus (COVID-19), indiquent des activistes et des habitants locaux.

Hassan Khraiby, 45 ans, a décidé de rentrer chez lui à Ariha, dans le sud de la province d'Idlib, estimant que cela valait mieux que de risquer que ses dix enfants attrapent le coronavirus dans un camp de déplacé surpeuplé.

« Nous avions peur que le coronavirus se propage du fait de la forte surpopulation », a-t-il expliqué à l'AFP.

Comme d'autres, « nous avons décidé de rentrer, même si nos maisons ont été détruites ».

Des membres de la défense civile syrienne montent une tente dans un nouveau camp de DI installé pour alléger la surpopulation dans les principaux camps, dans le cadre des mesures prises pour empêcher la propagation du coronavirus. [Photo fournie par la défense civile syrienne]

Des membres de la défense civile syrienne montent une tente dans un nouveau camp de DI installé pour alléger la surpopulation dans les principaux camps, dans le cadre des mesures prises pour empêcher la propagation du coronavirus. [Photo fournie par la défense civile syrienne]

Des membres de la défense civile syrienne comblent les nids de poule provoqués par les missiles du régime syrien sur une route principale dans la campagne du sud d'Idlib, pour faciliter le retour des DI dans leurs régions. [Photo fournie par la défense civile syrienne]

Des membres de la défense civile syrienne comblent les nids de poule provoqués par les missiles du régime syrien sur une route principale dans la campagne du sud d'Idlib, pour faciliter le retour des DI dans leurs régions. [Photo fournie par la défense civile syrienne]

Aucun cas de COVID-19 n'a encore été déclaré dans le nord-ouest de la Syrie, mais les organisations humanitaires redoutent une pandémie dans le dernier bastion de l'opposition d'Idlib, qui serait catastrophique.

Elles mettent en garde sur le fait que le virus pourrait se propager dans les camps de déplacés internes (DI) surpeuplés, où il est difficile de maintenir une hygiène de base et où la distanciation sociale est quasi impossible.

Khraiby et se famille font partie des quelque un million de personnes qui avaient fui leurs maisons lors d'une offensive meurtrière du régime syrien appuyée par la Russie contre ce bastion de l'opposition en décembre, la plus importante vague de déplacement durant les neuf ans de guerre de cette guerre en Syrie.

Aujourd'hui, après quelques semaines seulement d'une trêve fragile entrée en vigueur lorsque la crise s'est transformée en pandémie, ils font partie des centaines de personnes à être rentrées à Ariha, certains pour y rester.

« Sérieuses difficultés » pour ces revenants

« Les régions rurales du sud d'Idlib et de l'ouest d'Alep connaissent un afflux inhabituel de DI malgré le fait que leurs villages soient situés non loin des positions tenues par les forces du régime syrien et leurs alliés et soient des points dangereux », a expliqué l'activiste d'Idlib Mousab Assaf à Diyaruna.

« Le calme relatif résultant de l'arrêt des opérations militaires a incité les civils à revenir, car beaucoup d'entre eux considèrent que le risque de rester dans les camps surpeuplés est plus important de celui de mourir sous les frappes aériennes et les bombardements du régime syrien et des forces russes », a-t-il poursuivi.

Toutefois, ces régions sont totalement inhabitables en raison des destructions massives qu'elles ont subies, a-t-il précisé.

Pour faciliter le retour de ces DI, la défense civile syrienne (les Casques blancs) répare les routes endommagées lors des bombardements et évacuent les gravas dans les zones partiellement détruites, a continué Assaf.

Environ 10 % des DI de la région ont quitté les camps, a-t-il expliqué, ajoutant que de nouveaux camps sont installés pour soulager la congestion de ceux qui restent.

« Ces revenants rencontrent de graves difficultés, notamment le fait que les infrastructures d'eau, d'électricité et d'assainissement ont été détruites », a expliqué Assaf.

« La plupart des commerces sont fermés après qu'ils ont été détruits ou que leurs propriétaires ont fui, ce qui complique énormément la recherche des produits de base ou de médicaments », a-t-il ajouté.

Lorsque le cessez-le-feu est entré en vigueur le 6 mars dans cette région largement dominée par les extrémistes, les habitants étaient très sceptiques sur le fait qu'il allait durer.

Mais il a tenu jusqu'à maintenant, alors que Damas tente de contenir un bilan d'au moins 29 cas, dont deux morts.

« Le régime et la Russie sont trop occupés par le coronavirus pour s'occuper de nous », a poursuivi Khraiby. « J'espère qu'ils le resteront encore longtemps. »

« Peur de revenir »

Non loin de là, Rami Abou Raed, 32 ans, pense lui aussi que le régime aurait repris les opérations militaires s'il n'y avait pas eu le virus, et pense que les attaques finiront par reprendre.

Ce père de trois enfants est rentré à Ariha la semaine dernière, craignant que ses enfants ne contractent le nouveau coronavirus dans les camps plus au nord.

« Le nord est aujourd'hui totalement surpeuplé. Les gens vivent les uns sur les autres », a-t-il expliqué. « J'avais peur pour mes enfants, et j'ai donc décidé de rentrer à Ariha. »

À proximité, quelques petits camions reviennent aussi, de vieux matelas empilés à l'arrière.

Dans un bâtiment endommagé, des ouvriers posent des blocs de ciment pour boucher un trou béant dans un mur.

Sur les décombres d'un autre, des hommes utilisent des massues sur ce qu'il reste d'un dernier étage effondré.

Yahya, 34 ans, a expliqué être revenu pour aider les gens à reconstruire leurs maisons, mais il hésite à faire revenir sa femme et ses trois enfants, ou une partie de leurs meubles.

« Les gens ont peur de revenir », a-t-il indiqué, debout dans son petit atelier, avec quelques marchandises suspendues le long du mur.

« Le régime pourrait à tout moment rompre la trêve, reprendre sa progression ou nous bombarder à nouveau. »

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