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Sécurité

Les Irakiens favorables à la fermeture des frontières avec l'Iran pour contenir le coronavirus

Faris al-Omran

Un employé de l'aéroport international de Bagdad teste les voyageurs au nouveau coronavirus le 1er mars. [Photo extraite du site web de l'aéroport international de Bagdad]

Un employé de l'aéroport international de Bagdad teste les voyageurs au nouveau coronavirus le 1er mars. [Photo extraite du site web de l'aéroport international de Bagdad]

Les Irakiens ont salué la décision de leur gouvernement de fermer la frontière avec l'Iran, où les cas d'infections au nouveau coronavirus (COVID-19) et de décès ont atteint des niveaux alarmants.

L'Irak avait fermé sa frontière de 1 500 kilomètres avec l'Iran à la mi-mars et déployé ses troupes pour faire appliquer cette décision.

Dimanche 22 mars, l'Irak a imposé un confinement total dans tout le pays jusqu'au 28 mars pour combattre le virus.

La plupart des provinces irakiennes ont imposé des couvre-feux locaux, mais ces nouvelles mesures concernent cette fois l'ensemble du pays, conformément à une nouvelle décision de la cellule de crise du gouvernement.

Un guide de santé explique aux Irakiens la transmission du nouveau coronavirus et les mesures de prévention en place pour éviter qu'il ne se transmette, le 13 mars. [Photo fournie par le ministère irakien de la Santé]

Un guide de santé explique aux Irakiens la transmission du nouveau coronavirus et les mesures de prévention en place pour éviter qu'il ne se transmette, le 13 mars. [Photo fournie par le ministère irakien de la Santé]

Les écoles, les universités et les autres lieux de rassemblement resteront fermés, de même que les nombreux aéroports internationaux du pays, a-t-il ajouté.

L'Irak a enregistré à ce jour 316 cas du virus et 27 décès.

Les milices tentent de maintenir la frontière ouverte

Les milices irakiennes alignées sur l'Iran ne devraient pas être autorisées à exercer des pressions sur le gouvernement pour qu'il revienne sur sa décision de fermer la frontière, ont expliqué des citoyens à Diyaruna, ni à retarder la mise en œuvre de mesures de précaution qui aideront à contenir la propagation du COVID-19.

« Le virus s'est répandu en Iran et la menace qu'il fait peser [sur l'Irak] serait catastrophique si la frontière devait rester ouverte », a déclaré Ali Raji, un habitant de Bagdad.

« Les membres de ces milices ne se préoccupent pas de nos vies [...] Ils sèment la mort dans notre pays pour apaiser l'Iran et empêcher que ses intérêts économiques ne soient affectés par la fermeture de la frontière », a expliqué à Diyaruna un autre habitant de Bagdad, qui a demandé à garder l'anonymat.

Il a souligné l'importance qu'il y a à empêcher les milices pro-iraniennes d'influencer les décisions gouvernementales et à lutter contre leurs pressions visant à garder les frontières ouvertes et reprendre les échanges et le commerce entre les deux pays.

« Ces milices ne se préoccupent pas du sort du peuple irakien et ne cherchent qu'à servir les intérêts de l'Iran et à protéger leurs intérêts et leur influence », a indiqué le politologue Ghanim al-Abed.

« Ces groupes sont responsables d'avoir pris de nombreuses vies innocentes, d'avoir incité à la violence et d'avoir commis de nombreux crimes et massacres », a-t-il déclaré à Diyaruna.

« Je ne m'attends pas à ce qu'ils manifestent un quelconque intérêt pour la protection des Irakiens et du pays contre le coronavirus », a-t-il ajouté.

Al-Abed a indiqué que cinq passages frontaliers avec l'Iran avaient été fermés, mais il a rappelé que les milices contrôlent encore les points de franchissement non officiels qui restent ouverts entre les deux pays.

Les milices remettent en question toutes les décisions et les mesures gouvernementales qui ont trait à la lutte contre le coronavirus, a-t-il indiqué.

Il a souligné que les membres de Saraya al-Salam, groupe lié à l'influent imam Moqtada al-Sadr, avaient autorisé un car transportant des passagers iraniens à entrer dans la ville de Samarra le 7 mars pour visiter des lieux saints en violation des instructions du gouvernement.

Les milices exercent également des pressions sur le gouvernement pour qu'il maintienne les vols en provenance et à destination de l'Iran, a-t-il ajouté.

Cela a incité des manifestants en colère à se rassembler dans l'aéroport de la ville de Nadjaf, dans le centre de l'Irak, le 14 mars pour exiger sa fermeture, selon al-Abed.

Les Irakiens mécontents des ingérences iraniennes

Al-Abed a indiqué que les Irakiens souffrent déjà des ingérences du régime iranien dans les affaires de leur pays et de ses efforts de déstabilisation de la situation sécuritaire et politique.

Ils n'ont pas besoin que le régime et ses agents ajoutent à leurs souffrances d'une manière qui pourrait menacer leurs vies, a-t-il ajouté.

« Dès le début, les dirigeants iraniens ont dissimulé les faits liés au nombre de personnes infectées et de morts dans leur pays, et le nombre de cas a augmenté de manière alarmante », a expliqué le politologue et chercheur Abdoul Qader al-Nayel.

« Ils n'ont pris aucune mesure sérieuse pour contenir le virus et empêcher sa propagation, et n'ont pas fermé les frontières », a-t-il ajouté à Diyaruna.

« En raison de la politique arrogante de ses dirigeants et de son mépris pour la vie de ses propres citoyens, l'Iran est devenu l'épicentre de la pandémie et malgré cela, ils restent déterminés à mentir et à tromper les gens », a poursuivi al-Nayel.

Lors d'une récente visite en Irak, le secrétaire général du Conseil suprême iranien Ali Shamkhani a souligné la volonté de Téhéran d'aider le gouvernement irakien à lutter contre le virus.

Ces déclarations ont suscité de nombreuses critiques en Iran, a poursuivi al-Nayel, mais également en Irak, où les habitants se demandent « comment le régime iranien peut les aider alors qu'il n'a pas réussi à gérer la crise dans son propre pays ».

Lundi 23 mars, le secrétaire d'État américain Mike Pompeo a critiqué le Guide suprême iranien déclarant que ses « mensonges » mettaient le monde en grand danger.

« Le régime continue de mentir au peuple iranien et au monde à propos des nombres de cas et de décès, qui sont malheureusement bien plus élevés que ce qu'admet le régime », a conclu Pompeo.

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