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Les Syriens inquiets de la propagation du coronavirus

Waleed Abou al-Khair au Caire

Un bus de la ville de Deir Ezzor transporte des Irakiens et des Iraniens en Syrie. [Photo fournie par l'Euphrates Post]

Un bus de la ville de Deir Ezzor transporte des Irakiens et des Iraniens en Syrie. [Photo fournie par l'Euphrates Post]

Les habitants des zones de Deir Ezzor en Syrie contrôlées par des milices affiliées au Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) en Iran expriment leur inquiétude face à la propagation anticipée du coronavirus (COVID-19), a rapporté un militant local.

Bien que la Syrie n'ait encore confirmé aucun cas de coronavirus, plusieurs sources indiquent que le virus, qui a déjà atteint la plupart des régions du monde, se propage en Syrie.

Les habitants de la province de l'est, qui borde l'Irak, craignent que les milices soutenues par l'Iran ne propagent le virus en Syrie, a indiqué le militant de Deir Ezzor Jamil al-Abed.

Les miliciens circulent librement entre l'Iran, l'Irak et la Syrie en utilisant les différents points de passage qu'ils contrôlent, sans être soumis à des tests médicaux, a-t-il fait savoir à Diyaruna, faisant craindre que le coronavirus ne traverse la frontière avec eux.

Une rue de Deir Ezzor pratiquement vide, alors que les craintes grandissent quant à la propagation du coronavirus. [Photo fournie par l'Euphrates Post]

Une rue de Deir Ezzor pratiquement vide, alors que les craintes grandissent quant à la propagation du coronavirus. [Photo fournie par l'Euphrates Post]

Javaid Rehman, rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l'homme en Iran, a déclaré mardi 10 mars que la réponse à l'épidémie mortelle en Iran, l'un des foyers les plus importants après la Chine d'où la maladie est originaire, a été « insuffisante et trop tardive ».

L'Iran a annoncé vendredi que 85 autres personnes étaient décédées du virus, le plus grave bilan en une journée, ce qui porte le nombre total de décès dans la République islamique à 514, sur un total de 11 364 infections.

À Deir Ezzor, a déclaré al-Abed, il est devenu évident que les civils ne souhaitent pas entrer en contact ou interagir avec des éléments des milices alignées sur l'Iran.

En plus d'exprimer leur inquiétude quant à la propagation du virus par les miliciens en Syrie, a-t-il continué, les habitants ont noté que les rapports officiels concernant la propagation du virus en Syrie sont délibérément vagues.

On craint que le régime cache ou dissimule des informations sur la propagation du virus, a-t-il précisé, et qu'il ne prenne pas de mesures de prévention ou de protection pour l'empêcher de s'installer en Syrie.

Préoccupations sur les contrôles aux frontières

Des contrôles stricts sont appliqués du côté irakien du poste-frontière d'Albou Kamal pour les civils et les activités commerciales, a rapporté al-Abed, notant que la frontière a été fermée pendant un certain temps à titre préventif.

Mais au passage contrôlé par le CGRI, le trafic se poursuit comme d'habitude, a-t-il fait savoir, et il n'y a aucun contrôle médical.

Les inquiétudes se sont accrues en Syrie, a-t-il déclaré, lorsque les médias ont fait savoir que le directeur de l'hôpital al-Mujtahid à Damas a déclaré que son établissement avait connu des infections au coronavirus.

Il a ensuite fait l'objet de pressions pour apparaître à la télévision d'État et nier l'existence de tels cas, selon des médias locaux.

Les autorités syriennes ont pris des mesures de précaution dans les zones frontalières avec la Jordanie et l'Irak, a noté al-Abed, mais n'en ont pris aucune en ce qui concerne les vols à destination et en provenance de l'Iran ou les passages terrestres illégaux.

Cela témoigne d'un mépris pour la vie des civils dans les zones contrôlées par les milices, à un moment où tous les pays prennent des mesures de précaution, a-t-il déclaré.

Al-Abed a accusé le régime syrien de gérer la crise de la même façon qu'elle a été traitée par les autorités iraniennes, ce qui a permis au virus de se propager largement dans toutes les régions de ce pays.

Prévention d'une épidémie à Idlib

Entre-temps, les organismes d'aide s'efforcent de prévenir une épidémie de coronavirus dans la province d'Idlib, où les infrastructures sanitaires dévastées et les déplacements massifs font de l'endiguement une tâche presque impossible, a rapporté l'AFP.

Le porte-parole de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) Hedinn Halldorsson a averti dimanche que le « fragile système de santé syrien pourrait ne pas avoir la capacité de détecter et de répondre » à une épidémie.

Le risque d'une épidémie est particulièrement élevé et très alarmant dans le nord-ouest de la Syrie, où près d'un million de personnes ont été déplacées depuis décembre par une offensive du régime soutenue par la Russie.

Les camps surpeuplés regorgent de nouveaux arrivants, et beaucoup dorment encore à l'extérieur dans un froid glacial.

Les installations médicales ont été ciblées lors de la dernière campagne de bombardement, ce qui a encore réduit la capacité d'un système de santé ravagé par des années de conflit.

Un accord de cessez-le-feu russo-turc est entré en vigueur vendredi, apportant un calme relatif à Idlib pour la première fois depuis des mois.

Mais beaucoup craignent que les combats finissent par reprendre, ce qui constituerait un nouveau défi aux efforts visant à prévenir une épidémie de COVID-19.

Misty Buswell, de l'International Rescue Committee (IRC), a déclaré que la situation à Idlib était « particulièrement propice à une propagation » du virus.

« Une épidémie serait dévastatrice pour des milliers de personnes dont l'état de santé est déjà compromis en raison du manque de nourriture, d'eau propre et de l'exposition au froid », a-t-elle déclaré.

Buswell a déclaré que l'IRC se concentre sur la prévention de l'arrivée de la maladie, mais que l'organisation travaillera avec les « acteurs sanitaires locaux » pour répondre à toute épidémie.

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