Le retour de la sécurité dans la province de Ninive après la défaite de « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) facilite la reprise de la productivité agricole, grâce aux aides du gouvernement en direction des agriculteurs.

L'an dernier, Ninive s'est classée numéro un au plan national pour la production de cultures agricoles stratégiques, selon Duraid Hikmat, directeur du Département de l'agriculture de Ninive.

« Nous avons réussi à vendre un million de tonnes de blé et près de 700 000 tonnes d'orge », a-t-il déclaré à Diyaruna. « Cela a permis à notre province de se classer première au niveau national pour la production de ces deux cultures, en plus de l'excellente production de maïs jaune, de quelque 87 000 tonnes. »

« Les destructions massives causées par les terroristes dans le secteur agricole se sont estompées grâce aux efforts incessants du gouvernement pour réhabiliter les terres agricoles et les projets agricoles endommagés », a-t-il ajouté.

« Après la fin de l'ère du terrorisme, le ministère de l'Agriculture a encouragé les agriculteurs à reprendre l'exploitation de leurs terres en leur fournissant des engrais et des fertilisants à des prix subventionnés, ainsi que des pesticides exempts de taxes », a-t-il poursuivi.

« Le ministère a également proposé des moissonneuses, des rampes d'arrosage et divers autres matériels agricoles par le biais de paiements par tranches qui peuvent être remboursés en dix ans, en plus de l'achat des récoltes aux agriculteurs à des prix compétitifs », a continué Hikmat.

Surmonter les défis

Si l'on assiste à « une reprise de l'activité agricole », de sérieux défis demeurent cependant, a expliqué Hikmat.

Quelques-uns de ces défis tiennent aux « mines enterrées par l'EIIS sur une superficie d'un million d'acres de sols fertiles dans la province, qui empêchent la mise en culture de ces terres », a-t-il expliqué.

À cet égard, les autorités compétentes poursuivent le déminage de ces terres et les débarrassent des explosifs qu'elles contiennent.

Un autre défi tient au fait que certains agriculteurs sont incapables de retourner dans leurs exploitations dans certains villages de Ninive, en particulier à Hatra et Makhmour, pour des raisons de sécurité, a-t-il ajouté.

« Nous nous efforçons toutefois d'alléger en permanence les inquiétudes de la population locale et de souligner la stabilité retrouvée », a-t-il indiqué.

Hikmat a appelé à venir en appui aux projets liés à l'élevage de la volaille, du bétail, à la pisciculture et à l'apiculture en fournissant des prêts à faible taux d'intérêt pour aider encore plus d'agriculteurs à redémarrer leurs activités.

Développement agricole post-EIIS

D'autres régions d'Irak sont également le théâtre de progrès dans le secteur agricole.

L'amélioration de la sécurité par suite des opérations militaires intensives contre les résidus de l'EIIS a incité plus d'agriculteurs déplacés à revenir dans leurs villages dans les provinces de Kirkouk, de l'Anbar et de Salaheddine et à y redémarrer leurs exploitations.

Ces deux dernières années, plus de 8 000 agriculteurs sont rentrés dans la province de Diyala pour y reprendre leurs exploitations.

« Les efforts de réhabilitation du secteur agricole dans les provinces qui avaient souffert du terrorisme suivent un rythme accéléré et positif », a expliqué à Diyaruna Hameed al-Nayef, porte-parole du ministère de l'Agriculture.

« Après la libération, nous avons lancé des plans ambitieux de développement du secteur en apportant un soutien et une orientation aux agriculteurs et en les aidant à se réapproprier leurs terres, en plus de remettre en état les infrastructures et les projets agricoles et d'élevage affectés », a-t-il précisé.

Al-Nayef a confirmé que le ministère poursuit ses plans qui ont, a-t-il souligné, atteint « l'autosuffisance pour la production de blé et d'orge ».

« Nous sommes parvenus à l'autosuffisance pour dix cultures et produits agricoles et avons commencé à les exporter, notamment des aubergines, des grenades, des dattes et plusieurs types de cuirs », a-t-il ajouté.

« Nous avons également interdit les importations d'œufs, de volailles et de poissons que nous produisons localement en abondance, et nous pouvons désormais protéger la production nationale contre la concurrence », a-t-il ajouté.

Besoin d'une nouvelle politique agricole

« L'an passé, l'Irak a réussi à cultiver 13 millions d'acres, auxquels se sont ajoutés 16 millions d'acres cette année par suite de la reprise de l'activité agricole dans les régions libérées, couplée à d'abondantes précipitations », a précisé l'expert en agriculture Adel al-Mukhtar.

« Malgré cette reprise de la production, différents défis attendent encore le secteur agricole, notamment l'incapacité à totalement éradiquer la contrebande de produits agricoles et alimentaires dans le pays, qui affecte notre production nationale », a-t-il expliqué à Diyaruna.

Il a exhorté à l'adoption d'une nouvelle politique agricole qui prenne en compte le développement de l'industrie du bétail, et traite du gaspillage de l'eau et de la gestion de l'eau par des méthodes d'irrigation modernes.