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Sécurité

La Turquie cherche à désamorcer les tensions avec la Russie en Syrie

Waleed Abou al-Khair au Caire et l'AFP

Des véhicules militaires appartenant à des groupes d'opposition syriens favorables à la Turquie se dirigent vers les zones où des combats féroces ont eu lieu contre les forces du régime et les milices prorégime. [Photo fournie par Syrian Reporter]

Des véhicules militaires appartenant à des groupes d'opposition syriens favorables à la Turquie se dirigent vers les zones où des combats féroces ont eu lieu contre les forces du régime et les milices prorégime. [Photo fournie par Syrian Reporter]

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé vendredi 21 février à une « action concrète » pour empêcher une crise dans le dernier bastion de l'opposition en Syrie, lors d'un appel téléphonique avec ses homologues français et allemand.

Une crise humanitaire a éclaté dans la province d'Idlib, dans le nord-ouest du pays, alors que le régime syrien, soutenu par des frappes aériennes russes, poursuit une offensive qui a forcé près d'un million de civils à fuir leurs foyers.

Lors d'un appel téléphonique avec la chancelière allemande Angela Merkel et le président français Emmanuel Macron, Erdogan a « souligné la nécessité de mettre fin à l'agression du régime et de ses partisans à Idlib », a rapporté la présidence.

Erdogan a également souligné la nécessité d'apporter « un soutien fort par des actions concrètes afin d'empêcher une crise humanitaire ».

Des combattants de Tahrir al-Sham se préparent à se déployer dans la ville syrienne d'al-Nairab, où d'intenses combats ont lieu. [Photo tirée du compte Telegram d'Idlib Reporter]

Des combattants de Tahrir al-Sham se préparent à se déployer dans la ville syrienne d'al-Nairab, où d'intenses combats ont lieu. [Photo tirée du compte Telegram d'Idlib Reporter]

Merkel et Macron se sont entretenus jeudi avec le président russe Vladimir Poutine, appelant à la fin des combats et souhaitant un sommet à quatre incluant Erdogan.

Dans leur appel téléphonique avec Poutine, Merkel et Macron ont également exprimé leur inquiétude face à une « catastrophe humanitaire ».

Les 27 dirigeants de l'UE ont condamné vendredi les attaques du régime syrien contre la ville d'Idlib, mettant en garde contre une catastrophe humanitaire.

« La nouvelle offensive militaire menée à Idlib par le régime syrien et ses partisans, qui provoque d'énormes souffrances humaines, est inacceptable », a déclaré le Conseil de l'UE, qui représente les 27 États membres de l'UE.

« L'UE demande instamment à tous les belligérants de respecter pleinement leurs obligations vis-à-vis des lois humanitaires internationales et des lois internationales des droits de l'homme, et de permettre un accès humanitaire direct et sans entrave à tous ceux qui sont dans le besoin », a-t-il ajouté.

Les affrontements opposant les forces turques et leurs alliés syriens aux forces prorégime ont fait 27 morts jeudi, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'homme.

Selon l'observatoire, au moins onze combattants prorégime et quatorze du côté de l'opposition ont été tués, ainsi que deux soldats turcs.

La Turquie a perdu seize soldats à Idlib ce mois-ci lors d'affrontements avec les forces du régime, et a renforcé ses positions tout en appelant le régime à se retirer.

« Pas de confrontation » avec la Russie

La Turquie a déclaré jeudi qu'elle ne voulait pas de « confrontation » avec la Russie.

La Russie a entre-temps demandé à la Turquie de cesser d'armer les « terroristes », affirmant que des avions de guerre russes avaient frappé des groupes soutenus par Ankara dans la région d'Idlib.

Ankara nie les affirmations de Moscou selon lesquelles elle soutient les groupes extrémistes dans la région.

« Nous ne voulons pas de confrontation avec la Russie », a déclaré le ministre turc de la défense Hulusi Akar au diffuseur turc CNN, ajoutant que les discussions se poursuivraient avec les responsables russes.

L'une des questions abordées est l'espace aérien au-dessus d'Idlib et les attentes de la Turquie pour que la Russie ne s'en mêle pas, a indiqué Akar.

Il n'y a pas eu d'accord concret entre la Russie et la Turquie après deux séries de discussions entre leurs délégations respectives à Ankara et Moscou au début de ce mois.

Ankara insiste sur le fait qu'elle veut éviter une catastrophe humanitaire, mais souhaite aussi éviter l'afflux de réfugiés en Turquie, qui accueille déjà 3,6 millions de Syriens.

Le ministère turc de la Défense a indiqué avoir agit en représailles contre les forces du régime jeudi, avec « plus de 50 éléments du régime, cinq chars, deux véhicules blindés de transport de troupes, deux pick-up blindés et un obusier détruits ».

Des affrontements ont également été signalés entre les forces du régime et les combattants de l'opposition soutenus par la Turquie à al-Nairab, entre la ville d'Idlib et la ville de Saraqeb, selon l'observatoire.

Le régime chassé d'al-Nairab

Les milices d'opposition soutenues par la Turquie à Idlib, avec le soutien des forces turques, ont pris le contrôle de la ville d'al-Nairab, dans le sud-est d'Idlib, après avoir forcé les forces du régime syrien à se retirer, a déclaré à Diyaruna le militant d'Idlib Haisam al-Idlibi.

Les forces turques ont subi des tirs d'obus et des frappes aériennes russes qui ont tué deux de leurs soldats et blessé cinq autres, a-t-il rapporté.

L'incident s'est produit après une attaque contre al-Nairab par des groupes d'opposition armés et Tahrir al-Sham, a-t-il fait savoir.

Al-Idlibi a déclaré que les forces turques ont fourni un soutien de missiles lourds et ont fait avancer des véhicules militaires vers les zones de combat afin de tenter de reprendre les zones que le régime avait capturées ces derniers jours.

L'emplacement d'al-Nairab est important, a-t-il expliqué, car elle se trouve sur un couloir stratégique vers la ville d'Idlib, le principal bastion de Tahrir al-Sham et d'autres groupes d'opposition.

« Le régime s'est retiré d'al-Nairab et les forces d'assaut sont entrées dans la ville, ont pris des positions au sud de celle-ci et mènent des opérations de ratissage », a rapporté al-Idlibi.

Les lourds combats, les bombardements et les frappes aériennes se poursuivent, a-t-il ajouté, et de nombreuses villes et villages d'Idlib subissent des frappes aériennes russes.

Parmi les blessés des combats en cours, on compte deux militants des médias, Ibrahim Darwish et Ahmed Rahal, qui ont été touchés par les éclats d'un missile tiré par un avion de guerre russe alors qu'ils couvraient le conflit, a-t-il déclaré.

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