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Sécurité

Les milices empêchent le retour des DI dans les plaines de Ninive

Omar Ali à Bagdad

Un Irakien sort des ordures de sa maison le 5 mai 2017 après son retour dans sa ville natale, dans la ville irakienne à prédominance chrétienne de Qaraqosh, qui se trouve à une trentaine de kilomètres à l'est de Mossoul. [Fadel Senna/AFP]

Un Irakien sort des ordures de sa maison le 5 mai 2017 après son retour dans sa ville natale, dans la ville irakienne à prédominance chrétienne de Qaraqosh, qui se trouve à une trentaine de kilomètres à l'est de Mossoul. [Fadel Senna/AFP]

Les habitants déplacés des plaines de Ninive se sont plaints que les milices soutenues par l'Iran et opérant sous les auspices des Forces de mobilisation populaire (FMP) les empêchent de rentrer chez eux.

Contraints de fuir la région du nord-est de Mossoul lors de l'incursion de « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS), beaucoup se rendent compte aujourd'hui que les milices qui prétendent les avoir « libérés » sont celles que les empêchent de revenir.

Les habitants de la région racontent que les membres des groupes minoritaires ont été harcelés par ces milices, qui ont également commis des infractions par rapport à leurs propriétés et leurs terres.

Pour attirer l'attention sur leur situation, des centaines d'habitants des plaines de Ninive, dont des chrétiens, des yézidis et des Kurdes, ont organisé une manifestation le 22 janvier devant le quartier général de la mission de l'ONU.

Ils ont appelé l'ONU à faire pression sur le gouvernement irakien pour qu'il retire les milices du FMP des plaines de Ninive.

Ils ont également remis à la mission de l'ONU une lettre dans laquelle ils se plaignent des pratiques provocatrices et illégales de ces milices, a fait savoir le manifestant Imad Zahran à Diyaruna.

Il a noté que les miliciens de la région, dont beaucoup sont des adolescents, ont mis en place des points de contrôle de sécurité non autorisés et font payer les véhicules et les piétons qui les traversent.

« Personne ne peut s'opposer à eux ou leur demander des comptes pour leurs actions », a-t-il déploré.

Cela crée un dangereux précédent, a-t-il poursuivi, demandant comment les habitants pourront protéger leur vie et leurs biens d'une autorité qui se considère comme au-dessus de l'État et des lois irakiennes.

Environ 3 000 familles déplacées des plaines de Ninive se sont abstenues de rentrer chez elles, a-t-il noté, non pas par peur de l'EIIS, mais pour éviter d'avoir à avoir affaire aux milices des FMP.

Sécurité instable, changement démographique

À cause de la présence des milices, la situation de sécurité dans les plaines de Ninive est devenue instable, a indiqué Sirwan Khoshnaw, qui a pris part aux récentes manifestations contre les milices.

Les miliciens n'ont pas apporté la sécurité, a-t-il déclaré à Diyaruna, et se sont plutôt concentrés sur la poursuite d'intérêts partisans et des intérêts personnels de leurs dirigeants.

« La situation de sécurité dans les plaines de Ninive était meilleure lorsque la région était sous le contrôle des forces peshmergas », a-t-il affirmé, ajoutant qu'à son avis celles-ci faisaient preuve d'un plus grand respect pour les droits des groupes minoritaires de la région.

Le nombre de personnes déplacées à l'intérieur du pays (DI) qui rentrent chez elles dans les plaines de Ninive, en particulier les membres de la minorité chrétienne, est très faible, a déclaré Evan Faeq, conseillère du gouverneur de Ninive.

Près de la moitié des habitants de Bartella dans les plaines de Ninive ne sont pas rentrés chez eux, a-t-elle déclaré à Diyaruna, et seulement 1 % des habitants de Tal Kayf sont revenus, ce qui est le plus faible pourcentage à ce jour.

Elle a averti que ce statu quo laisse présager un changement démographique qui pourrait mettre fin à la présence de nombreuses minorités religieuses et ethniques dans ces régions.

En août, Adel Abdoul Mahdi, alors Premier ministre, avait ordonné aux FMP de se retirer de tous ses points de contrôle dans la région des plaines de Ninive en raison du nombre croissant de plaintes déposées contre elles.

Mais des éléments de la 30e brigade des FMPS, dirigée par Waad Qado, qui figure sur une liste de sanctions américaines, ont refusé d'obtempérer et sont restés sur leurs positions contre la volonté du gouvernement.

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