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Droits de l'Homme

Les femmes irakiennes condamnent l'appel d'al-Sadr visant à interdire les manifestations mixtes

Faris al-Omran

Des Irakiennes manifestent sur la Place Tahrir à Bagdad, le 13 février pour condamner les déclarations de Moqtada al-Sadr et les campagnes de dénigrement en ligne qui les visent pour leur participation active aux manifestations. [Photo extraite de la page Facebook d'Anbar al-Hadath]

Des Irakiennes manifestent sur la Place Tahrir à Bagdad, le 13 février pour condamner les déclarations de Moqtada al-Sadr et les campagnes de dénigrement en ligne qui les visent pour leur participation active aux manifestations. [Photo extraite de la page Facebook d'Anbar al-Hadath]

Des centaines de femmes irakiennes ont organisé une marche mercredi 19 février dans la ville sainte de Nadjaf pour insister sur leur droit à jouer un rôle central dans le mouvement protestataire qui balaie le pays.

« Aucune voix ne saurait museler la voix des femmes », a déclaré l'une des marcheuses, Saba, 22 ans, réagissant à un appel lancé la semaine dernière par l'influent religieux chiite Moqtada al-Sadr contre les manifestations mixtes.

« Nous avons commencé à manifester pour faire tomber le régime. Maintenant nous organisons des marches entièrement féminines, parce qu'ils nous ont insultées », a-t-elle déclaré à l'AFP.

Nada Qassem, professeure d'université âgée d'une cinquantaine d'années, a elle aussi centré ses critiques sur al-Sadr, qui avait au départ apporté son soutien aux manifestations de rue, mais s'était ensuite opposé à elles pour un usage prétendu de drogues et d'alcool par les manifestants.

Des Irakiennes manifestent sur la Place Tahrir à Bagdad, le 13 février pour condamner les appels de Moqtada al-Sadr à empêcher les manifestations mixtes. [Photo extraite de la page Facebook de Bagdad]

Des Irakiennes manifestent sur la Place Tahrir à Bagdad, le 13 février pour condamner les appels de Moqtada al-Sadr à empêcher les manifestations mixtes. [Photo extraite de la page Facebook de Bagdad]

« Nous sommes libres. Nous ne suivons pas les ordres d'un religieux, et nous ne nous arrêtons pas suite à un décret », a déclaré Qassem, elle-même blessée par les partisans d'al-Sadr lors des attaques contre les manifestants anti-gouvernement.

La marche de ce mercredi fait suite à une autre, jeudi dernier, au cours de laquelle des centaines d'Irakiennes de tous âges avaient envahi les rues du centre de Bagdad aux côtés de manifestants hommes, défiant l'ordre d'al-Sadr de séparer les sexes lors des manifestations.

Al-Sadr avait tweeté le 8 février que les manifestants doivent « observer la charia et les règles sociales » et ne pas « se mêler aux membres de l'autre sexe dans les tentes de la contestation ».

Et peu avant que ne s'élance la marche des femmes de jeudi, al-Sadr était revenu sur Twitter pour s'en prendre aux manifestations, les accusant d'être des lieux de « nudité, promiscuité, ivrognerie, immoralité, débauche [...] et de non-croyants ».

Vêtues de violet, de rose et de rouge, les femmes ont brandi des pancartes et chanté des slogans défendant leur rôle dans ces manifestations et condamnant les campagnes de diffamation dont elles font l'objet, en particulier sur les réseaux sociaux.

« Moteur des manifestations »

« Les manifestantes portaient des messages dénonçant l'oppression et les abus dont elles sont victimes et confirmant qu'elles se tiennent aux côtés de leurs frères masculins et continueront de participer au mouvement de contestation », a indiqué l'activiste Bushra al-Obeidi, ancienne membre de la Commission irakienne pour les droits de l'homme.

« Les femmes ont joué un rôle majeur dans les manifestations en dirigeant des rassemblements de jeunes, en se portant volontaires comme aides médicales et en équipant les lieux des manifestations avec de la nourriture et des équipements logistiques », a expliqué al-Obeidi, qui a pris part aux manifestations de Bagdad.

« Le mouvement de protestation des femmes est remarquable en ce qu'il a réussi à faire tomber toutes les barrières du retard et de l'ignorance », a-t-elle déclaré. « Les femmes ont pu faire entendre leur voix, démontrer qu'elles existent et prouver leur combat pour l'égalité et la justice. »

Ce mouvement rencontre en face de lui « des campagnes de dénigrement destinées à exclure les femmes des manifestations en les ciblant, en ternissant leur réputation et en montant l'opinion publique contre elles », a expliqué al-Obeidi à Diyaruna.

Les femmes ont défilé à Bagdad et dans le reste des provinces sous la garde de manifestants masculins qui formaient un cordon de protection autour d'elles, a expliqué al-Obeidi.

« Les femmes sont représentées en grand nombre dans toutes les manifestations et ont fait preuve d'un grand courage pour défendre la cause de leur pays et exiger les droits publics », a expliqué l'activiste Layla al-Barzanchi, directrice de Jud, une organisation humanitaire basée à Mossoul.

« Les récentes manifestations de femmes confirment que les femmes ne reviendront pas aux mœurs du passé ni ne renonceront à leur statut social sous quelque pression ou extorsion que ce soit », a-t-elle déclaré à Diyaruna.

« Elles resteront le principal moteur des manifestations. »

« Les femmes irakiennes ont fait face à de nombreuses campagnes abusives destinées à marginaliser leur rôle, dont la dernière était cette campagne visant à saper la crédibilité des femmes candidates lors des dernières élections parlementaires », a expliqué al-Barzanchi.

Mais les femmes « ont retrouvé grâce aux manifestations leur confiance en soi et leur aptitude à participer à construire un nouveau futur pour leur pays ».

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2 COMMENTAIRE (S)
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Vive les femmes irakiennes!

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Ce rapport est incorrect et hostile. Les marches organisées jeudi étaient peu nombreuses, mais les manifestations organisées vendredi ont soutenu al-Sayyid Moqtada al-Sadr, et elles montrent comment les femmes irakiennes observent le voile. Quant aux manifestations qui ont été organisées mercredi, elles ont commémoré le martyre d'al-Sayyid Mohamed Mohamed Sadeq al-Sadr.

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