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Des organisations irakiennes aident les enfants traumatisés par le terrorisme

Khalid al-Taie

Un activiste travaille avec des enfants irakiens à l'école Abdoul Qadir al-Obaidi de Mossoul pour traiter les effets du terrorisme et promouvoir l'harmonie et la paix parmi les élèves, sur cette photo postée le 3 février 2017. [Photo fournie par le Réseau des organisations de la société civile de Ninive]

Un activiste travaille avec des enfants irakiens à l'école Abdoul Qadir al-Obaidi de Mossoul pour traiter les effets du terrorisme et promouvoir l'harmonie et la paix parmi les élèves, sur cette photo postée le 3 février 2017. [Photo fournie par le Réseau des organisations de la société civile de Ninive]

La guerre et le terrorisme ont laissé leur marque indélébile sur les enfants irakiens qui, plus de deux ans après que l'Irak a été libéré de « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS), souffrent encore des effets psychologiques de cette invasion.

Les organisations de la société civile locale travaillent ensemble pour traiter ces enfants qui souffrent de syndrome de stress post-traumatique (SSPT) par suite d'expériences liées au conflit.

Maryam, une fillette de Mossoul âgée de 11 ans, menait une vie normale avant que l'EIIS ne s'empare de Mossoul et « nous terrorise », a expliqué son père Mithaq Ali.

« Cela a entraîné notre déplacement, avec toutes ses difficultés, qui se sont progressivement fait ressentir sur la santé de ma fille », a-t-il indiqué à Diyaruna.

Des enfants irakiens de la province de Ninive jouent avec des Lego dans un camp de déplacés à Bagdad. [Photo fournie par l'UNICEF]

Des enfants irakiens de la province de Ninive jouent avec des Lego dans un camp de déplacés à Bagdad. [Photo fournie par l'UNICEF]

« Elle était effrayée et se mettait à pleurer sans raison, et passait la plupart de son temps murée dans son silence. »

« Après la libération, nous sommes rentrés et son état a commencé à s'améliorer après qu'elle eut repris l'école et fut inscrite à un programme de réadaptation psychologique », a-t-il ajouté. « J'espère qu'elle continuera à aller mieux. »

Les enfants face à la peur et à la dépression

Jud, une organisation humanitaire basée à Mossoul consacrée au développement et à la reconstruction, est l'une des nombreuses organisations de la société civile qui traitent les enfants irakiens souffrant de problèmes de santé mentale.

« Nous traitons plusieurs cas, dont certains sont légers tandis que d'autres exigent un traitement plus long », a expliqué Layla al-Barazanchi, la directrice de Jud.

« Les cas les plus graves concernent la dépression et une peur non naturelle par suite d'un choc horrible ou d'une stimulation répétée », a-t-elle précisé à Diyaruna.

« Par exemple, nous avions le cas d'une fillette qui hurlait et se cachait dès qu'elle entendait un bruit fort, et une autre qui avait des problèmes de santé physique engendrés par la peur », a-t-elle poursuivi.

Jud travaille avec les organisations locales et l'UNICEF pour fournir à ces enfants des espaces accueillants dans les écoles de Mossoul.

Ces espaces, ouverts dans 25 écoles, attirent chacun entre 20 et 30 enfants qui ont connu des événements choquants, par exemple qui ont été témoins ou ont acteurs d'actes de violence ou ont été terrorisés en permanence.

« Nous avons obtenu des résultats positifs dans le traitement de plusieurs cas grâce à ces espaces, qui procurent aux enfants une chance de s'amuser et de se sentir en sécurité et intégrés », a continué al-Barazanchi.

« Toutefois, certains de ces enfants ont affiché une réponse plus lente et nécessitent une période de traitement plus longue dans un cadre propice à la réinsertion », a-t-elle ajouté.

Les enfants de l'EIIS sont ceux qui souffrent le plus

Nouha Derwish, qui enseigne la psychologie à l'université de Bagdad et a participé au traitement de plus de 300 enfants souffrant des effets du terrorisme, a expliqué que ce sont les enfants qui sont les plus susceptibles de ressentir les effets de la peur.

« Les scènes de violence qu'un jeune esprit ne peut concevoir s'incrustent dans leur imagination, et deviennent par la suite des complexes de peur ou des phobies profondément enracinés », a-t-il poursuivi.

Elle a souligné que « plusieurs cas se sont rapidement remis et ont pu rebondir, mais que d'autres nécessitent un soutien psychologique plus prononcé, ce qui appelle à l'ouverture de plus de centres spécialisés pour traiter de tels cas ».

« Les enfants des combattants de l'EIIS, qui se trouvaient au cœur même des violences, ont souffert des effets psychologiques du terrorisme les plus dévastateurs », a ajouté Derwish.

« La peur a été implantée dans l'esprit de ces enfants par leurs parents qui pensent que la violence est une forme de comportement légitime, et que les enfants redoutent les conséquences d'une non-obéissance aux ordres de leurs parents », a-t-elle précisé.

De plus, les enfants qui ont vécu pendant longtemps dans des camps de déplacés ont dû y endurer les effets de l'isolement et un sentiment d'oppression.

À son tour, cela a renforcé les désordres psychologiques dont ils peuvent souffrir et les rendre « plus susceptibles de ressentir des sentiments de haine et de vengeance à l'égard de la société », selon Derwish.

Collaboration entre organisations de la société civile

Derwish a appelé à un renforcement de la collaboration entre les organisations de la société civile et le gouvernement afin d'intégrer les efforts et mettre au point des programmes de traitement adaptés à chaque cas, en fonction de sa nature et de sa gravité.

Mouhannad al-Awmari, responsable média pour le Réseau des organisations de la société civile de Ninive, a expliqué que les 56 organisations de la société civile membres de ce réseau collaborent et organisent des activités de réhabilitation psychologique conjointes à destination des enfants de Ninive.

« Ces six derniers mois, notre réseau s'est attaché à fournir toute une gamme de services à près de mille enfants », a-t-il expliqué à Diyaruna.

« Nous offrons au moins trois cours hebdomadaires à une vingtaine d'enfants par cours », a-t-il poursuivi.

L'objectif de ces cours, selon al-Awmari, est « d'effacer les images du terrorisme de la mémoire de ces enfants et de leur enseigner le concept de la paix ».

Ils offrent également « des programmes de sensibilisation, récréatifs et de renforcement des capacités conçues pour évacuer les inquiétudes et la peur de leur esprit », a-t-il conclu.

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