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Les spécialistes rejettent l'argument d'une « mission diplomatique » de Soleimani

Faris al-Omran à Bagdad

L'ancien commandant de la force al-Qod du CGRI Qassem Soleimani a été tué lors d'une frappe américaine à Bagdad le 3 janvier. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

L'ancien commandant de la force al-Qod du CGRI Qassem Soleimani a été tué lors d'une frappe américaine à Bagdad le 3 janvier. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Les spécialistes de la région ont fermement réfuté l'explication mise en avant par l'Iran sur la présence à Bagdad du commandant de la force al-Qod du Corps des Gardiens de la révolution islamique, Qassem Soleimani, au moment de sa mort.

Après que Soleimani a été tué par une frappe américaine le 3 janvier, le ministre iranien des Affaires étrangères Javad Zarif a indiqué que le commandant de la CGRI-FQ s'était rendu à Bagdad en mission diplomatique.

Cette version a été reprise et amplifiée par le Premier ministre intérimaire irakien Adel Abdoul Mahdi, qui a affirmé que Soleimani était venu en Irak en capacité diplomatique, porteur d'un message du régime iranien à l'Arabie saoudite.

Le gouvernement irakien avait accepté de faire office de médiateur entre les deux rivaux, a-t-il ajouté.

Le convoi à bord duquel se trouvait le commandant de la CGRI-FQ Qassem Soleimani était en mouvement lorsqu'il a été touché par une frappe américaine près de l'aéroport de Bagdad le 3 janvier. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Le convoi à bord duquel se trouvait le commandant de la CGRI-FQ Qassem Soleimani était en mouvement lorsqu'il a été touché par une frappe américaine près de l'aéroport de Bagdad le 3 janvier. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Mais selon les responsables internationaux et les spécialistes des affaires régionales, il est difficile de croire que Soleimani se serait rendu à Bagdad en mission diplomatique.

Ils ont souligné qu'il avait été l'architecte et le cerveau à l'origine de l'agression iranienne dans la région, via ses intermédiaires armés en Irak et ailleurs, et noté que l'ancien commandant de la CGRI-FA n'était pas un faiseur de paix.

Le secrétaire d'État américain Mike Pompeo s'est moqué de l'affirmation de Zarif selon laquelle Soleimani était en mission diplomatique lorsqu'il se trouvait à Bagdad :

« Y a-t-il quelqu'un ici pour le croire ? Existe-t-il un quelconque document laissant entendre qu'il serait possible, même de très loin, que ce gentil gentleman, ce diplomate de grand renom Qassem Soleimani s'était rendu à Bagdad dans l'intention d'y conduire une mission de paix ? »

Pompeo a rejeté l'histoire selon laquelle Soleimani s'était déplacé pour participer à un accord de paix appuyé par le gouvernement arabe saoudien, a rapporté l'AFP.

« Nous savons que ce n'était pas le cas », a-t-il poursuivi, soulignant que les Saoudiens partageraient cette vision.

L'Iran derrière les attaques meurtrières

L'Iran est responsable de toutes les récentes attaques au missile contre des bases militaires irakiennes abritant des forces américaines et de la coalition internationale et l'ambassade des États-Unis à Bagdad, a expliqué à Diyaruna le politologue Anmar al-Duroubi.

Ces attaques « ont été l'œuvre de l'Iran, directement ou non, via ses milices », a-t-il ajouté, soulignant que Soleimani contrôlait ces milices et serait à l'origine des ordres.

En sa qualité de commandant de la force al-Qod, Soleimani était responsable des opérations extérieures du CGRI et a été l'architecte des ingérences iraniennes dans les affaires régionales et le cerveau des attaques de miliciens en Irak et dans la région, a poursuivi al-Duroubi.

Soleimani n'était pas une « colombe de la paix », a-t-il continué, soulignant que ses derniers déplacements dans la région semblaient s'inscrire dans le cadre d'un plan destiné à mener des opérations « complexes ».

« Certains rapports plausibles affirment qu'il s'était rendu à Bagdad pour préparer une opération terroriste », a-t-il expliqué, précisant que « cet homme n'était pas à court de plans hostiles contre les Irakiens et les intérêts internationaux ».

Une mission diplomatique « impensable »

L'ancien parlementaire irakien Taha al-Lahibi a expliqué à Diyaruna douter de ceux qui affirment que Soleimani était en mission diplomatique lors de son dernier déplacement en Irak.

L'explication offerte par Abdoul Mahdi selon laquelle Soleimani était venu porteur d'un message du régime iranien à l'Arabie saoudite via le gouvernement irakien est « difficile à croire », a-t-il poursuivi.

« Soleimani n'était pas un politique mais un général militaire », a rappelé al-Lahibi. « S'il y avait un message, l'Iran aurait pu traiter avec le gouvernement irakien par le canal de son ambassade à Bagdad. »

Si tel avait été le cas, « le ministre iranien des Affaires étrangères aurait également pu se rendre en Irak et prendre contact avec les responsables concernant la réponse iranienne à cette médiation », a-t-il ajouté.

Au lieu de cela, a-t-il indiqué, l'arrivée de Soleimani est intervenue dans le contexte d'une dangereuse escalade, après que des milices appuyées par l'Iran eurent tiré des missiles sur des camps irakiens accueillant des forces internationales chargées de former du personnel militaire irakien.

Le 27 décembre, une frappe de missile contre le camp K1 dans la province de Kirkouk a tué un entrepreneur américain et plusieurs soldats américains et irakiens.

Le 31 décembre, les milices irakiennes épaulées par l'Iran ont attaqué l'ambassade des États-Unis à Bagdad, a-t-il rappelé, apparemment avec le feu vert de l'Iran.

Dans ces circonstances, il est impensable que Soleimani soit venu en Irak en mission diplomatique, a estimé al-Lahibi, ajoutant qu'il supervisait probablement personnellement les attaques contre l'ambassade des États-Unis et d'autres cibles américaines.

Les rumeurs selon lesquelles ce général iranien, dont les mains étaient tachées du sang de tant de personnes innocentes, aurait été chargé d'une mission diplomatique ne sont « rien d'autre que de la poudre aux yeux », a conclu al-Lahibi.

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