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Les États-Unis et leurs alliés 'déterminés à la désescalade' avec l'Iran

AFP

Un employé de l'ambassade d'Iran à Beyrouth, la capitale libanaise, ajuste une affiche du commandant des forces Qods des CGRI Qassem Soleimani, tué lors d'une frappe américaine sur son convoi à Bagdad le 3 janvier. [Anwar Amro / AFP]

Un employé de l'ambassade d'Iran à Beyrouth, la capitale libanaise, ajuste une affiche du commandant des forces Qods des CGRI Qassem Soleimani, tué lors d'une frappe américaine sur son convoi à Bagdad le 3 janvier. [Anwar Amro / AFP]

Le secrétaire d'État américain Mike Pompeo a déclaré vendredi 3 janvier que les États-Unis étaient "déterminés à désescalader" après la mort du commandant de la Force Qods du Corps des gardiens de la révolution islamique (FA-CGRI) Qassem Soleimani lors d'une frappe aérienne américaine.

Pompeo a indiqué qu'il s'était entretenu avec le ministre britannique des Affaires étrangères Dominic Raab, le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas et le membre du Politburo chinois Yang Jiechi.

"Heureux que nos alliés reconnaissent les menaces d'agression persistantes posées par la FA-CGRI", a-t-il écrit." Les États-Unis restent déterminés à désescalader".

Les États-Unis avaient annoncé plus tôt avoir tué Soleimani lors d'une frappe sur l'aéroport international de Bagdad, ainsi que le chef adjoint des forces paramilitaires de mobilisation populaire (FMP) irakiennes, qui avaient des liens étroits avec l'Iran.

Réaction internationale

Vendredi, la Grande-Bretagne a appelé au calme, Raab affirmant que Londres avait "toujours reconnu la menace agressive" posée par Soleimani et la FA-CGRI.

"Après sa mort, nous exhortons toutes les parties à la désescalade. La poursuite du conflit n'est pas dans notre intérêt", a-t-il dit.

Vendredi, la ministre française de l'Europe, Amélie de Montchalin, a appelé à des efforts pour désamorcer l'aggravation du conflit au Moyen-Orient.

Le président français Emmanuel Macron consulterait prochainement "les acteurs de la région", a-t-elle déclaré à la radio française.

"Tous les efforts de la France ... dans toutes les parties du monde visent à assurer que nous créons les conditions de la paix ou du moins de la stabilité", a-t-elle ajouté.

"Notre rôle n'est pas de prendre parti, mais de parler avec tout le monde", a souligné Montchalin.

L'alliance militaire de l'OTAN a déclaré qu'elle surveillait de près la situation en Irak vendredi en vue de la sécurité de sa mission de formation sur place.

L'OTAN maintient une présence limitée en Irak pour former les forces de sécurité du gouvernement et l'alliance n'a pas été impliquée dans l'attaque de Soleimani.

"Nous restons en contact étroit et régulier avec les autorités américaines", a déclaré le porte-parole Dylan White.

L'assassinat de Soleimani est un "coup irréparable" pour le régime iranien, a déclaré vendredi Maryam Radjavi, chef d'un groupe d'opposition exilé basé à Paris.

Radjavi, chef du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), a appelé à l'expulsion de l'influence iranienne de la région, "en particulier l'Irak, la Syrie et le Liban".

Elle a accusé Soleimani d'être "l'un des plus grands criminels de l'histoire de l'Iran" et "personnellement impliqué dans le massacre de milliers de personnes dans la région".

Moscou a averti vendredi que l'assassinat de Soleimani allait augmenter les tensions à travers le Moyen-Orient, le ministère des Affaires étrangères décrivant cette décision comme "une étape aventurière".

La Russie et l'Iran sont des alliés clés au Moyen-Orient, les forces armées des deux pays soutenant le régime du président Bachar al-Assad en Syrie.

L'Iran et ses mandataires réagissent

Le chef suprême de l'Iran, Ali Khamenei, a juré "une vengeance sévère" pour la mort de Soleimani, tandis que le ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a qualifié la frappe américaine "d'extrêmement dangereuse et d'une escalade insensée".

Khamenei a décrétè trois jours de deuil pour Soleimani.

Vendredi, les Houthis soutenus par l'Iran (Ansarallah) ont condamné l'assassinat, le haut responsable politique Mohammed Ali al-Houthi appelant à "des représailles rapides".

Au Liban, le chef du Hezbollah soutenu par l'Iran, Hassan Nasrallah, a mis en garde contre "une punition pour ces assassins criminels".

Les médias de l'État syrien ont quant à eux cité un responsable du ministère syrien des Affaires étrangères, décrivant les assassinats comme "une grave escalade" de la situation régionale.

Mais dans les quelques régions de Syrie qui échappent encore au contrôle du régime, certains ont célébré la mort d'un homme qu'ils tiennent pour responsable de milliers de morts parmi les civils.

Lors d'une manifestation vendredi à Idlib, un manifestant a brandi une pancarte indiquant: "Nous nous réjouissons de la mort du terroriste Qassem Soleimani. Merci Trump".

D'autres ont distribué des bonbons pour célébrer la mort de Soleimani.

Les dirigeants des groupes d'opposition syriens ont pour leur part salué la mort d'un homme qu'ils accusent de milliers de morts dans la guerre civile syrienne.

Réaction mitigée en Irak

En Irak, la milice irakienne soutenue par l'Iran, Assaib Ahl al-Haq, a exhorté ses combattants à être en état d'alerte, tandis que le milicien devenu clerc Moqtada al-Sadr a réactivé son armée Mahdi, près d'une décennie après la dissolution de la force notoirement anti-américaine.

Mais il y a eu des célébrations audacieuses sur la place Tahrir de Bagdad, l'épicentre d'un mouvement de protestation vieux de trois mois qui a dénoncé le gouvernement irakien comme corrompu et redevable à Téhéran.

"Oh Qassem Soleimani, c'est une victoire divine", ont scandé des manifestants alors que certains dansaient dans les rues.

Phillip Smyth, un spécialiste américain des groupes armés chiites, a décrit la frappe comme "la frappe de décapitation la plus importante que les États-Unis aient jamais déclenchée".

Il a déclaré à l'AFP qu'elle aurait des ramifications "plus importantes" que l'opération américaine de 2011 qui a tué le chef d'Al-Qaïda Oussama ben Laden et le raid américain de 2019 qui a tué le chef de "l’État islamique en Irak et en Syrie" (EIIS) Abou Bakr al-Baghdadi.

"Il n'y a pas de comparaison", a ajouté Smyth.

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