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Droits de l'Homme

Des déplacés syriens commencent le nouvel an dans une prison abandonnée

Par l'AFP

Umm Hatem, une femme syrienne déplacée de la ville de Maar Shamshah dans la partie rurale à l'est de Maaret al-Numan, attend le déchargement de ses affaires dans un camp provisoire à Idlib le 31 décembre. [Omar Haj Kadour/AFP]

Umm Hatem, une femme syrienne déplacée de la ville de Maar Shamshah dans la partie rurale à l'est de Maaret al-Numan, attend le déchargement de ses affaires dans un camp provisoire à Idlib le 31 décembre. [Omar Haj Kadour/AFP]

Les enfants jouent dans la cour d'une prison, alors que les adultes partagent l'intérieur d'une cellule entre plusieurs familles. Fuyant la violence au nord-ouest de la Syrie, ils n'ont trouvé nulle part où aller.

Ils sont parmi des centaines de milliers de personnes déracinées par la guerre qui commencent le nouvel an loin de leurs maisons dans le bastion de l'opposition assiégé Idlib.

D'après l'ONU, 284.000 personnes ont fui leurs maisons près de la ville de Maaret al-Numan seulement en décembre, à cause d'un pic des violences alors que les forces du régime tentent de reprendre la région contrôllée par les extrémistes.

Parmi eux, Umm Hatem, 69 ans et son fils non-marié, qui cherchaient un refuge dans la ville d'Idlib, mais à leur arrivée, le seul abri disponible était une prison abandonnée.

« Nous nous sommes installés ici même si le lieu est inhabitable, » s'est lamentée la femme âgée, à l'extérieur de l'ancien centre de détention qui abrite aujourd'hui environ 300 adultes et enfants.

« Il n'y a pas d'eau, pas d'électricité, pas de lumière et les cellules sont étroites et suffocantes», a-t-elle expliqué, son visage était plein de rides et ses cheveux entourés dans un foulard marron.

'Pas assez de nourriture'

Habillée en un cardigan chaud en laine, Umm Hatem aide à décharger un camion transportant ses affaires personnelles de la maison: des jarres de légumes marinés et graines, des sceaux en plastique et un tapis en plastique.

« Si nous avions les moyens, nous aurions loué une maison», a-t-elle précisé.

« Mais nous n'avons même pas assez de nourriture».

Dans la cour, trois enfants courent sur des sauterelles -- de grandes balles rebondissantes et brillamment colorées -- oscillant avant de bondir en avant à travers l'asphalte humide.

Encouragés par les travailleurs humanitaires en visite, ils saisissent l'un des côtés d'une corde noire et se penchent en arrière dans un tir à la corde.

Mais à l'intérieur d'une cellule faiblement éclairée à travers de petites verrières, un homme se perche et tient un papier sur un tabouret tenant une feuille en plastique pour diviser l'espace en sections séparées pour les familles.

Soutenues par les avions de combat russes, les forces du régime ont intensifié leur bombardement mortel de la région d'Idlib ces dernières semaines, déclenchant la dernière vague de déplacement dans la guerre syrienne de neuf ans.

« Les bâtiments publics tels que les mosquées, les garages, les salles de fêtes et les écoles sont utilisés pour accueillir les nouvelles familles déplacées», ont indiqué les rapports du BCAH, agence humanitaire de l'ONU.

Mais « la capacité à absorber les gens dans le besoin peut excéder les places disponibles vu l'ampleur des déplacements», a-t-elle mis en garde.

A travers la région, les familles qui ont perdu leurs maison plus tôt dans la guerre vivent dans plusieurs camps pour les déplacés, où même dans des champs d'oliviers le long de la frontière turque.

Souhaits du nouvel an

Dans une école transformée en abri, les familles sèchent le linge dans la cour.

Des dizaines de familles vivent dans l'ancienne école, après avoir déplacé les bureaux vers un débarras et mis les tapis en plastique sur le sol. Les fins matelas en mousse sont alignés sur le mure.

« Les écoles ont été transformées en abri pour les déplacés de Maaret al-Numan » et les autres parties sud de la région d'Idlib, a affirmé un travailleur humanitaire Abdessalam al-Ameen.

« L'enseignement a été suspendu», a-t-il indiqué.

De retour à la cour de la prison, Abdelqader Shawarghi coupe les cheveux d'un petit garçon enveloppé dans une cape de coiffeur et assis sur une planche en bois appuyés sur une chaise en plastique.

Après son arrivée il y a quelques semaines, le coiffeur âgé de 29 ans, fait de son mieux pour utiliser ses compétences à subvenir aux besoins de son épouse et ses deux enfants.

Il espère que le nouvel an ramènera un futur meilleur pour les enfants d'Idlib.

« Les enfants ont encore leurs vies devant eux. Nous ne voulons pas qu'ils traversent ce que nous avons vécu dans cette guerre», a-t-il dit.

« Avec la volonté de Dieu, ce nouvel an marquera la fin de la guerre en Syrie».

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