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Les Irakiens fixent des conditions pour le changement de Premier ministre

Khalid al-Taie et AFP

Une enfant se fait peindre le visage avec le drapeau irakien sur la place Tahrir de Bagdad le 9 novembre. [Diyaruna]

Une enfant se fait peindre le visage avec le drapeau irakien sur la place Tahrir de Bagdad le 9 novembre. [Diyaruna]

Des milliers de manifestants ont bloqué des routes et des ponts dans le sud de l'Irak lundi 23 décembre, condamnant l'influence iranienne et les dirigeants politiques qui ont manqué une autre échéance pour s'entendre sur un nouveau Premier ministre.

Les manifestants ont brûlé des pneus dans les grandes villes du sud, entraînant la fermeture d'écoles et de bâtiments gouvernementaux, alors que la paralysie politique s'aggrave à Bagdad.

Les négociations pour le choix d'un candidat pour remplacer le Premier ministre Adel Abdoul Mahdi, qui a démissionné en novembre, sont restées dans l'impasse après l'expiration du délai dimanche à minuit.

Alors qu'un camp pro-iranien a tenté d'imposer un candidat, le président irakien Barham Saleh aurait résisté.

Des manifestants irakiens se rassemblent près du bâtiment du restaurant turc, qui se trouve à proximité de la place Tahrir de Bagdad. [Diyaruna]

Des manifestants irakiens se rassemblent près du bâtiment du restaurant turc, qui se trouve à proximité de la place Tahrir de Bagdad. [Diyaruna]

Dans la rue, les manifestants se mobilisent à nouveau après des semaines de calme relatif.

Les manifestants ont annoncé des campagnes de désobéissance civile dans les villes du sud de Diwaniyah, Nasiriyah, Hilla, Kut et Amara, où les écoles et les bâtiments publics ont été fermés lundi.

Pour les Irakiens qui manifestent depuis le 1er octobre, le système politique est aujourd'hui dominé par l'Iran et exige plus qu'une simple réforme.

Paralysie politique

Les responsables indiquent que l'Iran veut installer Qusay al-Suhail, ancien ministre de l'Enseignement supérieur dans le gouvernement d'Abdoul Mahdi.

« C'est exactement ce à quoi nous nous opposons : le contrôle iranien sur notre pays », a déclaré Houeida, une étudiante de 24 ans, depuis la place Tahrir à Bagdad.

Les manifestants rejettent catégoriquement la candidature d'al-Suhail, ainsi que de toute personne émanant de l'establishment politique dans son ensemble.

Alors que les factions pro-iraniennes et le président du parlement Mohammed al-Halbusi font pression en faveur d'al-Suhail, une source de la présidence rapporte que Saleh a opposé son veto à sa nomination.

« Ce que nous voulons est simple : un Premier ministre compétent et indépendant, qui n'a jamais été impliqué avec les partis au pouvoir depuis 2003 », a fait savoir Mohammed Rahman, ingénieur manifestant à Diwaniyah.

Les manifestants affirment qu'un remaniement du système politique doit commencer par une réforme électorale.

Le parlement a récemment débattu de la réforme électorale, et devait reprendre les discussions lundi après-midi.

Les législateurs devaient également poursuivre les négociations pour nommer un Premier ministre, dont l'échéance a déjà été repoussée à deux reprises par Saleh.

Les manifestants fixent des conditions

Le 11 décembre, les manifestants irakiens ont présenté leurs conditions pour la sélection d'un Premier ministre intérimaire dans une déclaration transmise aux médias irakiens.

Ils ont exigé que les qualités du prochain Premier ministre « soient compatibles avec les aspirations de la rue irakienne ».

Le nouveau Premier ministre devra être indépendant, non affilié à un parti politique, ne doit pas avoir la double nationalité et ne doit pas occuper de poste de ministre, de niveau ministériel, ou de député ou gouverneur, ont-ils affirmé.

Le candidat doit également ne pas entretenir de liens qui le mettraient en position de subir une ingérence étrangère, a ajouté la déclaration.

Sur la place Tahrir de Bagdad, les manifestants ont dressé des portraits grand format des candidats officiels, une croix rouge sur le visage.

S'il devenait difficile de désigner un candidat, Saleh devra assumer les responsabilités de Premier ministre dans l'intervalle, a expliqué le journaliste Hadi Jalou Merhi à Diyaruna.

« Les personnalités qui sont entrées dans la course ont toutes été rejetées, parce qu'elles ne sont pas indépendantes, ce qui les rend inéligibles à ce poste du point de vue des manifestants », a indiqué Merhi.

Assurer la souveraineté de l'Irak

L'indépendance est une demande essentielle pour les manifestants, car le prochain Premier ministre ne pourra pas être membre des partis actuellement au pouvoir, a déclaré à Diyaruna le militant des médias Mohammed Imad.

La rue irakienne estime que ces partis « n'ont fait que se concentrer sur leurs propres intérêts au lieu d'apporter les réformes souhaitées », a-t-il déclaré.

Le nouveau Premier ministre ne devra subir aucune pression de la part d'un parti politique en particulier, a-t-il poursuivi, car la rue est bien consciente des restrictions imposées par les partis et les factions politiques au travail et à l'autorité du Premier ministre.

Cette dynamique signifierait que le candidat serait « incapable de servir son pays et de s'attaquer aux problèmes de corruption et de mauvaise gouvernance », a indiqué Imad.

Les manifestants concentrent leurs revendications sur cette question pour s'assurer que le processus de décision des prochains gouvernements « ne soit pas soumis à des pressions internes et externes [...] afin de protéger l'Irak des visées étrangères », a-t-il déclaré.

« Les Irakiens sont descendus dans la rue pour protester contre l'ingérence dans les affaires de leur pays », a-t-il fait savoir.

Les manifestants ont mis en place leurs conditions et ont laissé la décision de choisir le prochain Premier ministre aux partis politiques, a déclaré à Diyaruna Issam al-Fayli, professeur de sciences politiques à l'université al-Mustansiriyah.

Ces forces sont « obligées de faire des concessions et de choisir une figure indépendante et acceptable qui veut sortir le pays de cette crise », a-t-il affirmé.

Les partis doivent respecter les conditions des manifestants pour le choix d'un Premier ministre, « car ce sont des revendications publiques qui représentent les syndicats et les clans et qui sont également soutenues par les autorités religieuses à Nadjaf », a-t-il conclu.

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1 COMMENTAIRE (S)
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Bon article! Bien fait! Continuez à publier les informations.

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