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Le soutien de l'Iran aux Houthis prolonge la guerre au Yémen

Hassan al-Obaidi à Bagdad

Une photo prise le 10 août 2018 montre des bateaux de pêche yéménites du côté yéménite du détroit stratégique de Bab-el-Mandeb, qui sépare la péninsule arabique de l'Afrique orientale. [Karim Sahib/AFP]

Une photo prise le 10 août 2018 montre des bateaux de pêche yéménites du côté yéménite du détroit stratégique de Bab-el-Mandeb, qui sépare la péninsule arabique de l'Afrique orientale. [Karim Sahib/AFP]

Le soutien financier apporté par le régime iranien aux Houthis (Ansarallah) au Yémen a permis à la milice de poursuivre le conflit, au détriment du peuple yéménite, ont expliqué des analystes à Al-Mashareq.

Le régime iranien a transféré discrètement des fonds à la milice par l'intermédiaire de sociétés-écrans créées dans ce but, ont-ils indiqué, permettant ainsi aux Houthis de recruter des combattants et de lancer des attaques qui ont à leur tour prolongé la guerre.

L'Iran mène des opérations similaires pour financer ses intermédiaires en Irak et au Liban, tout cela dans le but d'établir son influence dans la région.

Des centaines de rapports des renseignements récemment divulgués montrent ce que l'Iran est prêt à faire pour s'ingérer dans les affaires de ces pays.

Une femme tient un jeune enfant souffrant de malnutrition le 23 novembre à l'hôpital al-Sabeen de Sanaa. [Mohammed Huwais/AFP]

Une femme tient un jeune enfant souffrant de malnutrition le 23 novembre à l'hôpital al-Sabeen de Sanaa. [Mohammed Huwais/AFP]

Ces documents, contenus dans une archive de messages secrets des renseignements iraniens, obtenus par The Intercept et partagés avec le New York Times, révèlent la portée de l'influence de Téhéran en Irak.

Acheminement de l'argent aux Houthis

La présence au Yémen d'un financier de haut rang et responsable de la Force al-Qod du Corps des Gardiens de la révolution islamique (FQ-CGRI) est un autre signe évident de l'ingérence iranienne dans les affaires du Yémen.

Le bureau de l'envoyé des États-Unis pour l'Iran Brian Hook a annoncé le 5 décembre que le programme Rewards for Justice du Département d'État offrait une récompense pouvant atteindre 15 millions de dollars « pour des informations sur les activités financières, les réseaux et les associés d'Abdoul Reza Shahlai ».

Shahlai, qui est basé à Sanaa et connu sous plusieurs pseudonymes, a été classé comme terroriste mondial spécialement désigné par le Département du Trésor américain en 2008 et 2011.

Il a également été inscrit sur liste noire par l'Arabie saoudite, l'Union européenne, le Royaume-Uni et Bahreïn.

Shahlai a été accusé d'une longue liste de crimes, dont l'assassinat organisé de membres des forces de la coalition internationale en Irak et la fourniture d'armes et d'explosifs aux milices soutenues par l'Iran dans ce pays.

« Compte tenu des antécédents de Shahlai en matière de terrorisme et de déstabilisation en Irak, nous demeurons gravement préoccupés par sa présence au Yémen et par son rôle potentiel dans la fourniture d'armes sophistiquées du type de celles que nous avons interceptées en route pour les Houthis », a fait savoir le bureau de Hook.

« Des drones, des missiles et des bateaux explosifs iraniens ont été utilisés par les Houthis pour menacer des intérêts civils et économiques clés et causer des ravages dans la région », a-t-il ajouté.

« Cette désignation, avec l'interception récente au Yémen, souligne notre engagement à refuser à l'Iran les moyens de mener une politique étrangère expansionniste. Nous appelons la communauté internationale à se joindre à nous pour tenir l'Iran responsable de ses actes terroristes, tant contre les nations du monde que contre le peuple iranien. »

Le soutien iranien alimente la guerre au Yémen

Ces dernières années, le régime iranien a établi un réseau de sociétés-écrans pour acheminer de l'argent vers les Houthis, ce qui leur a permis de maintenir le Yémen en état de guerre, a déclaré al-Hassan Taher, gouverneur de la province d'al-Hodeidah.

Il s'agit notamment de sociétés de change, de transfert d'argent et de transport maritime, ainsi que d'opérations « d'aide humanitaire », qui sont en fait des entreprises secrètes qui financent les Houthis, a-t-il expliqué à Al-Mashareq.

« Du carburant et d'autres produits dérivés du pétrole sont introduits illégalement à bord de navires iraniens qui jettent l'ancre près des ports du nord d'al-Hodeidah », a-t-il ajouté.

Les Houthis les déchargent et les transportent par petits bateaux jusqu'aux zones sous leur contrôle, où ils les vendent pour en tirer un profit, a-t-il poursuivi.

Le haschisch est également passé en contrebande vers les Houthis, qui utilisent l'argent généré par ce commerce comme source de financement, a indiqué Taher.

« Il ne fait aucun doute » que les Houthis sont financés par l'intermédiaire de diverses sociétés-écrans iraniennes qui leur fournissent des armes, de la drogue et d'autres biens, a-t-il déclaré.

L'Iran mène des opérations de contrebande similaires vers l'Irak et le Liban, a-t-il ajouté, notant que dans ces pays, son ingérence « sape également la sécurité et la stabilité et usurpe les richesses et les ressources de leurs peuples ».

Le financement des Houthis par l'Iran constitue également un « défi pour le Conseil de sécurité des Nations unies et à ses résolutions relatives à l'approvisionnement de la guerre au Yémen », a indiqué Taher.

Le soutien iranien assure aux Houthis l'argent qui leur permet de payer les salaires de leurs combattants et collaborateurs, a déclaré Ali al-Taizi, membre de l'Union générale des Chambres de commerce et d'industrie du Yémen.

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