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Les sanctions contre les financiers de l'EIIS, un « outil vital » dans la lutte contre le terrorisme

Khalid al-Taie

Confronté à des difficultés financières dès juin 2016, l'EIIS collectait de l'argent auprès des habitants de Mossoul pour assurer la sécurité et les services de l'eau, de l'électricité et autres lorsqu'il contrôlait la ville. [Photo extraite de la page Facebook de Canal Mossoul]

Confronté à des difficultés financières dès juin 2016, l'EIIS collectait de l'argent auprès des habitants de Mossoul pour assurer la sécurité et les services de l'eau, de l'électricité et autres lorsqu'il contrôlait la ville. [Photo extraite de la page Facebook de Canal Mossoul]

La répression du Trésor américain contre les financiers du terrorisme, ses partisans et ses entités, en particulier ceux qui sont associés avec « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS), permet de maintenir les groupes terroristes faibles et incapables d'organiser des attaques, expliquent des analystes irakiens.

Le durcissement des sanctions antiterroristes annoncé le 10 septembre vise les entreprises et les individus, notamment le haut commandement de l'EIIS, impliqué dans les transferts de fonds aux cellules du groupe en Irak et en Syrie et leur ayant fourni des facilités bancaires.

Ceux qui sont visés ont également été complices dans la pose et le transport d'explosifs, le recrutement de combattants pour le groupe et leur entraînement au maniement des armes, et dans les complots d'attaques terroristes violentes dans le monde.

Faire pression sur l'EIIS

« Les nouvelles sanctions s'inscrivent dans un effort de grande ampleur lancé par le Trésor américain pour couper le cordon financier des groupes terroristes, en particulier de l'EIIS », a déclaré l'économiste irakien Faleh al-Zubaidi.

Les forces irakiennes de réponse rapide arrêtent un homme lors d'une opération contre une maison dans le district de Tarmiyah, au nord de Bagdad, à la recherche de suspects recherchés de l'EIIS, le 21 juillet 2019. Les efforts militaires ainsi que les sanctions économiques permettent effectivement de lutter contre les éléments terroristes en Irak. [Ahmad al-Rubaye/AFP]

Les forces irakiennes de réponse rapide arrêtent un homme lors d'une opération contre une maison dans le district de Tarmiyah, au nord de Bagdad, à la recherche de suspects recherchés de l'EIIS, le 21 juillet 2019. Les efforts militaires ainsi que les sanctions économiques permettent effectivement de lutter contre les éléments terroristes en Irak. [Ahmad al-Rubaye/AFP]

« Priver ces organisations de leur puissance financière signifie qu'elles seront bientôt marginalisées et incapables de payer les salaires de leurs membres ou d'acheter des armes et des fournitures logistiques, entraînant de ce fait leur totale désintégration », a-t-il indiqué à Diyaruna.

« Cette pression place l'EIIS et les groupes similaires dans une position peu enviable, car les efforts visant à geler les avoirs de leurs financiers et leurs transferts bancaires constituent un obstacle essentiel aux activités de ces groupes », a-t-il ajouté.

« Ce dépouillement constant des avoirs financiers des terroristes nous donne la capacité de les placer sous notre contrôle et de faire avorter leurs plans de récupérer et de réorganiser leurs affaires », a poursuivi al-Zubaidi.

Entreprises qui servent l'EIIS

Ces nouvelles sanctions ciblent un certain nombre de sociétés qui ont aidé l'EIIS à se procurer ou à transférer des devises, notamment la Saksouk Company for Exchange and Money Transfer, al-Khalidi Exchange, al-Hebo Jewellery Company et son propriétaire Mouhamad Ali al-Hebo, et al-Haram Foreign Exchange Co., entres autres.

Ces sociétés ont « matériellement aidé, parrainé ou fourni un soutien financier, matériel ou technologique, ou encore des biens ou des services à l'EIIS », selon l'annonce faite le 10 septembre par le Trésor américain.

La Saksouk a administré des transferts de fonds pour le compte de membres de l'EIIS basés en Syrie fin 2018, a ajouté ce communiqué.

Al-Khalidi Exchange a servi de bureau de change financier hawala dès 2017, a poursuivi le Trésor.

Les hawalas sont une méthode de paiement informelle basée sur la confiance, bien plus difficiles à tracer que les transferts bancaires.

« Tous ces sites étaient administrés par deux individus qui avaient consciemment aidé les membres de l'EIIS lors de transferts financiers », a continué ce communiqué. « Le bureau d'al-Khalidi à Mayadin, en Syrie, faisait également fonction de cybercafé pour des membres de l'EIIS, en plus de sa fonction de bureau de transfert de fonds hawalas. »

La Al-Hebo Jewellery Company était « impliquée dans un programme de l'EIIS qui convertissait de l'or en argent liquide pour envoyer des fonds de manière plus efficace et plus secrète par l'intermédiaire de transferts hawalas en Turquie à des cellules dormantes de l'EIIS en Irak et en Syrie ».

Fin 2016, Mouhamad Ali al-Hebo « était impliqué dans la fourniture de métaux précieux pour permettre à l'EIIS de frapper ses propres pièces ».

Enfin, les membres de l'EIIS en Syrie avaient pour instruction de mener toutes les transactions financières avec al-Haram Exchange à compter d'avril 2019, a précisé le Trésor.

Les sanctions, « un outil vital pour lutter contre le terrorisme »

Ces sanctions américaines portent « des coups mortels au cœur de l'EIIS et des organisations extrémistes », a ajouté Issam al-Fayli, professeur de science politique à l'Université al-Mustansiriyah de Bagdad.

« D'un point de vue pratique, ces sanctions constituent un outil vital dans la lutte contre le terrorisme qui n'est pas moins efficace que les activités sécuritaires et militaires », a-t-il précisé à Diyaruna.

« Au faîte de sa puissance, l'EIIS était en mesure de collecter d'importantes quantités d'argent grâce au trafic de pétrole et d'artefacts et à la collecte des taxes », a-t-il précisé. « À ses grandes heures, le groupe finançait ses opérations au travers d'agents, de financiers et de riches individus. »

« Mais avec les victoires militaires obtenues contre le groupe, cette fortune a progressivement échappé aux mains des terroristes et a commencé à disparaître, grâce au ciblage précis des circuits de la contrebande et à la perte de territoires », a précisé al-Fayli.

« Le Trésor américain prend aujourd'hui des mesures de traçage et de fermeture des sources de financement liées aux terroristes et grâce à ses efforts exceptionnels, la menace terroriste est en passe d'être complètement éradiquée », a-t-il ajouté.

« L'Irak soutient et se tient résolument aux côtés des efforts de Washington en ce sens, en appliquant les sanctions et les échanges de renseignements », a poursuivi al-Fayli.

« Grâce au soutien international, l'Irak a réussi à abattre et à arrêter de nombreux financiers de premier plan du groupe terroriste », a-t-il ajouté.

Empêcher les terroristes d'avoir accès à l'argent

Imposer des sanctions financières aux groupes terroristes est un outil important et efficace, a indiqué pour sa part l'économiste Saleh al-Hammash.

Ces mesures « sont indéniablement nécessaires pour accélérer la disparition de ces groupes et éradiquer les maux qu'ils représentent », a-t-il ajouté à Diyaruna.

« La liste de ces nouvelles sanctions vient compléter une série de listes similaires préalablement publiées et qui ont fortement contribué à empêcher que l'argent ne parvienne dans les poches d'éléments terroristes et qu'ils aient accès au système financier mondial », a-t-il ajouté.

« Empêcher les terroristes d'accéder à l'argent est une mesure efficace pour parvenir à la stabilité, non seulement en Irak et dans la région, mais dans le monde entier », a conclu al-Hammash.

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