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L'Iran échoue à museler la culture des Plaines de Ninive

Faris al-Omran

Des miliciens irakiens fidèles à l'Iran lors d'un défilé, sur cette photo diffusée en ligne par les milices le 9 juin 2018. [Archive]

Des miliciens irakiens fidèles à l'Iran lors d'un défilé, sur cette photo diffusée en ligne par les milices le 9 juin 2018. [Archive]

Depuis que « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) a été chassé des Plaines de Ninive fin 2016, l'Iran n'a eu de cesse de tenter d'implanter son idéologie dans la région.

Les exemples en sont l'école de l'Imam Khomeini dans le district de Bartella et divers centres et offices culturels qui proposent diverses activités destinées à attirer les jeunes et les adolescents et à altérer leurs croyances au service des ambitions de l'Iran.

Mais les tentatives faites par Téhéran d'influencer le peuple irakien se sont soldées par de lamentables échecs, selon les habitants et les observateurs locaux, car la cohésion sociale et la diversité ethnique de la région des Plaines de Ninive s'avèrent impénétrables.

« L'influence iranienne "n'est pas bien accueillie par la population locale », a expliqué un habitant des Plaines de Ninive qui a demandé à conserver l'anonymat.

« Les familles qui reviennent dans la région après sa libération se préoccupent exclusivement de régler leurs affaires, de retourner au travail et de reprendre leur vie quotidienne, et elles ne sont en rien intéressées par une quelconque influence iranienne », a-t-il affirmé à Diyaruna.

Le régime Iranien a tenté à plusieurs reprises de diffuser son idéologie, a-t-il poursuivi, qui est basée sur la doctrine de la Wilayat al-Faqih (Tutelle du Juriste).

« Mais ils sont toujours incapables de réaliser de quelconques avancées, car les gens s'accrochent à leur identité nationale et culturelle et s'efforcent de renforcer la coexistence et l'intégration sociale », a-t-il ajouté.

« Le projet iranien visant à dominer la région idéologiquement ... a échoué, tout comme l'EIIS avait échoué avant lui à promouvoir son idéologie terroriste parmi les habitants de Ninive [pour tenter de] tromper les jeunes et de créer de l'agitation civile », a-t-il ajouté.

Une diversité fortement enracinée

La région des Plaines de Ninive est composée de trois districts administratifs, al-Hamdaniyah, Sheikhan et Tal Kayf, dont les habitants forment un mélange très cohérent de chrétiens, de Turkmènes, de Shabak, d'Arabes et de yézidis.

Cette diversité « a de profondes racines culturelles que les Iraniens ne peuvent arracher et remplacer par leurs croyances », a expliqué le politologue Ghaith al-Tamimi.

« L'idéologie de l'EIIS s'est heurtée à une résistance farouche de la part du peuple de Ninive, et malgré toute leur puissance et leur brutalité, les terroristes n'ont jamais réussi à contraindre les habitants à accepter cet extrémisme étranger et cette déviance idéologique », a-t-il poursuivi pour Diyaruna.

Le régime Iranien a copié l'EIIS et a également échoué et est donc déçu, car il n'a pu trouver des sympathisants et des partisans de son idéologie dans les Plaines de Ninive, ni dans la province dans son ensemble, a-t-il ajouté.

« Le rêve des leaders iraniens de faire de l'Irak leur arrière-cour s'évanouit lentement au fil du ressentiment populaire qui s'étoffe avec une colère populaire qui grandit face au programme iranien qui vise à affaiblir et à déchirer le tissu social et culturel irakien, en particulier dans les provinces du sud », a affirmé al-Tamimi.

« Les manifestations contre l'influence iranienne dans les villes sont la meilleure preuve que les Irakiens tiennent à leur identité et rejettent la pénétration de l'Iran et son ingérence dans leurs affaires », a-t-il ajouté.

C'est également « une expression de la colère irakienne face au chaos et au sabotage instigués par les Iraniens dans leur pays », a-t-il poursuivi.

« Ne jamais céder à la volonté de l'Iran »

La colère gronde également en Iran, exposant le régime à la menace d'un effondrement, a déclaré al-Tamimi.

« Le régime iranien perd de son attrait même parmi les Iraniens, qui sont actuellement sous le coup de rudes difficultés économiques provoquées par le régime en raison du soutien qu'il apporte au terrorisme dans la région. »

« L'Iran voit les Plaines de Ninive comme une région stratégique qui servirait son plan d'accéder à la Syrie et à la Méditerranée via l'Irak », a ajouté Subhi Nadhem Tawfeeq, un expert en matière de sécurité, à Diyaruna.

Cette importance géopolitique incite le régime iranien à vouloir sans cesse imposer son hégémonie sur la région par le biais d'activités idéologiques et culturelles, et en finançant les milices armées fidèles à l'Iran, a-t-il expliqué.

La milice de la 30e Brigade dirigée par Waad Qado (alias Abou Jaffar al-Shabaki) et la milice du Mouvement babylonien (50e Brigade) dirigée par Rayan al-Kildani en sont deux exemples.

Ces deux milices sont épaulées par la force Qods du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI-FQ). En juillet, les États-Unis ont initié des sanctions contre les leaders de ces deux milices , accusés d'être impliqués directement ou indirectement dans « de sérieuses violations des droits de l'homme ».

Les Plaines de Ninive sont un microcosme de l'Irak et une partie intégrante de cette nation, a indiqué Tawfeeq, concluant : « Elles ne céderont jamais à la volonté de l'Iran. »

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