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Criminalité et Justice

Répression irakienne contre la contrebande transfrontalière

Faris al-Omran

Des camions irakiens transportent des produits alimentaires importés depuis le port d'Umm Qasr dans la province de Bassorah, le 6 août. [Photo fournie par le ministère irakien des Transports]

Des camions irakiens transportent des produits alimentaires importés depuis le port d'Umm Qasr dans la province de Bassorah, le 6 août. [Photo fournie par le ministère irakien des Transports]

Le gouvernement irakien a accentué ses mesures de durcissement des contrôles aux postes-frontière internationaux pour veiller à ce que les transactions douanières et d'importations soient légales et pour lutter contre les trafics et les activités commerciales illicites.

Dans le cadre de ces efforts, les patrouilles frontalières et les forces de sécurité irakiennes opérant sur plusieurs franchissements se sont vu ordonner d'élargir le champ de leurs activités de reconnaissance.

Par une directive en date du 25 juillet, la Cour suprême d'Irak a annoncé que « des mesures juridiques sévères » seraient prises à l'encontre de quiconque serait pris en train de participer à des opérations de contrebande transfrontalières.

Des peines similaires s'appliqueront aux entités non gouvernementales qui interféreraient dans le travail des institutions officielles d'État sur ces points de passage, a poursuivi cette directive.

Un hélicoptère irakien en patrouille au poste-frontière d'al-Sheeb avec l'Iran, le 1er janvier 2018. Les milices irakiennes appuyées par l'Iran cherchent à contrôler de nombreux points de passage, en particulier ceux avec l'Iran, afin de contrôler les importations et de mener des opérations de contrebande. [Photo fournie par le commandement des opérations à al-Rafidain]

Un hélicoptère irakien en patrouille au poste-frontière d'al-Sheeb avec l'Iran, le 1er janvier 2018. Les milices irakiennes appuyées par l'Iran cherchent à contrôler de nombreux points de passage, en particulier ceux avec l'Iran, afin de contrôler les importations et de mener des opérations de contrebande. [Photo fournie par le commandement des opérations à al-Rafidain]

Mais les milices armées continuent d'entraver ces mesures réglementaires, ont expliqué des analystes irakiens à Diyaruna, car les revenus qu'elles tirent de ces points de franchissement constituent une source essentielle de leur financement.

Détournement des recettes de l'État

L'Irak compte quelque 21 postes frontaliers terrestres, maritimes et aériens qui servent de points d'entrée pour les marchandises importées, à quoi viennent s'ajouter ceux de la région autonome du Kurdistan irakien.

Ce sont notamment le port d'Umm Qasr (sud et nord) et les postes-frontière terrestres de Shalamsha et de Mehran avec l'Iran, le passage de Safwan avec le Koweït et le poste-frontière de Trebil avec la Jordanie, en plus de divers aéroports.

Selon le spécialiste des affaires politiques Abdoul Qader al-Nayel, les milices irakiennes appuyées par l'Iran cherchent à contrôler de nombreux postes de franchissement, en particulier ceux avec l'Iran.

À l'instar de l'organisation Badr, de Harakat al-Nujaba, d'Asaib Ahl al-Haq et des Kataeb Hezbollah, les groupes armés se répartissent entre eux la plupart des revenus qu'ils tirent de l'application de droits de douane sur les marchandises importées, a-t-il expliqué à Diyaruna.

« Ces recettes devraient aller à l'État, mais au lieu de cela, elles vont dans les poches des leaders des milices et de personnages influents corrompus, ce qui occasionne des pertes financières importantes pour l'État », a-t-il ajouté.

Seule une petite partie des recettes qui devraient de droit revenir à l'État irakien parvient dans les coffres de celui-ci, le reste étant détourné par les milices.

Ces milices mettent à profit leur influence pour se livrer à de la fraude, comme le fait de laisser des produits illégaux entrer dans le pays ou de fabriquer de faux documents pour dénaturer la quantité ou la qualité des importations, a poursuivi al-Nayel.

Cela leur permet de réduire les frais de douane pour les importateurs en échange de commissions convenues à l'avance, a-t-il indiqué.

Les recettes annuelles qu'en retirent les milices « pourraient atteindre 11 milliards de dollars si nous tenons compte du fait que ces groupes ont ouvert des postes-frontière non officiels avec l'Iran ces deux dernières années », a ajouté al-Nayel.

« Différentes marchandises entrent illégalement dans le pays et passent sous le radar des autorités sanitaires et des autres instances de réglementation, sans parler des narcotiques et de la contrebande de bétail, de métaux en vrac et de pétrole », a-t-il continué.

Renforcement des contrôles aux frontières

L'entrée de marchandises illicites en Irak a un « impact négatif » sur l'économie irakienne, a expliqué l'expert en stratégie Alaa al-Nashou, sans parler du fait que cette activité porte atteinte à la sûreté et à la sécurité des Irakiens.

Le gouvernement a renforcé les contrôles sur les importations, en particulier au poste-frontière de Bassorah, et des mesures ont été mises en place pour surveiller les irrégularités, a-t-il précisé à Diyaruna.

Mais la présence de milices appuyées par l'Iran dans la région se fait sentir, a-t-il ajouté, soulignant qu'elles bénéficient d'une « très forte influence » à la frontière.

« Elles en retirent d'énormes sommes d'argent, non seulement au travers des droits de douane, mais aussi des pots-de-vin qu'elles forcent les gens à payer à leurs propres postes-frontière sur les marchandises importées qui entrent par les points de passage et inondent les provinces », a-t-il précisé.

Ces milices ont également mis en place des postes frontières non officiels sur la frontière entre l'Iran et l'Irak dans les provinces de Diyala et de Wassit, a ajouté al-Nashou.

En plus de permettre l'entrée en Irak de marchandises non réglementées, a-t-il conclu, ces points de passage servent également pour les routes de trafic de drogue.

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