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Médias

Avec le déclin de l'EIIS, sa machine médiatique est réduite au silence

Khalid al-Taie

L'armée irakienne présente des appareils électroniques trouvés dans un tunnel dans le district de Tal Afar de la province de Ninive, le 11 juillet, qui appartenaient à la station de radio Amaq de l'EIIS. [Photo fournie par le ministère irakien de la Défense]

L'armée irakienne présente des appareils électroniques trouvés dans un tunnel dans le district de Tal Afar de la province de Ninive, le 11 juillet, qui appartenaient à la station de radio Amaq de l'EIIS. [Photo fournie par le ministère irakien de la Défense]

Les spécialistes irakiens chargés de surveiller la machine médiatique de « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) ont expliqué à Diyaruna que la présence du groupe dans les médias s'estompe régulièrement.

Cela est en grande partie dû aux opérations des forces de sécurité et des renseignements visant à restreindre les capacités techniques du groupe, ont-ils ajouté, notamment une opération lancée le 10 juillet, au cours de laquelle les services de renseignements irakiens ont saisi 142 serveurs informatiques appartenant à l'EIIS.

Selon ces services, l'EIIS utilisait ces serveurs pour diffuser ses actes de terrorisme, intimider la population et « assurer une couverture sur le terrain » de ses actions à Mossoul, Tal Afar et dans d'autres parties de la province de Ninive.

Le ministre irakien de la Défense a indiqué qu'une unité de l'armée avait mis à jour une cache de matériel de radiodiffusion dans le quartier d'al-Qalaa de Tal Afar, précisant qu'il avait été utilisé par la station de radio Amaq de l'EIIS.

Un officier des renseignements irakiens inspecte un siège des médias de l'EIIS à Mossoul, le 14 décembre 2016. [Photo fournie par la Direction des renseignements irakiens]

Un officier des renseignements irakiens inspecte un siège des médias de l'EIIS à Mossoul, le 14 décembre 2016. [Photo fournie par la Direction des renseignements irakiens]

Les opérations médiatiques de l'EIIS disparaissent parce que le groupe lui-même s'est effondré, a expliqué à Diyaruna l'expert en stratégie Ahmed al-Sharifi.

Il ne contrôle plus aucun territoire et a perdu l'accès à ses anciennes sources de revenus, a-t-il ajouté.

Les attaques ciblées montées par les forces irakiennes contre les centres de communication et les entrepôts de l'EIIS où étaient entreposés le matériel de communication et les transmetteurs numériques ont également contribué au déclin de ses opérations médiatiques, a-t-il poursuivi.

« À ce stade, priver l'EIIS de ces systèmes et de ses capacités techniques constitue un objectif essentiel des forces de sécurité », a expliqué al-Sharifi.

Le déclin de la capacité du groupe à diffuser ses messages est lié au déclin de sa rhétorique destinée à influencer l'opinion publique irakienne, que ce soit par intimidation ou endoctrinement, a-t-il indiqué.

« Les civils, en particulier ceux qui ont connu la période durant laquelle l'EIIS exerçait son contrôle, réalisent aujourd'hui combien l'idéologie du groupe était dévoyée et vide de valeurs religieuses et humanitaires », a-t-il ajouté.

« La machine médiatique disparaît »

Les opérations de radiodiffusion de l'EIIS ont diminué de manière importante ces dernières années, a constaté Kazem al-Miqdadi, professeur de communication de masse au collège universitaire al-Farabi.

Une pression sécuritaire renforcée a privé le groupe de la plupart de ses plateformes médiatiques, de sa technologie et de ses vidéastes, ingénieurs du son et autres responsables de la propagande en plus d'autres spécialistes, a-t-il indiqué à Diyaruna.

On a également assisté à un effort ciblé pour instaurer des barrières visant à empêcher les éléments et les partisans de l'EIIS de propager l'idéologie du groupe et de répandre ses messages en ligne, « en particulier sur les médias sociaux », a-t-il poursuivi.

« La machine médiatique disparaît », a expliqué al-Miqdadi, soulignant que le groupe a « perdu sa crédibilité et [que] plus personne ne le craint aujourd'hui ».

« La preuve en est que dans les régions libérées, nombreux sont les civils à parler désormais aux médias sans redouter les tragédies dont ils avaient fait l'expérience sous le joug de l'EIIS », a-t-il continué.

Nécessité de messages antiterroristes

Abdoul Salam al-Samer, qui enseigne la publicité à la faculté des médias de l'université de Bagdad, a souligné l'importance qu'il y a à cibler la machine médiatique de l'EIIS et la technologie que le groupe utilise pour diffuser de fausses informations et mener une guerre psychologique.

« Nous devons continuer à détruire ses capacités technologiques et ses cellules chargées de créer ses contenus médiatiques », a-t-il poursuivi. « Nous devons désactiver son accès numérique et démanteler ses plateformes de médias sociaux. »

Mais saper ces capacités n'est pas la seule chose qui doit se produire, a-t-il ajouté, pointant la nécessité de la diffusion de messages antiterroristes dans les grands médias.

« Les jours sont depuis longtemps révolus où le public était réceptif aux messages diffusés par l'EIIS après que ses mensonges et ses duperies eurent été révélés », a-t-il expliqué. « Mais cela veut dire que nous devons travailler à enraciner plus profondément le ressentiment des gens envers les terroristes et leur rappeler en permanence le caractère méprisable de leurs actes et de leurs crimes. »

« Nous devons cibler leur idéologie déviante par le biais de programmes de sensibilisation, de documentaires et de programmes télévisés qui contrecarrent leur pensée », a conclu al-Samer.

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