Une série d'explosions d'engins explosifs improvisés (EEI) a secoué la province syrienne d'Idlib, tuant plusieurs civils et semant la panique parmi beaucoup d'autres, a expliqué un militant local.
Plusieurs victimes sont également à dénombrer dans les rangs de Tahrir al-Sham et d'autres groupes armés présents dans la région, a indiqué le militant local Haisam al-Idlibi à Diyaruna.
Plus de six EEI ont en effet explosé dans différentes parties de cette enclave du nord-ouest durant ces dernières 24 heures, a ajouté al-Idlibi.
Cette nouvelle flambée de violence a semé la panique au sein d'une population civile déjà lourdement atteinte par des frappes aériennes russes et du régime syrien dans les confins de la province d'Idlib, a-t-il ajouté.
Dans la seule ville d'Idlib, quatre explosions ont visé l'alliance extrémiste Tahrir al-Sham, tuant et blessant plusieurs de ses éléments, a-t-il poursuivi, bien qu'aucun bilan précis des victimes n'ait été communiqué.
Trois autres explosions ont eu lieu dans les localités de Sarmada, Khan al-Subul et Atmeh, et plusieurs EEI ont également explosé dans d'autres régions de la campagne d'Idlib contrôlées par Tahrir al-Sham et ses alliés, a indiqué al-Idlibi.
L'une de ces explosions a visé des leaders du Front de libération syrien dans les localités de Jindires et d'Urm al-Kubra, tuant deux de ses combattants, a-t-il indiqué.
Au moins 19 morts après une explosion sur le marché d'Azaz
Al-Idlibi a indiqué qu'une importante explosion d'un EEI s'était également produite près d'un marché très fréquenté d'Azaz, une localité non contrôlée par Tahrir al-Sham.
Au moins 19 personnes, parmi lesquelles quatre enfants, y ont été tuées dimanche par cette explosion, et plus de vingt autres ont été blessées, a ajouté l'Observatoire syrien des droits de l'homme.
« De nombreuses personnes sortaient des prières du soir lorsque cette explosion s'est produite », a précisé Rami Abdoul Rahman, le directeur de l'observatoire, à l'AFP.
Des personnes qui achetaient des vêtements et des cadeaux en prévision de la prochaine fête de l'Aïd el-Fitr comptent parmi les victimes, a indiqué Jihad Berro, médecin légiste à l'hôpital local.
Il a ajouté que cet hôpital local était rempli de victimes et de leurs proches.
« Les salles d'urgence sont bondées, nous devons poser les corps à même le sol », a-t-il poursuivi.
« C'est une véritable catastrophe avant la fête de l'Aïd el-Fitr », a ajouté Berro.
Au même moment, a poursuivi al-Idlibi, d'intenses frappes aériennes menées par des appareils russes et syriens ont visé les villes de Maara Hurma, Maar Shoreen, Khan Sheikhun, al-Faqie, Bidama et al-Hobait, et le village d'al-Sheikh Moustafa.
Ces frappes ont tué plusieurs civils et en ont blessé de nombreux autres, et ont incendié plusieurs zones agricoles à proximité de zones d'habitation.
La défense civile syrienne (les Casques blancs) a éteint ces incendies avec l'aide de volontaires locaux.
« Le plus important déplacement de masse »
Vendredi, plusieurs ONG syriennes ont décrit cette flambée de violence à Idlib, indiquant qu'elles avaient donné lieu à la plus grande vague de déplacements depuis le début de la guerre, a précisé l'AFP.
Outre le fait d'avoir fait des dizaines de victimes civiles, les récents bombardements des forces syriennes et russes dans le nord-ouest de la Syrie ont poussé quelque 300 000 personnes vers la frontière turque, ont ajouté ces ONG lors d'une conférence de presse organisée à Istanbul.
« Il s'agit du déplacement de masse le plus important en Syrie depuis le début de la crise » en 2011, ont-elles expliqué dans un communiqué.
Plus des deux tiers des personnes déplacées sont sans abri, et les camps situés à la frontière sont désormais au double de leur capacité, ont-elles ajouté.
« L'offensive la plus récente a commencé en mars et s'est amplifiée depuis le 26 avril, se transformant en un véritable massacre quotidien », a indiqué le chef des Casques blancs Raed Saleh.
L'Observatoire syrien des droits de l'homme a déclaré vendredi que près de 950 personnes avaient été tuées lors des récents affrontements à Idlib.
Les groupes de défense des droits de l'homme ont demandé une action immédiate du Conseil de sécurité des Nations unies pour mettre un terme à cette escalade de la violence et exiger la tenue de négociations.
Le président des États-Unis Donald Trump a demandé dimanche à la Syrie et à la Russie d'arrêter de « bombarder à fond » sur Idlib.
« J'entends dire que la Russie, la Syrie, et dans une moindre mesure l'Iran, bombardent à fond la province d'Idlib en Syrie et tuent sans discrimination beaucoup de civils innocents. Le monde observe cette boucherie. Quel est l'objectif, qu'est-ce que ça va vous donner ? ARRÊTEZ ! », a-t-il twitté.
Ce lundi, le porte-parole du Kremlin Dmitry Peskov a insisté pour sa part sur le fait que l'armée russe cible les « terroristes » à Idlib, les accusant de tirer sur les civils et les troupes russes.