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L'Iran détourne de l'aide humanitaire vers les coffres du CGRI, affirment des experts

Waleed Abou al-Khair au Caire

Un Iranien porte un enfant dans une rue inondée suite aux pluies torrentielles d'avril. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Un Iranien porte un enfant dans une rue inondée suite aux pluies torrentielles d'avril. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) iranien a détourné des fonds que les bailleurs de fonds locaux et étrangers destinaient à l'aide contre les inondations, afin de financer ses ambitions à l'étranger et de payer les groupes armés qui lui sont affiliés, ont fait savoir des experts et des observateurs.

Alors que des dizaines de milliers d'Iraniens souffrent toujours de la dévastation causée par les inondations et les pluies torrentielles d'avril, les fonds destinés à leur venir en aide sont utilisés pour payer les intermédiaires du CGRI en Irak, au Yémen et en Syrie, ont-ils rapporté.

« Il est évident que le CGRI ne distribue pas toute l'aide financière aux Iraniens touchés par les inondations », a affirmé Fathi al-Sayed, chercheur au Centre Al-Sharq d'études régionales et stratégiques spécialisé dans les questions iraniennes.

En y regardant de plus près, a-t-il déclaré à Al-Mashareq, il est manifeste que la quantité d'aide qui a été distribuée aux habitants ne correspond pas à celle que l'Iran a reçue.

L'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont apporté une aide en nature aux Iraniens touchés par les inondations. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

L'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont apporté une aide en nature aux Iraniens touchés par les inondations. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Cette différence peut être attribuée au CGRI, qui a mis la main sur « plusieurs milliers de dollars destinés aux victimes des inondations ».

Bien que nombre des comptes ouverts dans des banques iraniennes pour recevoir les dons aient pour certains atteint des sommes importantes, les autorités iraniennes les ont fermés et ont transféré les fonds au CGRI, a-t-il rapporté.

Elles ont justifié ces décisions en prétendant que les comptes n'étaient pas autorisés à recevoir des dons, et que seuls certains groupes, dont le Croissant-Rouge iranien, peuvent le faire.

De nombreux pays ont offert une aide en nature à l'Iran, malgré leurs différences politiques avec son régime, a-t-il déclaré, faisant passer en premier les inquiétudes humanitaires.

Ainsi l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont-ils apporté une aide importante, tout comme Oman et le Koweït, a-t-il fait savoir, soulignant que ce qui a été distribué est bien inférieur à ce qui avait été envoyé.

« L'annonce faite par la Syrie indiquant qu'elle avait envoyé de l'aide aux victimes a été largement moquée par les Iraniens sur les réseaux sociaux », a-t-il ajouté, ces derniers déclarant que l'argent donné appartient au peuple iranien.

Les Iraniens en ont assez

« Les Iraniens en ont assez du contrôle exercé par le CGRI sur le [processus] politique en Iran, et sur tous les aspects, quels qu'ils soient », a déclaré Ali Narimani, auteur dissident et politologue iranien, à Al-Mashareq.

L'ingérence du CGRI va jusqu'à « la distribution des fonds d'aide ou même de la nourriture offerte » aux Iraniens par de nombreux pays et des organisations humanitaires internationales et les Nations unies, a-t-il rapporté.

L'utilisation de milices irakiennes par le CGRI dans des opérations de sauvetage et pour ouvrir des routes avec des engins de chantier qu'elles ont apportées « a été largement critiqué par les Iraniens », a-t-il fait remarquer.

Cela est dû au fait que ces milices sont financées principalement par le CGRI, a-t-il expliqué, « et il n'est pas logique que le CGRI ne possède pas [lui-même] d'engins et de bulldozers pour ouvrir des routes », tout en payant des milices irakiennes avec l'argent du peuple iranien.

Les inondations ont sans aucun doute « révélé l'énorme manquement au devoir du gouvernement iranien envers le peuple iranien », a affirmé Narimani.

Tous les pays aident d'autres nations en cas de désastre naturel, a-t-il indiqué, mais les pays touchés fournissent en général eux-mêmes le plus gros de l'aide.

Mais dans le cas de l'Iran, a-t-il poursuivi, l'aide distribuée aux zones touchées par les inondations est celle offerte par des États du Golfe, des pays européens et les Nations unies.

« Le Koweït a par exemple mis en place un pont aérien pour transporter de la nourriture, de l'aide médicale et de l'équipement logistique pour aider les déplacés internes (DI) qui ont quitté les zones inondées », a-t-il rapporté.

L'argent du peuple est volé

Le CGRI dépense constamment de fortes sommes pour ses affiliés en dehors d'Iran, ce qui « est un vol caractérisé de l'argent du peuple iranien », a affirmé à Al-Mashareq l'avocat syrien Bashir al-Bassam.

Il en va de même pour l'aide qu'il apporte aux civils en Syrie dans les zones qu'il contrôle, son soutien militaire continu au régime syrien, a-t-il ajouté, ainsi que sa détermination à mettre en place des usines d'armement et des camps militaires en Syrie.

De l'argent et de la nourriture venant d'Iran ont été distribués dans de nombreuses zones de la province syrienne de Deir Ezzor, a-t-il fait savoir.

« Il n'est ni normal ni rationnel d'envoyer l'argent qui revient aux gens vers l'étranger pour poursuivre des objectifs politiques, alors que votre peuple souffre d'une catastrophe dévastatrice et a besoin d'aide financière, logistique, et en nature », a-t-il déclaré.

« C'est la preuve la plus flagrante de la politique criminelle du CGRI, qui place la [poursuite] des objectifs politiques au-dessus des intérêts nationaux et du peuple », a conclu al-Bassam.

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