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Sécurité

L'interdiction de « l'avertissement tribal » est efficace, affirment les autorités irakiennes

Alaa Hussain à Bagdad

Des policiers s'expriment lors d'une conférence sur les effets négatifs du degga ashairiya, le 28 novembre 2018. [Photo fournie par la police de Dhi Qar] 

Des policiers s'expriment lors d'une conférence sur les effets négatifs du degga ashairiya, le 28 novembre 2018. [Photo fournie par la police de Dhi Qar] 

Depuis que les autorités irakiennes ont classé la coutume de « l'avertissement tribal » comme acte de terrorisme, cette pratique parfois meurtrière est en net recul, ont expliqué des responsables.

Le 8 novembre, le Conseil supérieur de la magistrature a classé une vieille coutume tribale connue comme le degga ashairiya (avertissement tribal) comme acte terroriste punissable en vertu de la Loi antiterroriste numéro 13 de 2005.

Cette initiative, qui s'inscrit dans le cadre d'un vaste plan visant à restreindre la détention d'armes et améliorer la sécurité intérieure, impose des peines qui peuvent aller jusqu'à la prison à vie ou même la peine de mort.

Le degga ashairiya est une coutume que les clans irakiens utilisaient pour rendre justice. Les dignitaires tribaux réunissent les parties adverses pour résoudre un différend, mais si l'une des parties ne se présente pas, le clan rival ouvrira le feu sur le domicile de celle-ci.

Une conférence organisée par la police de Dhi Qar le 28 novembre 2018 explore les effets négatifs du degga ashairiya. [Photo fournie par la police de Dhi Qar]

Une conférence organisée par la police de Dhi Qar le 28 novembre 2018 explore les effets négatifs du degga ashairiya. [Photo fournie par la police de Dhi Qar]

Cette pratique a entraîné des incidents lors desquels de dizaines de membres de tribus armés se sont rassemblés devant la maison d'un membre de la tribu adverse et l'ont criblée de balles, parfois avec des conséquences mortelles.

Auparavant, les agences de sécurité irakiennes évitaient de dissuader le « degga », considérant qu'il s'agissait-là d'une coutume tribale en place depuis longtemps et craignant des représailles si elles l'interdisaient.

Mais depuis qu'elle a été classée comme acte de terrorisme, la pratique du degga dans la province tribale de Dhi Qar a reculé de 80 % dans les villes et de 20 % dans les zones rurales, a annoncé le tribunal d'appel fédéral de la province le 19 avril.

Cette décision du Conseil supérieur de la magistrature était attendue depuis longtemps », a déclaré Abdoul Rahman al-Tai, membre du conseil provincial de Dhi Qar, soulignant que classer le degga comme acte terroriste « n'enfreint ni les coutumes ni les croyances tribales ».

La plupart des cheikhs tribaux sont favorables à cette décision, a-t-il expliqué à Diyaruna, vu que la coutume était devenue incontrôlable.

Restreindre la possession d'armes

Cette décision s'inscrit « dans le cadre des efforts de l'État de mettre un terme à la prolifération des armes dans la société irakienne », a déclaré à Diyaruna Naeem al-Koud, président de la commission pour la sécurité du conseil provincial de l'Anbar.

Certaines personnes avaient profité de l'indulgence de l'État pour commettre des actes illégaux « au prétexte qu'il s'agissait de coutumes tribales », a-t-il poursuivi. « Cela est inacceptable et porte atteinte à la sécurité nationale.

Les commandants des opérations dans les provinces ont reçu de nouvelles instructions pour limiter la possession d'armes, a précisé al-Koud, en particulier maintenant que la sécurité s'est améliorée après la défaite de « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS).

Les tribus ont joué un rôle majeur dans la lutte contre l'EIIS et dans le soutien aux forces de sécurité, a-t-il ajouté, « mais cela ne signifie pas passer outre la mission de contrôle des armes et d'empêcher que ces armes ne tombent entre les mains d'individus hors-la-loi ».

Loi antiterroriste irakienne

La loi antiterroriste irakienne ne précise pas quels actes peuvent être considérés comme des actes terroristes, mais définit « des principes généraux qui couvrent tous les actes visant à terroriser les citoyens », a expliqué le spécialiste légal Hayyan al-Khayyat à Diyaruna.

En classifiant le degga comme acte terroriste, le Conseil supérieur de la magistrature a fondé sa décision « sur la nécessité de dissuader les actes qui menacent la sécurité des citoyens et portent atteinte à la souveraineté de l'État », a-t-il poursuivi.

Selon lui, a ajouté al-Khayyat, « il s'agit d'une interprétation appropriée conforme au désir de l'État de fonder la sécurité et la stabilité et de promouvoir la confiance des citoyens envers leurs agences de sécurité ».

Il a souhaité que la possession d'armes soit limitée à ceux qui possèdent un permis de port légal, soulignant que cela aidera la justice à identifier et à appréhender les auteurs lorsqu'un crime est commis.

Cela dissuadera ceux qui « profitent de l'occasion pour commettre un crime sous le couvert d'une affiliation à une tribu ou à un groupe armé », a-t-il conclu.

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