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Le régime iranien cherche à déstabiliser l'Irak, affirment des analystes

Fares al-Omran

Des membres irakiens de la brigade Sayyed al-Shuhada épaulée par l'Iran sur une photo du 8 août 2017 publiée sur internet par la milice.

Des membres irakiens de la brigade Sayyed al-Shuhada épaulée par l'Iran sur une photo du 8 août 2017 publiée sur internet par la milice.

En canalisant son soutien à certaines milices et certains partis politiques irakiens, le régime iranien s'est engagé dans une campagne agressive de subversion de la souveraineté de l'Irak afin de promouvoir ses ambitions sans rencontrer de résistance, ont expliqué des spécialistes.

Par ces actions, le régime iranien tente de faire de l'Irak un État fantoche, ont-ils poursuivi.

Cela fait longtemps que le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) sert « d'outil d'influence » au régime iranien, a indiqué le politologue Adel al-Ashram Ibn Ammar, président du Syndicat al-Shimmar des intellectuels tribaux.

Le CGRI est « actif en [Iran] en tant que force de répression », a-t-il déclaré à Diyaruna.

Depuis sa naissance, le CGRI s'est engagé à soutenir la doctrine du Wilayat al-Faqih (la Tutelle du Juriste), qui appelle à l'allégeance au al-Wali al-Faqih : le guide suprême iranien Ali Khamenei.

En promouvant sa doctrine en dehors d'Iran, le CGRI tente d'imposer l'hégémonie iranienne et adopte une position agressive contre la souveraineté des autres pays, notamment l'Irak, selon des observateurs irakiens.

Ressentiment croissant en Irak

« Le régime iranien permet au CGRI de s'engager dans des activités destructrices à l'étranger dans le but d'affaiblir économiquement et politiquement ses voisins, notamment l'Irak, et de saper leur souveraineté », a ajouté Ibn Ammar.

En commettant ce type d'ingérence, le régime iranien cherche à faire des puissances voisines « des États fragiles et fragmentés dont les ficelles pourront être facilement tirées dans toutes les directions par les responsables de ce régime », a-t-il expliqué.

« On assiste à un ressentiment populaire croissant en Irak contre le régime iranien et ses groupes armés dans le pays qui sèment le chaos, commettent des actes de violence et d'oppression et se livrent à un pillage systématique des ressources du pays. »

Il y a également eu des signes récents de « ressentiment officiel » en Irak après que deux groupes parlementaires pro-Iran eurent présenté des projets de loi appelant au retrait des troupes étrangères d'Irak, chacun établissant son propre calendrier pour ce retrait, a-t-il poursuivi.

Ce ressentiment a été fortement mis en évidence par les récentes annonces gouvernementales affirmant que l'Irak ne souhaitait pas engager une épreuve de force dans la région, et que le pays « est engagé dans des relations équilibrées avec tous les pays », a-t-il ajouté.

Le CGRI « met en place des forces irrégulières »

Dans le même temps, la Force al-Qods du CGRI (CGRI-FQ), placée sous la direction du major général Qassem Soleimani, a formé des milices appuyées par l'Iran en Irak et dans d'autres pays de la région pour en faire des outils au service des intérêts stratégiques iraniens.

Mohammed Ali Jaafari, commandant du CGRI, a affirmé qu'il a sous son commandement 200 000 combattants dans les milices irakiennes et syriennes qu'il commande, a indiqué Thaer al-Bayati, secrétaire général du conseil tribal arabe de Salaheddine.

« C'est une confirmation officielle que Téhéran est impliqué dans la création de forces irrégulières en dehors de ses frontières et qui prennent leurs ordres du CGRI », a-t-il indiqué à Diyaruna.

Ces forces aident à promouvoir le programme iranien, qui vise à soutenir le terrorisme et attiser les conflits sectaires, en plus de menacer la stabilité de la région et la paix au sein de la société, a-t-il poursuivi. Elles ont également pour but de mettre la main sur les ressources des pays de la région.

« Le CGRI utilise les ressources et les capacités qu'il vole à son propre peuple et aux autres pays pour alimenter ses activités criminelles à travers ses intermédiaires en Irak », a expliqué al-Bayati.

Ces milices appuyées par l'Iran « tentent de lier le sort de leur pays à celui du régime iranien et de le placer sous la tutelle de l'Iran », a-t-il ajouté.

« Ces milices tirent leur force du régime iranien, et ont un impact néfaste sur la sécurité et la souveraineté [de l'Irak] », a-t-il précisé. « Elles commettent des crimes, volent les ressources nationales et défient les lois du pays. »

Le CGRI est « l'une des principales sources de tous les problèmes en Irak et dans la région », a expliqué l'expert en stratégie Rabie al-Jawari à Diyaruna.

« Cette milice terroriste est chargée de fomenter les agitations pour prendre le contrôle des autres pays, ce qui est l'un des objectifs du régime iranien », a-t-il ajouté.

Une influence démesurée en Iran

Le CGRI est une force puissante en Iran, où il exerce une influence démesurée au sein de toutes les agences et institutions officielles de ce pays, ont souligné des analystes irakiens.

Le CGRI possède également des entreprises et dispose d'intérêts commerciaux et financiers qui renforcent son influence et l'aident à museler toute tentative de mobilisation populaire qui pourrait menacer le régime, ont-ils expliqué.

La force paramilitaire Basij, l'une des composantes du CGRI, sert ainsi à interdire toute activité interne que le régime estime être hostile, notamment les manifestations populaires appelant aux droits de l'homme et à une amélioration des conditions de vie.

« Le CGRI se finance auprès d'institutions et d'entreprises dans un grand nombre de secteurs », a ajouté Ibn Ammar. « La majorité des revenus du pétrole et du budget de l'État sert à financer cette milice et ses activités hostiles. »

« Il ne reste au peuple iranien que les miettes de ces revenus », a-t-il conclu. « Il connaît des conditions de vie difficiles et est placé sous une pression économique énorme du fait de la corruption du régime. »

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