NOUVELLES D’IRAK
Sécurité

Les milices appuyées par l'Iran impliquées dans des trafics d'armes

Hassan al-Obaidi à Bagdad

Des membres de la milice Harakat al-Nujaba rassemblent les armes laissées par l'EIIS en novembre 2015 à proximité de la raffinerie de Baiji, dans la province de Salaheddine. [Hassan al-Obeidi/Diyaruna]

Des membres de la milice Harakat al-Nujaba rassemblent les armes laissées par l'EIIS en novembre 2015 à proximité de la raffinerie de Baiji, dans la province de Salaheddine. [Hassan al-Obeidi/Diyaruna]

Les milices appuyées par l'Iran sont impliquées dans la vente d'armes abandonnées par « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) dans le nord et l'ouest de l'Irak, ont expliqué des responsables militaires et gouvernementaux à Diyaruna.

Le grand nombre d'armes clandestines en circulation complique le travail de l'armée et de la police, ont-ils ajouté, soulignant que les forces de sécurité visent particulièrement certains marchés d'armes connus à Bagdad et dans le sud et le centre de l'Irak.

Selon des responsables irakiens, les milices armées ont saisi des milliers d'armes légères et moyennes, des mortiers et des munitions abandonnés par l'EIIS.

La législation irakienne stipule que ces armes doivent être remises aux forces irakiennes en vue de leur destruction, mais dans certains cas elles sont conservées ou réutilisées par les milices.

Des membres de la milice Kataib Hezbollah reçoivent leurs instructions à al-Karma, à l'est de Falloujah en juin 2016. [Hassan al-Obeidi/Diyaruna] 

Des membres de la milice Kataib Hezbollah reçoivent leurs instructions à al-Karma, à l'est de Falloujah en juin 2016. [Hassan al-Obeidi/Diyaruna] 

« Ce phénomène des marchés d'armes qui fleurissent dans plusieurs régions d'Irak est dû au fait que les armes de l'EIIS aboutissent d'une façon ou d'une autre entre les mains des trafiquants d'armes », a indiqué le colonel Mohammed al-Hassani, du commandement des opérations de Bagdad.

Ces trafiquants sont liés aux factions armées dans des zones de conflit telles que Mossoul, Falloujah, Baiji, al-Hawijah et al-Qaim « qui les vendent aux gangs armés, aux contrebandiers et aux tribus belliqueuses connues pour fomenter des troubles », a-t-il précisé à Diyaruna.

Certaines armes ont été envoyées en contrebande en Iran, a-t-il ajouté.

Commerce illégal d'armes

Al-Hassani a confirmé que des armes ayant appartenu à l'EIIS avaient été utilisées lors d'actes criminels commis récemment et dans des conflits tribaux, et qu'elles avaient été vendues à leurs auteurs par différentes factions armées.

Les forces irakiennes continuent de traquer les trafiquants d'armes qui ont vendu leur marchandise par le biais de différents canaux, certains créant même des pages sur Facebook à cette fin, a-t-il précisé.

Les ventes d'armes ont habituellement lieu dans des habitations privées, des magasins ou des bâtiments résidentiels inoccupés, a-t-il poursuivi, et elles se font typiquement par téléphone ou par internet.

Parmi les armes vendues ainsi, on trouve des lance-roquettes portables (RPG-7) de fabrication russe, et des canons antichars SPG-9, a-t-il détaillé.

« Les forces de sécurité ont réussi à cibler des dizaines de gangs qui vendaient illégalement des armes et ont confisqué de grandes quantités d'entre elles », a expliqué à Diyaruna le général de brigade Yahya Rasul, porte-parole du commandement des opérations conjointes.

Elles continuent à traquer ces trafiquants, a-t-il poursuivi.

Rasul a souligné que la loi irakienne traite les personnes impliquées dans le trafic d'armes de la même manière que celles engagées dans des opérations terroristes qui menacent la sécurité du pays.

« Des accusations de terrorisme ont déjà été prononcées contre certains d'entre eux », a-t-il continué, précisant que toute partie impliquée dans l'achat ou la vente d'armes sera traduite en justice.

Les civils peuvent aider en signalant les trafiquants d'armes aux autorités, a-t-il ajouté.

Implication des milices appuyées par l'Iran

Les milices appuyées par l'Iran comme Asaib Ahl al-Haq, Kataib Hezbollah, al-Khorasani, al-Tufuf et Saraya al-Salam ont été impliquées dans ces trafics d'armes, a expliqué le lieutenant-colonel Abdallah al-Saidi, de la Direction des affaires tribales au ministère de l'Intérieur.

Ces armes et ces munitions sont collectées sur le champ de bataille et envoyées dans le sud de l'Irak, où existe habituellement une demande, a-t-il ajouté, soulignant que ce trafic d'armes illégales ne sert qu'à semer le chaos au sein des zones tribales de cette région.

Mohammed Mujhid, un habitant d'al-Kut, a expliqué à Diyaruna que son frère avait été tué en décembre lors d'un désaccord avec son voisin pour une affaire d'irrigation.

Le tueur a reconnu avoir acheté une Kalashnikov et une grenade à main à un membre de la brigade al-Khorasani, qui avait amassé une grande quantité d'armes abandonnées par l'EIIS et revendues à des civils à bas prix.

« Les milices ont commencé à sortir les armes des zones de combat et à les vendre ici », a-t-il indiqué, ajoutant que « elles sont utilisées pour tuer des personnes innocentes tout en enrichissant les milices ».

Ces armes devraient être confisquées et conservées dans des entrepôts du gouvernement plutôt qu'être vendues au marché noir, a-t-il conclu.

Aimez-vous cet article?

0 COMMENTAIRE (S)
Politique Commentaire * INDIQUE CHAMP NÉCESSAIRE 1500 / 1500