Les familles chrétiennes qui avaient été chassées de leurs foyers par « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) reviennent à Mossoul dans un contexte d'amélioration de la situation sécuritaire et de reprise des services de base.
Malgré leurs faibles nombres, ces familles ouvrent une nouvelle ère de stabilité et de paix sociale, ont expliqué les responsables locaux à Diyaruna.
« Depuis la libération de Mossoul de l'EIIS mi-2017, de nombreuses familles déplacées sont revenues », a indiqué Duraid Hikmat, conseiller auprès du gouverneur de Ninive.
Mais ce retour a été plus lent pour les familles chrétiennes, qui étaient près de 2 000 avant l'invasion de l'EIIS, a-t-il précisé à Diyaruna.
Cela est dû au fait que ces familles vivaient dans la vieille ville de Mossoul, qui avait été fortement endommagée lors des combats pour la libération, a-t-il expliqué.
Aujourd'hui cependant, la vieille ville est le théâtre d'un retour en masse de ses habitants, notamment chrétiens, grâce au rétablissement des services de base, a-t-il indiqué.
« Une cinquantaine de familles chrétiennes sont rentrées dans la vieille ville et dans d'autres parties de Mossoul », a-t-il ajouté.
De plus, des membres de quelque 150 autres familles chrétiennes ont travaillé pendant la journée pour réparer leurs maisons endommagées à Mossoul avant de regagner leurs abris à l'extérieur de la ville le soir, a poursuivi Hikmat.
« De nombreux étudiants chrétiens entrent également chaque jour dans la ville en provenance des camps de déplacés pour assister à des cours à l'université de Mossoul et dans les différents instituts [académiques] de la ville », a-t-il ajouté.
Réhabiliter les maisons détruites lors des combats et créer des opportunités d'emplois encouragera les chrétiens et les autres déplacés internes (DI) à revenir, a ajouté Hikmat, notamment dans le climat d'amélioration de la sécurité que Mossoul connaît actuellement.
Stabilité sociale
« Les familles chrétiennes qui reviennent à Mossoul se répartissent entre les quartiers d'al-Saa, al-Nabi Jirjis et al-Shifaa dans la vieille ville, dans l'ouest de Mossoul », a expliqué à Diyaruna Hussam Eddin al-Abbar, membre du conseil provincial de Ninive.
« D'autres familles chrétiennes sont revenues dans les quartiers est de Mossoul, comme al-Majmoua al-Thaqafiya, al-Arabi, al-Nour et al-Muhandiseen », a-t-il ajouté.
« Malgré leur faible nombre, le retour des familles chrétiennes est très important pour les habitants de Mossoul », a expliqué al-Abbar.
Lorsqu'il contrôlait Mossoul, l'EIIS avait commis des actes horribles contre tous les habitants sans exception, a-t-il poursuivi.
En chassant les chrétiens et en confisquant leurs biens, « l'EIIS avait cherché à causer une fracture dans le tissu social de Mossoul et à inciter à la haine et à l'animosité dans une ville connue pour la solidarité entre ses habitants », a-t-il ajouté.
« Le retour des chrétiens et la reprise de leur coexistence avec leurs compatriotes musulmans et d'autres confessions augurent à nouveau de la stabilité et de la paix sociales », a poursuivi al-Abbar.
Reconstruire les églises
Les autorités locales ont favorisé le retour des familles chrétiennes en réhabilitant les églises endommagées de Mossoul.
Les travaux de rénovation sont terminés dans l'Église chaldéenne Saint-Paul dans le quartier d'al-Majmoua al-Thaqafiya en septembre.
L'église al-Bishara (de l'Annonciation), construite sur les ruines d'une autre église détruite par l'EIIS, rouvrira également prochainement ses portes dans l'est de Mossoul.
Le centre-ville de Mossoul comporte une dizaine d'églises qui avaient été incendiées, vandalisées ou pillées par les combattants de l'EIIS.
« Les efforts du gouvernement se concentrent sur la reconstruction de deux églises, al-Tahira et al-Saa, parmi les plus anciennes de Mossoul », a fait savoir le militant chrétien Ramy Hanna Karoumi, natif de la ville.
La réhabilitation des anciennes églises et la construction de nouvelles enverront un signal positif aux familles chrétiennes qui « reflète le visage historique de Mossoul comme berceau des civilisations et des religions », a-t-il expliqué à Diyaruna.
« Les habitants chrétiens de Mossoul sont fidèles à leur ville, impatients de revenir et de vivre en toute sécurité aux côtés de leurs compatriotes », a-t-il conclu, appelant chacun à « oublier le passé et se tourner vers l'avenir ».