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L'Iran en passe d'entrer sur le marché syrien des télécommunications

Waleed Abou al-Khair au Caire

Syriatel, la première société de télécommunications mobiles en Syrie, devra faire face à la concurrence d'un nouveau réseau contrôlé par l'Iran dans le pays. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Syriatel, la première société de télécommunications mobiles en Syrie, devra faire face à la concurrence d'un nouveau réseau contrôlé par l'Iran dans le pays. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Des signes montrant qu'un accord autorisant des entreprises affiliées au Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) à exploiter le troisième réseau de télécommunications mobiles syrien ont fait naître des inquiétudes dans certains milieux.

Cela est dû au fait qu'une telle initiative présente de sérieuses implications pour l'économie syrienne, que l'Iran tente de contrôler, et donne à Téhéran la possibilité d'espionner et d'exercer des activités de surveillance, a expliqué l'avocat syrien Bashar al-Bassam à Diyaruna.

En mettant un pied dans ce secteur, a-t-il poursuivi, l'Iran sera en mesure d'écouter et de manipuler les télécommunications, ainsi que d'imposer des conditions d'exploitation qui serviront ses propres ambitions dans la poursuite de ses opposants.

En début de mois, le ministre syrien des Communications et des Technologies Iyad al-Khatib a indiqué au parlement que le gouvernement travaillait avec une entreprise iranienne à la mise en place et à l'exploitation d'un troisième réseau de télécommunications mobiles en Syrie.

Un centre de télécommunications du régime syrien à Damas. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Un centre de télécommunications du régime syrien à Damas. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Ce projet avait été annoncé à deux reprises précédemment, en 2016 et en 2017, lors de négociations portant sur des accords commerciaux et économiques entre l'Iran et la Syrie, a poursuivi al-Bassam.

Mais aujourd'hui, l'accord a été confirmé, activé et le marché attribué directement à une société affiliée au CGRI, a-t-il précisé.

« Une compagnie syrienne servira de façade, puisque la loi syrienne exige que les opérateurs de réseau mobile soient syriens, mais le capital de cette société est iranien, ainsi que les entreprises qui exploiteront ce nouveau réseau », a-t-il indiqué.

Celui-ci sera surveillé par la Mobile Telecommunications Company of Iran, détenue par un consortium qui comprend au moins deux sociétés affiliées au CGRI.

Expansion de l'influence iranienne

« Le contrat passé reflète une série d'initiatives prises par l'Iran pour contrôler l'économie syrienne », a ajouté al-Bassam, soulignant que l'Iran avait déjà la mainmise sur plusieurs secteurs.

Al-Alam TV-Syria, une chaîne satellitaire financée par l'Iran qui a commencé à émettre en Syrie en novembre 2017, permet à l'Iran de promouvoir son agenda et son idéologie.

Contrôler une partie du secteur des télécommunications permettra à l'Iran de se livrer à des activités d'espionnage et de surveiller ses opposants dans la région, comme il le fait déjà en interne, a-t-il expliqué.

Dans ses sanctions de 2013 désignant Iran Electronics Industries (IEI), le Trésor américain avait souligné que la société proposait un certain nombre de biens et de services liés au brouillage, à la surveillance et aux écoutes.

« Le brouillage des satellites est une réalité omniprésente en Iran. Il est utilisé pour censurer la libre expression et interdire l'accès à l'information par des interférences délibérées aux seules fins d'empêcher l'accès à des contenus spécifiques », a expliqué le Trésor.

« Le brouillage orbital et terrestre est fréquemment utilisé en Iran pour empêcher d'accéder à des informations et des nouvelles précises venant de l'étranger », a-t-il poursuivi, soulignant qu'il est utilisé pour bloquer, brouiller ou interférer avec des communications telles que des appels depuis un téléphone mobile, des services de messagerie, des systèmes GPS et des réseaux Wi-Fi.

Activités de surveillance de l'Iran

« Dès 2011, le gouvernement iranien a été en mesure de surveiller les services de messagerie par le biais d'un système de surveillance installé par IEI », a encore ajouté le Trésor.

« Dans le cadre de leur utilisation par le gouvernement d'Iran, la surveillance et l'écoute font partie intégrante des efforts du régime iranien de contrôler et de limiter les contenus et de limiter la parole », a-t-il ajouté.

Outre cette surveillance de l'activité en ligne, le Trésor a indiqué que « les autorités iraniennes utilisent la surveillance de manière routinière pour arrêter et interroger les activistes politiques ».

Un manifestant iranien qui avait participé à des manifestations anti-gouvernement fin 2017 et début 2018 a accusé les autorités de tenter ouvertement et publiquement de couper les communications « chaque fois qu'elles détectent une quelconque forme d'opposition ».

Elles le font en coupant les services internet ou en les affaiblissant au point d'être inefficaces, avait expliqué à l'époque ce manifestant à Al-Mashareq, site jumeau de Diyaruna, ajoutant que les principales plateformes de réseaux sociaux sont régulièrement bloquées.

En installant des tours et des antennes de téléphonie mobile dans toute la Syrie, l'Iran sera en mesure de manipuler les services internet et de surveiller les réseaux sociaux dans ce pays aussi, a souligné al-Bassam.

Il a expliqué que la Mobile Telecommunications Company of Iran « fera sans aucun doute une entrée en force sur le marché syrien de manière à concurrencer les deux sociétés existantes ».

En proposant des prix concurrentiels, elle sera en mesure de s'étendre rapidement, a-t-il conclu.

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