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Sécurité

L'Anbar autorise les familles de l'EIIS innocentées à retourner chez elles

Khalid al-Taie

Un responsable de la sécurité surveille le retour des familles de déplacés dans leurs foyers à al-Qaim, dans l'ouest de l'Anbar, sur cette photo publiée en ligne le 10 octobre 2018. [Photo fournie par le commandement des opérations de l'Anbar]

Un responsable de la sécurité surveille le retour des familles de déplacés dans leurs foyers à al-Qaim, dans l'ouest de l'Anbar, sur cette photo publiée en ligne le 10 octobre 2018. [Photo fournie par le commandement des opérations de l'Anbar]

L'Anbar se rapproche d'une solution à la question épineuse de savoir que faire des familles des éléments de « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS), qui demeure une source de tensions au lendemain de la défaite du groupe, ont expliqué des responsables locaux.

Les rencontres entre les leaders tribaux de l'Anbar ont permis de poser les fondements de la stabilité dans l'époque post-EIIS, ont-ils expliqué, en permettant aux familles des combattants de l'EIIS qui n'avaient pas été condamnés de accusations de terrorisme de regagner leurs foyers.

« Nous tournons la page de l'ère sombre du terrorisme et de ses conséquences funestes, et nous nous orientons maintenant vers la consolidation du développement de notre province », a expliqué Cheikh Qatari al-Samarmad, commandant des forces tribales du district d'al-Baghdadi.

« Nous ne souhaitons pas revenir en arrière ni mettre des obstacles à la marche en avant », a-t-il ajouté pour Diyaruna. « Nous cherchons à tourner une nouvelle page qui soit basée sur la tolérance et le renoncement à la haine et à la vendetta».

Une personne déplacée de l'Anbar attend de subir une inspection de sécurité avant d'être autorisée à rentrer chez elle. [Photo fournie par le commandement des opérations de l'Anbar]

Une personne déplacée de l'Anbar attend de subir une inspection de sécurité avant d'être autorisée à rentrer chez elle. [Photo fournie par le commandement des opérations de l'Anbar]

« Nous voulons surmonter tous nos problèmes, y compris ceux des familles de l'EIIS », a-t-il poursuivi.

Une vision de l'avenir

Les tribus de l'Anbar se sont réunies pour parler de cette question et sont convenues d'une vision commune pour la phase post-EIIS et d'un plan pour l'avenir de la province, a précisé al-Samarmad.

Ce plan prévoit de « cimenter les piliers de la paix, de la stabilité et de la réconciliation, et d'empêcher toutes représailles et agression contre des personnes innocentes qui n'ont jamais participé à ce que leurs proches terroristes ont commis », a-t-il précisé.

Il appelle à respecter la règle de la loi, a-t-il ajouté, expliquant que ceux qui ont des griefs « doivent chercher justice devant les tribunaux et non avoir recours à la violence ».

Les tribus de l'ouest de l'Anbar ont tracé la voie en autorisant les familles d'éléments de l'EIIS à revenir dans leurs maisons pour y mener une vie normale, a ajouté al-Samarmad.

« De nombreuses familles sont rentrées des camps de déplacés après que les autorités en charge de la sécurité et des renseignements eurent confirmé leur innocence de crimes terroristes et prouvé qu'elles n'avaient apporté aucun soutien à leurs proches membres de l'EIIS », a-t-il expliqué.

Dans le district d'al-Baghdadi, toutes les familles sont revenues, à l'exception de trois qui n'ont pas été autorisées pour des raisons de sécurité, a-t-il ajouté.

« C'est également le cas dans d'autres districts administratifs de l'ouest de l'Anbar », a-t-il poursuivi, soulignant que seules quelques familles de l'EIIS restaient encore dans les camps de déplacés.

Les autorités de l'Anbar cherchent à résoudre cette question en lien avec la fin du retour des autres déplacés internes (DI), a-t-il expliqué.

« Les autorités locales envisagent de fermer le dernier camp de DI dans la ville d'al-Habbaniya, dans l'ouest de l'Anbar, qui abritait 1452 DI, en juin », a-t-il indiqué.

Al-Samarmad a exprimé sa confiance dans les mesures de sécurité et légales qui sont prises pour séparer les personnes innocentes des criminels.

Dans l'Anbar, a-t-il souligné, quelque 300 extrémistes « ont été soit condamnés à mort soit confinés dans des prisons de très haute sécurité ».

« Citoyens de notre pays »

« Les autorités en charge de la sécurité de la province de l'Anbar ont pris sur elles la responsabilité de résoudre la question des membres de familles de l'EIIS », a déclaré Shallal Naji Obeid, membre de la commission pour la sécurité du conseil provincial de l'Anbar, à Diyaruna.

« Nous disposons d'une banque de données de toutes ces familles, et elles ne sont actuellement soumises à aucune restriction après que des enquêtes minutieuses eurent prouvé leur innocence », a-t-il poursuivi.

La prochaine étape sera toutefois plus délicate, dans la mesure où de nombreux habitants de l'Anbar ne souhaitent pas que des familles de l'EIIS vivent parmi eux, car ils ont peur d'attaques terroristes, de représailles ou d'autres types d'agitation sociale, a-t-il précisé.

Mais la plupart sont disposés à réintégrer ces familles, car elles sont innocentes et ne peuvent rester sans abri, a-t-il ajouté, « Au bout du compte, nous devons les traiter en tant que citoyens de notre pays, quand bien même l'un des membres de leur famille est un terroriste».

Avoir l'un de ses proches dans l'EIIS « ne justifie pas de punir toute sa famille et de créer une autre génération d'extrémistes », a-t-il souligné.

Une question encore délicate

Comme l'a indiqué Naeem al-Koud, président de la commission pour la sécurité du conseil provincial de l'Anbar, la question des familles de l'Anbar sera entièrement réglée en temps utile.

« Cela reste une question délicate dans l'ensemble du pays », a-t-il indiqué à Diyaruna, soulignant que plusieurs villes libérées ne permettront pas aux membres de familles de l'EIIS de revenir, même si des enquêtes prouvent leur innocence.

« Quant à notre province, les gens sont disposés à les voir revenir dès lors que leur innocence est avérée, et je suis d'accord avec cette position », a-t-il indiqué. « Mais nous devons mettre en place de nombreuses procédures qui prendront du temps».

Il est important de travailler à renforcer les valeurs de réconciliation au sein des communautés locales qui ont été impactées négativement par le terrorisme », a ajouté al-Koud.

Cela se fera en veillant à ce que les victimes du terrorisme soient intégralement indemnisées, a-t-il conclu, et en garantissant que les familles d'éléments de l'EIIS suivent une réinsertion psychologique pour s'assurer qu'elles n'adopteront plus une idéologie extrémiste.

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2 COMMENTAIRE (S)
Politique Commentaire * INDIQUE CHAMP NÉCESSAIRE 1500 / 1500

L’homme ne doit pas être jugé sur la base des péchés d’autrui, ce qui n’est que logique. Cependant, avec les membres de l'EIIS, la situation est différente, puisqu'un terroriste n'est jamais une branche isolée d'un arbre, mais il a toujours fait partie des racines en terres fertiles de ce raisonnement théorique.

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Que Dieu bénisse les tribus de Ramadi! Votre aide et coopération ont aidé les forces de sécurité à libérer vos zones des rats.

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