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Terrorisme

Près de 14 000 victimes de l'EIIS dans les charniers irakiens

Khalid al-Taie

Des restes humains dans un charnier mis à jour dans le district d'al-Hawijah dans la province de Kirkouk, le 18 décembre. [Photo fournie par le Commandement de la police fédérale irakienne]

Des restes humains dans un charnier mis à jour dans le district d'al-Hawijah dans la province de Kirkouk, le 18 décembre. [Photo fournie par le Commandement de la police fédérale irakienne]

Selon les estimations officielles, les restes d'au moins 14 000 victimes de « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) sont enterrés dans des charniers répartis dans tout le pays, et les autorités continuent de découvrir de nouveaux sites.

Le 18 décembre, la police fédérale a mis à jour un charnier dans le district d'al-Hawijah, dans l'ouest de la province de Kirkouk.

Cette fosse commune est située non loin du village d'Abou al-Jis, dans une région appelée localement la forêt d'al-Baeer, dans la division administrative d'al-Abbasi, a précisé à Diyaruna Maan al-Hamdani, membre du conseil provincial de Kirkouk.

Ce site contient les ossements et les crânes d'individus non identifiés tués par l'EIIS lorsqu'il contrôlait al-Hawijah, a précisé al-Hamdani.

Des spécialistes irakiens mettent à jour un charnier dans la province de Salaheddine en mars 2018, qui renfermait les restes d'Irakiens assassinés par « l'État islamique en Irak et en Syrie ». [Photo fournie par la Direction des charniers en Irak]

Des spécialistes irakiens mettent à jour un charnier dans la province de Salaheddine en mars 2018, qui renfermait les restes d'Irakiens assassinés par « l'État islamique en Irak et en Syrie ». [Photo fournie par la Direction des charniers en Irak]

« On ne connaît pas le nombre exact de victimes enterrées ici, mais selon nos sources, ce charnier pourrait contenir au minimum les restes de 70 personnes », a-t-il ajouté.

Une première inspection du site a révélé des vêtements en lambeaux semblant indiquer que certaines des victimes étaient des civils, parmi lesquels pourraient même se trouver des femmes et des enfants, en plus de soldats, a-t-il indiqué.

Des fils métalliques ont également été retrouvés sur le site, que les activistes avaient utilisés pour attacher leurs victimes avant de les massacrer ou de les abattre à bout portant, a continué al-Hamdani.

C'est l'un des nombreux charniers découverts après la défaite de l'EIIS, et il « montre la barbarie du groupe et les crimes commis contre la population irakienne », a-t-il poursuivi.

Plus de 200 charniers en Irak

Un rapport des Nations unies publié le 6 novembre avait montré que 202 charniers avaient été découverts en Irak, contenant les restes de personnes tuées par l'EIIS.

La plupart de ces sites se trouvent dans les provinces de Kirkouk, de Ninive, de l'Anbar et de Salaheddine.

« Les Nations unies ont notifié aux autorités locales concernées la nécessité de préserver le site de ce nouveau charnier et d'empêcher qu'il ne soit vandalisé, de manière à ne pas détruire les éventuelles preuves qui permettraient d'accuser l'EIIS », a poursuivi al-Hamdani.

Une délégation officielle de la Haute Commission indépendante irakienne pour les droits de l'homme, de l'agence de renseignements de Kirkouk et de la Fondation des Martyrs a inspecté le site le 20 décembre.

Les forces de sécurité et tribales avaient mis à jour ce site après que des pluies torrentielles eurent fait remonter à la surface des restes humains qui avaient été enterrés dans un puits peu profond, a expliqué Sabhan al-Jubury, le maire d'al-Hawijah

Il a expliqué à Diyaruna que son administration avait averti les autorités gouvernementales et les organisations internationales de l'existence de ce charnier dès qu'il avait été découvert, et qu'une inspection initiale avait été entreprise.

« Nous attendons l'arrivée d'équipes de spécialistes pour exhumer cette tombe et identifier le nombre de victimes, comment et quand elles ont été tuées et qui elles étaient, en effectuant des tests génétiques sur leurs restes », a-t-il poursuivi.

Un nombre inconnu de victimes

L'EIIS avait tué les civils de manière aléatoire, a ajouté al-Jubury, en particulier ceux qui tentaient de fuir les territoires qu'il contrôlait ou les personnes qui avaient servi dans les rangs des forces de sécurité.

« Il est difficile de savoir combien de victimes ont fait ces terroristes durant l'époque où ils contrôlaient nos villes », a-t-il ajouté. « Ils tuaient leurs victimes de sang froid et cachaient leurs corps dans des endroits inconnus. »

Le site d'al-Hawijah est le charnier le plus récemment découvert, a expliqué à Diyaruna Ali al-Bayati, porte-parole de la Haute Commission indépendante des droits de l'homme, soulignant que « ce n'est que l'un des nombreux charniers découverts ».

Le nombre total de victimes est estimé à environ 14 000, a-t-il ajouté, précisant qu'il est très probable que l'on découvre encore d'autres charniers.

Les restes de 1 258 victimes ont été exhumés des 28 charniers découverts à ce jour, quatre à Diyala, un à Ninive et 23 à Salaheddine, a-t-il ajouté.

Tous les charniers seront exhumés

Al-Bayati a rappelé qu'exhumer un charnier n'est pas une tâche aisée.

« Certains des sites sont truffés de mines, et ils doivent d'abord être déminés avant d'être ouverts », a-t-il ajouté.

« Il y a également un manque de fonds et d'équipes de spécialistes locaux qui peuvent exhumer ces restes sans les mélanger et sans altérer la scène de crime », a-t-il indiqué.

S'y ajoute la nécessité de pratiquer les tests génétiques nécessaires pour l'identification des victimes, a-t-il ajouté.

Le 4 janvier, le gouvernement irakien a annoncé avoir mis en place « un plan complet d'exhumation de tous les charniers cette année ».

L'exhumation de ces sites se fait « selon les normes internationales et en respectant la loi irakienne pour l'ouverture des charniers », a expliqué al-Bayati.

Pour le faire correctement, a-t-il conclu, la Haute Commission indépendante des droits de l'homme, la Fondation des Martyrs, les autorités de médecine légale, le Conseil juridique suprême et la police locale doivent travailler de concert pour conduire ces opérations.

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