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Terrorisme

La police de Diyala empêche les tentatives de recrutement d'enfants par l'EIIS

Khalid al-Taie

La police de communauté de Diyala escorte des enfants sans foyer lors de leur retour à l'école, sur cette photo publiée sur internet le 1er octobre. [Photo fournie par le commandement de la police de Diyala]

La police de communauté de Diyala escorte des enfants sans foyer lors de leur retour à l'école, sur cette photo publiée sur internet le 1er octobre. [Photo fournie par le commandement de la police de Diyala]

Le gouvernement irakien a renforcé ses actions de lutte contre le recrutement des mineurs par les éléments restants de « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS), après que la police de la province de Diyala eut récemment déjoué plusieurs tentatives.

Les éléments de l'EIIS « attirent et manipulent sans relâche les enfants pour les recruter et les utiliser pour lancer des attentats suicides et des attaques à la bombe », a indiqué le colonel Ghalib al-Attiya, porte-parole du commandement de la police de Diyala, à Diyaruna.

« Le groupe se sert de mineurs innocents pour transporter des explosifs et les poser », a-t-il rapporté, ajoutant que l'EIIS pratique un « lavage de cerveau » de ces jeunes.

Le commandement de la police de Diyala « a déjoué des dizaines de tentatives terroristes visant à attirer des enfants dans ses rangs au cours des deux dernières années », a-t-il précisé.

Des chercheurs et des experts irakiens participent à une table ronde organisée le 12 octobre 2017 consacrée aux moyens de contrer les tentatives de recrutement de mineurs par l'EIIS. [Photo fournie par le Centre irakien de recherche psychologique]

Des chercheurs et des experts irakiens participent à une table ronde organisée le 12 octobre 2017 consacrée aux moyens de contrer les tentatives de recrutement de mineurs par l'EIIS. [Photo fournie par le Centre irakien de recherche psychologique]

L'année dernière, a-t-il poursuivi, la police de Diyala a ainsi empêché le recrutement de 17 personnes, dont quatre étaient mineures, et le reste était des hommes jeunes.

« Depuis le début de l'année, nous avons empêché deux tentatives de recrutement de deux enfants sur internet, après que nos forces eurent piraté les comptes de terroristes », a-t-il indiqué.

Les opérations de recrutement se déroulent en général dans les zones du nord-est de Diyala, où des poches d'éléments de l'EIIS opèrent toujours, profitant de la taille de cette région et de l'accès qu'elle offre sur les autres provinces, a expliqué al-Attiya.

Activités de sensibilisation

L'EIIS a réussi dans une certaine mesure dans ses efforts de recrutement de mineurs, a déploré al-Attiya, soulignant que de tels cas sont « de moins en moins nombreux par rapport aux années précédentes ».

Ce déclin peut être en grande partie attribué à la police de communauté, a-t-il déclaré, qui a mené de larges activités de sensibilisation dans les écoles locales, avec le soutien des administrations et des conseillers des écoles.

Pendant ces sessions, la police a mis en garde les élèves contre « les conséquences lorsque l'on devient la proie des extrémistes et de leurs messages trompeurs », a-t-il rapporté.

Les mesures de lutte contre l'absentéisme ont également porté leurs fruits, a-t-il déclaré, expliquant que « surveiller de près les écoliers qui avaient été expulsés à cause de leurs absences et leur permettre de revenir » a aidé à empêcher des recrutements par l'EIIS.

Al-Attiya a souligné l'importance de lancer des programmes complets pour s'occuper des familles pauvres et les aider à améliorer leurs conditions de vie.

Ces initiatives, qui peuvent éloigner les jeunes de l'EIIS, du crime organisé et des réseaux de trafic de drogues, requièrent « un important effort national », a-t-il fait savoir.

Bâtir une génération résistante

Le gouvernement va lancer cette année des programmes de formation pour enseigner aux éducateurs, aux conseillers et aux autres fonctionnaires comment protéger les enfants contre l'influence de l'EIIS, a indiqué Nuha Derwish, chercheuse spécialisée en psychologie.

Les efforts porteront aussi sur le diagnostic d'enfants et de mineurs touchés par l'idéologie extrémiste ou des actes de terrorisme, et chercheront à intervenir de façon positive à travers l'éducation et les actions de sensibilisation, a-t-elle expliqué à Diyaruna.

Un important groupe de chercheurs et de spécialistes doit se réunir lors d'une conférence scientifique internationale en mars, a-t-elle indiqué, pour créer des programmes de réhabilitation et de traitement, et discuter des moyens de bâtir une génération résistante.

Cette conférence sera organisée au Centre d'études stratégiques al-Nahrain du Conseil national irakien de sécurité, sous les auspices de l'UE, a-t-elle précisé.

Derwish a appelé les agences gouvernementales et non gouvernementales à travailler ensemble pour répondre à tous les facteurs sociaux et économiques qui peuvent donner aux extrémistes l'opportunité de recruter des enfants.

Réhabiliter les enfants touchés

Effacer les effets de l'EIIS et lutter contre ses tentatives continues de recrutement d'enfants est « la seule préoccupation de plusieurs agences et chercheurs », a déclaré Faten al-Halfi, qui siège à la Commission irakienne des droits de l'homme.

« Les terroristes ont essayé d'implanter la violence et l'extrémisme dans l'esprit des enfants dans les zones qui étaient sous leur contrôle », a-t-elle indiqué à Diyaruna.

L'EIIS a même introduit son idéologie violente dans les programmes scolaires, a-t-elle fait savoir.

« Il est maintenant important de commencer à penser sérieusement à ouvrir un centre pour surveiller et réhabiliter les enfants touchés », a déclaré al-Halfi.

Elle a réitéré la nécessité d'adopter une position ferme contre toute activité des éléments restants de l'EIIS visant à attirer des jeunes à les rejoindre.

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