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Terrorisme

L'EIIS secoué par les conflits entre éléments irakiens et ouzbeks

Waleed Abou al-Khair au Caire

Les membres ouzbeks de l'EIIS comme ceux de cette photo sont engagés dans une lutte de pouvoir avec les combattants irakiens du groupe. [Photo fournie par Jamil al-Abed]

Les membres ouzbeks de l'EIIS comme ceux de cette photo sont engagés dans une lutte de pouvoir avec les combattants irakiens du groupe. [Photo fournie par Jamil al-Abed]

Des luttes intestines, essentiellement entre éléments irakiens et ouzbeks, secouent les rangs de « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) dans le dernier bastion du groupe dans l'est de la Syrie, ont expliqué des experts à Diyaruna.

La lutte pour le pouvoir entre les deux camps a engendré un climat d'animosité et de défiance au sein du groupe, dont les combattants sont sur les nerfs après des années de conflit ininterrompu, a expliqué Jamil al-Abed, activiste à Deir Ezzor.

L'EIIS était certes tiraillé par des divisions internes auparavant, a-t-il indiqué à Diyaruna, mais ces conflits ont été exacerbés et sont apparus au grand jour alors que le groupe se trouve sous une pression intense dans son dernier bastion.

« Les formations irakiennes de l'EIIS s'affirment ouvertement comme les leaders naturels du groupe et les détenteurs des principes sur lesquels le groupe s'était construit », a-t-il poursuivi, tandis que le sort des combattants étrangers reste incertain.

Les combattants étrangers de l'EIIS participent aux combats dans la campagne de Deir Ezzor, dans l'est du pays, dernier bastion du groupe en Syrie. [Photo fournie par Jamil al-Abed]

Les combattants étrangers de l'EIIS participent aux combats dans la campagne de Deir Ezzor, dans l'est du pays, dernier bastion du groupe en Syrie. [Photo fournie par Jamil al-Abed]

Des éléments de l'EIIS lors des combats en cours dans la province syrienne de Deir Ezzor, limitrophe de l'Irak. [Photo fournie par Jamil al-Abed]

Des éléments de l'EIIS lors des combats en cours dans la province syrienne de Deir Ezzor, limitrophe de l'Irak. [Photo fournie par Jamil al-Abed]

« Des altercations publiques se sont produites entre les deux camps à Deir Ezzor avant la dernière attaque en date de la coalition internationale », a continué al-Abed.

La situation s'est détériorée jusqu'au point où chaque partie possède désormais son propre camp retranché, a-t-il ajouté.

Il semble maintenant que le siège auquel ils sont actuellement soumis a exacerbé cet antagonisme et qu'il « débouchera sur une confrontation imminente », a-t-il précisé.

Lutte de pouvoir interne

À mesure que le groupe perd les régions qui étaient auparavant sous son contrôle, « chaque camp tente de contrôler l'autre et de s'imposer comme le seul à décider », a expliqué al-Abed.

Les combattants ouzbeks avaient rejoint l'EIIS après son émergence en Syrie, a-t-il poursuivi, soulignant que le « Mouvement islamiste ouzbek » s'était ensuite engagé à combattre aux côtés du groupe en Syrie et ailleurs.

Les Ouzbeks occupent une place à part au sein de l'EIIS, dans la mesure où ils ont réussi à étendre le groupe au-delà des frontières de la Syrie, dans des régions de l'Afghanistan proches du Turkménistan et l'Ouzbékistan, a-t-il précisé.

Cela est important pour l'EIIS, qui « a besoin de s'implanter [dans ces régions] pour garantir sa survie et son expansion après avoir perdu le contrôle de la Syrie et de l'Irak », a-t-il ajouté.

Pour leur part, les éléments irakiens constituent l'ossature de l'EIIS, et représentent la vieille garde des combattants qui avaient implanté le groupe en Syrie et en Irak, a-t-il poursuivi.

Les éléments irakiens sont en mesure de communiquer avec les dernières formations de l'EIIS, a-t-il souligné, et « pour cette raison, ils ont récemment joué un rôle important, en particulier du fait que les dernières poches restantes du groupe en Syrie sont proches de l'Irak ».

Les racines de la situation actuelle

Les accusations de trahison et de dissensions internes avaient commencé à voir le jour dans les rangs de l'EIIS au moment de la bataille de Kobani en 2014, lorsque le groupe avait perdu plus d'un millier de ses combattants, selon le spécialiste militaire Wael Abdoul Mouttalib.

« Les combattants arabes et étrangers, d'un côté, et les combattants irakiens de l'autre, et les Syriens d'un troisième, s'étaient accusés l'un l'autre d'avoir abandonné le champ de bataille et de s'être enfuis », a-t-il relaté à Diyaruna.

Cela avait conduit à la perte de la ville et à la mort de nombreux combattants, a-t-il ajouté.

« Ces dernières années, un nombre important de conflits internes ont été enregistrés [au sein de l'EIIS], notamment celui survenu en 2015 entre des éléments tchétchènes et ouzbeks », a rappelé Abdoul Mouttalib.

Après des luttes internes entre les diverses factions du groupe, les éléments irakiens reprirent le contrôle après la bataille pour la ville syrienne d'al-Raqqa, a-t-il poursuivi.

« Les Irakiens réussirent à reprendre la main pendant et après la bataille d'al-Raqqa, et ont repris la tête de la première ligne de défense, après avoir été marginalisés par les autres membres arabes et étrangers », a-t-il ajouté.

La propagande concède des divisions

La récente propagande de l'EIIS a « largement mis l'accent sur le maintien d'un front uni et la fin des conflits », a expliqué Mazen Zaki, directeur du nouveau service des médias du Centre Ibn al-Waleed d'études et de recherches de terrain d'Égypte.

La plupart des messages pro-EIIS qui circulent sur les réseaux médias sociaux et qui sont publiés sur les plateformes en ligne ont pris une tonalité similaire, a-t-il ajouté pour Diyaruna, précisant que cela implique clairement que le groupe doit faire face à de fortes dissensions internes.

Ces récents messages se sont également concentrés sur les peines que l'EIIS a infligées à plusieurs de ses éléments qui tentaient de fuir les combats à Deir Ezzor, et à ceux qui s'opposaient à ses récentes fatwas et décisions, a-t-il encore précisé.

« La machine médiatique de l'EIIS a non seulement publié des communiqués officiels dénonçant ces luttes internes, mais également certains légitimant le leadership d'Abou Bakr al-Baghdadi », a poursuivi Zaki.

Cela semblerait indiquer qu'il existe plusieurs factions aux idéologies contraires au sein du groupe, a-t-il conclu.

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3 COMMENTAIRE (S)
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O, Dieu, laissez-les dépenser leur force entre eux, divisez-les, et faite que leur malice retourne contre les gorges de leurs maîtres.

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L'EIIS n'a pas de religion. Merci pour l'info précieuse.

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L'EIIS sera vaincu par les peshmergas du PDK, en particulier les peshmergas de Rozh.

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