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L'Irak aux prises avec les narcotrafiquants venus d'Iran

Faris Omran

Une photo publiée en ligne le 30 janvier 2018 montre des produits saisis par les forces irakiennes sur un ressortissant qui tentait de faire entrer de la drogue par le poste frontalier d'al-Sheeb. [Photo fournie par l'Autorité des postes frontières irakiens]

Une photo publiée en ligne le 30 janvier 2018 montre des produits saisis par les forces irakiennes sur un ressortissant qui tentait de faire entrer de la drogue par le poste frontalier d'al-Sheeb. [Photo fournie par l'Autorité des postes frontières irakiens]

Les gardes-frontières irakiens ont fait avorter de nombreuses tentatives de faire entrer en contrebande dans le pays des stupéfiants en provenance d'Iran, mais cela reste néanmoins une source de graves préoccupations, ont expliqué des sources de sécurité à Diyaruna.

Les contrebandiers iraniens ont fortement contribué à la propagation de substances illicites en Irak, un problème envahissant qui a atteint un « niveau dangereux », a expliqué à Diyaruna l'analyste stratégique et militaire Rabie al-Jawary.

Cette activité transfrontalière illicite a été facilitée par « des individus corrompus » et par les agents et intermédiaires de certaines milices irakiennes appuyées par l'Iran, a-t-il ajouté, précisant que l'Irak était devenu « un marché pour le trafic et la consommation [de drogues] ».

Les forces de sécurité mènent des missions importantes pour lutter contre ce narcotrafic transfrontalier, a poursuivi al-Jawary, ajoutant toutefois que le problème n'était pas résolu et que la drogue continuait d'entrer dans le pays.

Un médecin irakien mène une action de sensibilisation aux dangers de l'addiction dans le cadre d'une campagne éducative, sur cette photo d'archive datée d'août 2016. [Photo fournie par le ministère de la Santé de Bagdad]

Un médecin irakien mène une action de sensibilisation aux dangers de l'addiction dans le cadre d'une campagne éducative, sur cette photo d'archive datée d'août 2016. [Photo fournie par le ministère de la Santé de Bagdad]

Niveau critique du trafic de drogue

Le 17 novembre lors d'une conférence de presse, le chef de la police de Basra Rashid Fleih avait annoncé que « 80 % de la drogue qui entre dans la province de Basra proviennent d'Iran ».

La police irakienne a reçu l'autorisation du commandement des opérations conjointes et du ministère de l'Intérieur de mener des opérations de grande envergure pour sécuriser les 94 kilomètres de la bande frontalière qui sépare la province de Basra de l'Iran, a-t-il indiqué.

« Nous allons tout faire pour sécuriser cette frontière en coopérant avec le commandement des gardes-frontières et les forces maritimes stationnées à Basra », a-t-il ajouté.

« Les eaux du Shatt al-Arab feront l'objet d'une surveillance plus étroite pour mettre un terme à cet afflux de drogues en provenance d'Iran », a-t-il poursuivi.

« La consommation et le trafic de stupéfiants ont doublé ces dernières années et atteint un niveau critique », a précisé Fadel al-Gharawi, membre de la Haute commission indépendante irakienne pour les droits de l'homme.

« En 2014, quelque 400 personnes avaient été arrêtées pour consommation, possession et trafic de stupéfiants », a-t-il rappelé à Diyaruna.

Cette année, a-t-il poursuivi, le nombre de personnes arrêtées et reconnues coupables de telles accusations est passé à plus de 8000, dont beaucoup sont des adolescents.

Selon al-Gharawi, la commission « a interrogé 400 consommateurs de drogues et identifié plusieurs raisons pouvant expliquer cette propagation de la drogue liées à des aspects sécuritaires, sociaux, économiques et psychologiques ».

Elle a proposé des mesures permettant de lutter contre cette consommation et ce trafic généralisés de stupéfiants, notamment un contrôle renforcé des points de passage aux frontières et une série de programmes nationaux de sensibilisation aux dangers des drogues et aux moyens de s'en prémunir.

Il a également souhaité que soient construites des cliniques de réhabilitation pour traiter les addictions et les consommateurs et pour « les traiter comme des patients qui méritent notre soutien et notre attention, et non pour seulement les jeter en prison ».

Des dizaines de trafiquants arrêtés

Entre le début de l'année 2018 et le mois de novembre, les forces de sécurité « ont enregistré 187 délits liés au trafic de drogue », a expliqué le directeur de l'Autorité des postes frontières irakiens Kazem al-Iqabi à Alsumaria News le 16 décembre.

L'année dernière, les gardes frontaliers ont arrêté des dizaines de trafiquants aux postes frontières de Shalamjah, d'al-Sheeb et de Zurbatiya avec l'Iran, en possession de types et de quantités variables de stupéfiants.

Les narcotrafiquants iraniens ont fait de l'Irak « un couloir de trafic de ces poisons vers les pays de la région », a expliqué l'expert en stratégie Alaa al-Nashou.

Ces activités sont dirigées de manière systématique et « présentent un risque majeur pour la sécurité et l'avenir de notre pays », a-t-il ajouté pour Diyaruna, soulignant une augmentation de la consommation chez les adolescents et les jeunes.

« Nous devons aujourd'hui mettre en application une législation stricte qui pénalise la contrebande et le trafic de stupéfiants et impose les sanctions les plus sévères, et renforcer les mesures de surveillance à la frontière avec l'Iran », a conclu al-Nashou.

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