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Le monopole de Tahrir al-Sham sur les carburants entraîne une hausse des prix à Idlib

Waleed Abou al-Khair au Caire

À Idlib, un homme vend du fioul, principal moyen de chauffage dans la région. [Photo fournie par Haisam al-Idlibi]

À Idlib, un homme vend du fioul, principal moyen de chauffage dans la région. [Photo fournie par Haisam al-Idlibi]

À l'approche de l'hiver, les habitants de la province septentrionale d'Idlib et des régions voisines se retrouvent aux prises avec le prix élevé des carburants, ont indiqué des militants locaux.

Le prix du diesel et du fioul domestique a augmenté depuis que Tahrir al-Sham a pris le contrôle du marché par le biais de sa filiale, la Watad Petroleum Company, bien que la société nie publiquement avoir un quelconque lien avec l'alliance extrémiste.

Cette position dominante sur le marché a été obtenue en s'en prenant à la concurrence des grands distributeurs et des petits négociants, a expliqué le militant Haisam al-Idlibi à Diyaruna.

Les prix du fioul à Idlib et aux confins des provinces voisines de Hama et d'Alp « ont atteint des niveaux ridiculement élevés à l'approche de la saison d'hiver », a-t-il ajouté.

Le prix d'un litre de fioul est passé de 200 livres syriennes (0,3 USD) à 350 livres syriennes (0,67 USD) ces derniers jours, a-t-il indiqué, soulignant que Watad a établi un monopole sur le marché des carburants.

Ces nouveaux tarifs interviennent au lendemain de décrets qui interdisent le négoce de carburant et limitent cette pratique à Watad, a-t-il précisé.

Le nord de la Syrie consomme beaucoup de fioul « parce qu'il est le principal combustible utilisé pour se chauffer dans la région », a expliqué al-Idlibi.

« Le fioul n'est pas du tout disponible sur le marché [normal] car la compagnie contrôle les quantités mises à disposition », a-t-il poursuivi. Cela a conduit à « la réémergence du marché noir, où le prix du litre peut atteindre au moins 400 livres (0,77 USD) ».

L'hiver approche, et les prix devraient encore augmenter lorsqu'elle commencera et que « le fioul deviendra absolument indispensable », a-t-il ajouté.

Des augmentations de prix « systématiques »

« La hausse des prix ne se limite pas au fioul et touche également l'essence, incitant ceux qui travaillent dans le secteur des transports à augmenter leurs prix », a expliqué à Diyaruna Moussab Assaf, militant à Idlib.

« Les prix élevés du carburant ont eu une incidence sur tous les prix sans exception, car l'ensemble des négociants, y compris les négociants en fruits et légumes et en produits de base, ont augmenté les prix en utilisant le coût élevé du transport comme excuse », a-t-il indiqué.

Cela a conduit à une hausse des prix généralisée, dans une mesure telle que de nombreux habitants s'abstiennent désormais d'acheter certains produits, a expliqué Assaf.

« Tahrir al-Sham est directement responsable de cette hausse des prix, car il est le principal fournisseur de carburant sur le marché », a-t-il précisé.

L'alliance extrémiste administre la région, et est en mesure si elle le souhaite de « baisser de nouveau les prix et de les faire revenir à leur niveau normal, qui correspond aux moyens des habitants de la région », a-t-il expliqué.

Dans le même temps, une vague de prix élevés a atteint les marchés dans la ville d'Idlib et dans les régions environnantes par suite de la hausse des prix des carburants, a-t-il ajouté.

Un flux de recettes pour Tahrir al-Sham

« Les prix des légumes, par exemple, ont presque doublé, parce que les agriculteurs ont besoin du fioul pour faire fonctionner leurs pompes à eau pour l'irrigation », a indiqué à Diyaruna Mahmoud Haj Kamel, militant dans les médias à Idlib.

Cette augmentation des prix concerne également le prix du pain, a-t-il poursuivi, et des autres matériaux de chauffage, comme le bois, la sciure, les coques de pistache et le pétrole non raffiné, qui est mélangé à d'autres matériaux pour en faire un combustible.

« Tahrir al-Sham tente de cacher la vérité aux habitants, affirmant qu'il n'entretient aucun lien avec la compagnie Watad, alors qu'en réalité cette compagnie est le principal bras financier de Tahrir al-Sham », a précisé Kamel.

Par son intermédiaire, l'alliance « est en mesure d'extraire et de raffiner des produits pétroliers et d'en contrôler le processus de distribution », a-t-il ajouté.

« Le groupe a pris le contrôle du marché des carburants pour compenser la perte de sources de financement, l'arrêt des donations et une chute sévère des recettes provenant de la collecte des taxes », a poursuivi Kamel.

Les prix élevés des carburants ont également eu un impact négatif sur le travail de certaines organisations humanitaires opérant dans la région, a-t-il souligné, en particulier pour les propriétaires de tracteurs qui assurent le transport de l'eau et passent des contrats avec les vendeurs de carburant à des prix déterminés.

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