Les forces irakiennes actualisent leur stratégie pour l'adapter à la nature changeante de la menace que représente « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS), ont expliqué des responsables.
Alors qu'il perdait du terrain en Irak, l'EIIS a repris l'usage de la guérilla à laquelle il avait recours avant sa prise pouvoir, a expliqué à Diyaruna l'expert en stratégie Ahmed al-Sharifi.
Cette tactique consiste à lancer des attaques éclair avec un petit nombre de combattants comptant sur la vitesse et la surprise, après quoi les auteurs se retirent rapidement, a-t-il poursuivi pour Diyaruna.
Les cibles de ces attaques « sont habituellement des villages, des postes de sécurité ou des installations vitales et des routes de transport isolées, dont il est facile de s'échapper », a-t-il rapporté, soulignant que les auteurs s'enfuient ensuite vers le désert, les vallées ou les hauts plateaux.
L'EIIS concentre également ses attaques sur des villes ethniquement diverses, a-t-il poursuivi.
Mais « les forces de sécurité sont parfaitement adaptées aux changements de tactique du groupe », a-t-il ajouté, et elles ajustent leurs réactions en fonction.
Les forces irakiennes s'efforcent de redoubler leurs efforts de renseignement pour déjouer les attaques de l'EIIS, a-t-il expliqué, et ont dans ce but modernisé leur équipement de surveillance électronique, leurs systèmes de reconnaissance et leurs drones.
« L'EIIS est en état de décrépitude et est très affaibli par suite des opérations militaires menées contre lui », a-t-il poursuivi. « Mais cela ne veut pas dire pour autant que la menace a disparu. »
Les forces irakiennes restent vigilantes
« Les attentats à la bombe sur les marchés sont une vieille tactique », a indiqué Binyan al-Jarba, membre de la commission pour la sécurité du conseil provincial de Ninive, en référence à un attentat de l'EIIS à la voiture piégée le 23 octobre qui avait explosé dans un marché en plein air à al-Qayyarah, tuant six personnes.
« Nos forces connaissent toutes les tactiques utilisées par les terroristes, et si l'ennemi a réussi une fois à prendre la sécurité en défaut, il y a des dizaines de fois où il a échoué à atteindre ses buts, grâce à la vigilance de ces forces », a-t-il ajouté.
Les opérations préventives de sécurité ont permis le démantèlement de cellules dormantes de l'EIIS et la destruction des ressources du groupe et de ses repaires, a expliqué al-Jarba.
Les forces de sécurité ont récemment fait avorter une importante attaque de l'EIIS dans la province de Ninive, comprenant une voiture piégée chargée de 100 kilogrammes d'explosifs C-4, a-t-il ajouté.
Parallèlement, al-Jarba a souligné la nécessité d'augmenter les effectifs de forces de sécurité à Ninive, soulignant que la force actuelle ne représente qu'un tiers du total nécessaire.
« Le recrutement doit être rouvert, et ceux qui ont été renvoyés du service pour des raisons autres que sécuritaires doivent être réintégrés », a-t-il poursuivi.
L'EIIS « réduit ses effectifs » après les défaites
« Les forces de sécurité sont maintenant bien entraînées et bénéficient d'une bonne expérience » pour faire échouer les attaques de l'EIIS, a déclaré à Diyaruna le professeur de sciences politiques Khalid Abdoul-Ilah.
Elles disposent également de plans de sécurité flexibles, de technologies avancées et d'un haut niveau de capacités militaires qu'elles travaillent à développer en permanence pour être en mesure de répondre aux défis posés par la menace extrémiste, a-t-il ajouté.
La réutilisation par l'EIIS d'attaques de type guérilla et des loups solitaires est « avant tout un signe de faiblesse et une tentative de mener une attaque à n'importe quel prix », a continué Abdoul-Ilah.
De telles attaques peuvent être considérées comme une tentative désespérée d'améliorer le moral des derniers éléments du groupe, a-t-il ajouté.
Pour Abdoul-Ilah, l'effondrement du groupe apparaît également manifeste dans le processus de « tarsheeq » (réduction des effectifs) que l'EIIS a utilisé pour se restructurer au lendemain de ses défaites, supprimant plus de neuf divans (bureaux) pour n'en conserver que trois.