Les renseignements fournis par téléphone aux autorités chargées de la sécurité ont permis de sauver la vie de centaines de civils, ont expliqué des responsables irakiens à Diyaruna, soulignant que les informations de plus en plus fréquentes communiquées par le public ont conduit à des résultats tangibles.
Sur les quelque 200 appels téléphoniques reçus par les lignes directes de la sécurité dans l'Anbar depuis début septembre, 76 ont permis de démanteler des cellules terroristes, de procéder à des arrestations et de déjouer divers types d'attaques, ont affirmé des responsables du ministère de l'Intérieur.
Au total, a expliqué le ministère, six cellules terroristes ont pu être démantelées grâce à ces renseignements, dont la plus petite comptait cinq militants.
Quatre attentats suicides et 22 attaques à la voiture piégée et aux engins explosifs improvisés (EEI) ont également été empêchés, et les forces de sécurité ont pu saisir deux dépôts d'armes et un atelier de fabrication d'explosifs, a-t-il ajouté.
« Les habitants de toutes les villes et de tous les villages coopèrent plus avec nous », a déclaré le colonel Ahmed Khalil al-Dulaimi, chef de l'unité d'analyse des informations du commandement de la police de l'Anbar.
« Nous recevons maintenant en une seule journée le nombre de renseignements par téléphone que nous recevions auparavant en une semaine », a-t-il indiqué à Diyaruna, et les habitants locaux « signalent de leur plein gré tout ce qu'ils considèrent comme suspect ».
« Ces informations par téléphone ont permis de sauver la vie de centaines de personnes innocentes, qui auraient été tuées dans des attaques terroristes si elles ne nous avaient pas été signalées et n'avaient pas été déjouées par la police », a-t-il ajouté.
Ceux qui appellent sauvent des vies
« En premier lieu, nous protégeons l'identité de la personne qui nous appelle, une mesure sacro-sainte pour nous », a expliqué al-Dulaimi à propos de ce mécanisme de signalement.
« Nous disposons de spécialistes qui savent comment recevoir ces informations », a-t-il poursuivi, et qui interrogent l'appelant pour que tous les détails pertinents soient collectés concernant le lieu, la date et les personnes impliquées dans l'incident signalé.
Ces informations sont ensuite transférées à un comité de renseignements qui les classe comme critiques, extrêmement critiques ou non critiques, a-t-il encore ajouté.
« Ces informations sont traitées au cas par cas par les forces de sécurité ou par l'unité la plus proche de la zone identifiée dans le signalement », a précisé al-Dulaimi.
Dans les cas où il est avéré que les renseignements fournis ont permis d'éviter une attaque terroriste, les personnes qui ont appelé reçoivent une récompense, a-t-il expliqué, soulignant que même dans ce cas « nous gardons leur identité secrète ».
Attaques terroristes avortées
Les habitants de Mossoul coopèrent également avec la police et l'armée, « et leurs informations ont permis de faire échouer un nombre considérable d'attaques et permis l'arrestation de terroristes », a expliqué le chef de la police de Ninive, le général de brigade Hamad Namis al-Jubury.
« Ce sont au moins 80 terroristes et suspects qui ont été arrêtés à Mossoul, Hammam al-Alil, al-Baaj, Tal Afar et dans les plaines de Ninive sur la base de renseignements fournis par les habitants », a-t-il déclaré à Diyaruna.
« L'étau se resserre autour des derniers éléments de l'EIIS lorsque les habitants renforcent leur coopération avec nous », a-t-il ajouté.
Les Irakiens méprisent l'EIIS et tout ce qui leur rappelle le groupe, a expliqué à Diyaruna Salem Abdoullah Matar, un habitant de Ramadi.
« Je n'ai pas peur de les signaler, et je n'hésiterai pas à le faire », a-t-il déclaré. « J'ai en mémoire les visages de plusieurs de ceux qui nous ont fait souffrir, nous ont volé notre vie, ont détruit nos maisons et nous ont volé trois ans de notre existence. »
« L'un des terroristes les plus importants de l'EIIS, qui est actuellement notre prisonnier et sera traduit en justice dans quelques jours, a pu être arrêté sur la base de renseignements fournis par son cousin », a expliqué à Diyaruna le capitaine Faisal al-Obeidi, de la police de Salaheddine.
Les gens informent les autorités sur leurs proches égarés et extrémistes, non pour la récompense, mais pour débarrasser leur région, leur pays et le monde de l'idéologie destructrice qu'ils épousent, a-t-il fait savoir à Diyaruna.